En meeting, Yvon élève appliqué de la “méthode Berland”

Actualité
le 6 Mar 2020
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Yvon Berland, le candidat soutenue par LREM à Marseille, tenait son grand meeting au parc Chanot ce jeudi 5 mars. L'ancien président de l'université a célébré les novices politiques qui l'entourent, gage pour lui de renouvellement. Il a ensuite affirmé ses priorités que sont l'école, l'écologie, le rayonnement international et la sécurité. Mais le candidat est apparu peu à l'aise dans l'exercice.

Yvon Berland en meeting le 5 mars 2020. Photo : Emilio Guzman.
Yvon Berland en meeting le 5 mars 2020. Photo : Emilio Guzman.

Yvon Berland en meeting le 5 mars 2020. Photo : Emilio Guzman.

Il est des meetings électoraux qui transcendent les foules. Le second exercice d’Yvon Berland en la matière n’est pas de ceux-ci (lire notre compte-rendu de son lancement de campagne). L’ancien président de l’université est apparu devant près de 1000 personnes au parc Chanot, ce jeudi 5 mars. Le médecin, candidat soutenu par La République en marche, y a présenté sans éclat, sa “méthode Berland”, censée “soigner” Marseille s’il parvient à s’assoir dans le fauteuil de maire. Entre métaphore sportive et préceptes médicaux, Yvon Berland a décrit sa méthode, appliqué mais sans souffle.

La soirée débute peu avant 19h30 avec pas loin d’une heure de retard, alors que la salle termine à peine de se remplir. Hors scène, Pascal Chamassian lance un dynamique “et bonsoir !”. Puis la tête de liste des 11/12 déboule devant le public, micro sans-main accroché à l’oreille. Caroline Pozmentier, madame sécurité de Gaudin depuis 2008 qui a choisi d’être deuxième sur la liste de Berland dans les 6/8, le rejoint pour former le duo d’animation de la soirée. Ensemble, ils invitent les binômes de chaque secteur à prendre place en fond de scène. La plupart resteront là toute la séance pour faire figuration. Hormis quelques “Mathieu, Mathieu”, scandés pour Mathieu Grapeloup qui mène la liste des 4/5, les applaudissements sont mesurés. Le public semble s’échauffer.

“J’ai rencontré un homme d’écoute”

L’ovation monte à l’entrée du député et candidat dans les 15/16 Saïd Ahamada. Ses supporters son venus en nombre du nord de la ville. Quelques personnalité sont appelées sur le devant de la scène pour exprimer leur soutien. Parmi elles, trône Christophe Madrolle, chef de file du mouvement Les écologistes, rallié des dernières semaines, soutien mais pas candidat. “Je suis de ceux qui ont fait le plus de campagnes dans cette salle”, se présente-t-il, avant de marquer son allégeance à Berland : “J’ai rencontré un homme d’écoute. Celui qui a réussi à construire le fleuron qu’est notre université.”

Le politique se prend à rêver d’un “grand arc progressiste” pour lequel il soutient “aujourd’hui le président et son gouvernement”. Jusqu’au 20 février, il était encore un candidat autonome qui affirmait discuter avec plusieurs états-majors pour une éventuelle alliance. Puis, il revient sur l’évènement de campagne du jour de la candidate LR Martine Vassal, mettant à son agenda une communication contre la “bétonisation”. “Madame Vassal qui se reconnait comme écologiste…” Quelques huées fusent du public, “mort de rire” lance une femme à la cantonade. “Ras le bol de ce green-washing permanent. Non, Martine Vassal n’est pas écolo. Non, Yves Moraine ne sera jamais écolo !” Dans ce meeting de débutants, Madrolle a l’expérience pour lancer le show.

OM et IAM, comme Macron en 2017

Un autre soutien, de poids celui-là, est descendu de Paris “malgré le coronavirus” pour l’occasion. “Marseille se souviendra toujours du grand préfet de police qu’il y a été”, exhorte Pascal Chamassian. Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez vient au pupitre. “Marseille est une ville du vivre-ensemble où tout le monde peut trouver un avenir d’où qu’il vienne, quelque soit son quartier, son noyau villageois”, affirme-t-il. Sauf que, “depuis 30 ans, beaucoup de choses se délitent. Le centre-ville est abandonné, les quartiers et les noyaux villageois se dégradent. Yvon a un vrai projet pour recoudre la ville, retisser du lien”, prête-t-il à son poulain avant de conclure : “Yvon, pour employer une formule chère à beaucoup ici, il va droit au but”.

Nuñez inscrit la référence à l’OM dans une tradition de meeting d’En Marche pour flatter l’auditoire. Castaner, qui est devenu son patron, s’était risqué à un détournement de “qui ne saute pas…n’est pas Macron” au même endroit en 2017 en soutien au candidat à la présidentielle. Quand viendra son moment, Berland s’aventurera à citer IAM, “rire, sourire, certain l’ont perdu” (dans le titre Demain c’est loin), avec plus de succès que Macron qui avait fait un contresens sur une autre citation du groupe de rap.

Quand vient son tour, Saïd Ahamada a le sourire ému sous la standing ovation que lui réserve les sympathisants. Le député s’attaque aux adversaires de campagne à fleurets mouchetés. Martine Vassal : “une candidate que je ne citerai pas refuse les débats”. “Sur l’écologie, Christophe [Madrolle] a raison, on est les seuls”, dit l’ancien adhérent des Verts. “Certains pensent que cette campagne se gagne au nombre d’affiches, nous, nous pensons qu’elle se gagne sur le nombre de neurones. J’ai un rêve comme d’autres avant moi : voir Yvon Berland à la mairie de Marseille, ensuite voir chaque tête de liste devenir maire de secteur. Ce dont je rêve, c’est que les Marseillaises et les Marseillais soient respectés enfin dans cette ville au XXIe Siècle”, proclame-t-il, pour se convaincre de la victoire des siens.

Même s’il se donne de la peine, Yvon Berland ne semble pas très à l’aise pour son entrée en scène. Peu après 20 heures, il arrive du haut de l’hémicycle pour un bain de foule où il tend les mains un peu au hasard et embrasse les proches. En levant les poings pour appeler la victoire, il a plus l’attitude du prof contraint que du boxeur triomphant. L’accolade que lui donne Pascal Chamassian pour l’accompagner à son entrée en scène ressemble à un soutien physique.

Yvon Berland juste avant de descendre sur scène. Photo : Emilio Guzman

“Merci chers amis d’être là. Vous avez vu j’ai fait des bises malgré le coronavirus, donc ne craignez rien”, engage-t-il derrière son pupitre avant de livrer une tirade sur le renouvellement politique : “notre équipe c’est la société civile, des Marseillaises et des Marseillais qui n’ont jamais fait de politique avant. Ils sont 290 à n’avoir jamais été élus auparavant. Le renouveau et là et nulle part ailleurs. Il y en a 13 qui ont été déjà élus et on ne leur en veut pas”. Le trait d’humour déclenche quelques rires fugaces.

“Méthode Berland”

Ensuite vient la métaphore sportive sur la campagne. “C’est sportif mais pour l’heure nous n’avons pas pris de but et nous en avons beaucoup marqués”, affirme l’ancien gardien. Tout au long de son allocution, de 25 minutes, Berland s’accroche à son pupitre et à ses feuilles. Ses mots gagnent la salle d’une voix presque toujours monocorde. L’homme veut agir pour régler “l’urgence”, afin de “rétablir les fonctions vitales de notre ville pour que les gens puissent y vivre tout simplement normalement”, tout en voulant “faire rayonner Marseille”. “En Europe, nous jouons dans la cour des poids légers, des poids moyens parfois, des poids lourds rarement, hormis pour l’université”, continue-t-il de filer en guise de métaphore sportive, avant de tancer les sortants : “Même ceux qui ont fait parti du système, même ceux là pensent qu’il faut une alternative. Notre alternative est la seule crédible car basée sur le renouvellement des visages.”

Reprenant sa blouse de médecin, il met en parallèle sa vie et la ville pour dérouler sa “méthode Berland”. Considérant que “chacun doit être traité avec le même amour, le même soin”, Berland veut être le “maire de tous les Marseillais et pas seulement d’une partie d’entre eux. Depuis trop longtemps on gère cette ville comme s’il y avait plusieurs catégorie de Marseillais et ça s’est insupportable”. Comme priorités, il place l’école pour donner “la même chance à tous pour l’éducation” et la gouvernance pour “abolir l’opacité” et faire de Marseille “un modèle en matière de gestion publique. La concertation et le dialogue doivett devenir le creuset.”

Vient ensuite la sécurité, donnant suite à Laurent Nuñez qui lui donnait précédemment une qualité de personne “d’autorité”. Berland promet de “doubler les policiers municipaux” et la “tolérance zéro pour les incivilités”. Enfin, après avoir longuement affirmé que l’écologie était indispensable à l’échelon métropolitain, il reprend à son compte une proposition émise par Christophe Madrolle. “Nous créerons “la vague”, ce long chemin qui permettra aux piétons et aux cyclistes de se rendre de l’Estaque aux Goudes”. Sans préciser comment il traverse le grand port maritime.

La ville “est comme la planète, nous n’en avons pas de rechange. Marseille est irremplaçable. Cette élection doit étre le moment d’écrire une nouvelle page collective. Marseille doit enfin avoir rendez vous avec son destin”, dit-il dans le final, avant que La Marseillaise ne soit entonnée. Dans 10 jours, le 15 mars, les électeurs marseillais répondront s’ils souhaitent associer Berland à leur roman commun de l’après Gaudin.

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Commentaires

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  1. Hde mars Hde mars

    Pour information l etage n’etait pas ouvert donc c’est un maximum de 800 personnes .
    Aprés il se félicite d’avoir peu d’élu mais il y a quand même de vrai professionnel en politique on ne peut avoir été dans les cabintes de deferre et vigouroux , avoir fait campagne pour differentes elections et se dire non politique .

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    • Pascal L Pascal L

      La présence de certains élus me dérange aussi (surtout les ex LR, mais chacun ses idées) Toutefois s’il n’y avait que des néophytes, ils se feraient traiter d’amateurs. Dans une grande ville, je crois que c’est impossible de faire des listes apolitiques. Donc c’est toujours politique et il y a toujours des anciens, des pro et, aussi, des transfuges.

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  2. Zumbi Zumbi

    Deux remarques :
    1- invoquer la “nouveauté” en politique quand on choisit Pozmentier qui représente le bilan de Gaudin en matière d’inaction policiere municipale et de gaspillage liberticide en vidéosurveillance, il faut dire ou pleurer ?
    2- l’autre jour, une distributrice de tracts pour Agresti-Vassal avait pour seul argument que “M. Agresti n’avait jamais fait de politique” ; et affichait une surprise non feinte quand on lui faisait remarquer qu’il s’agissait d’envoyer Vassal à la mairie, bref de valider l’héritage d’une ville qui s’effondre sur ses plus pauvres.

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  3. Jacques89 Jacques89

    LREM s’accroche à Berland comme un poulpe à son agachon mais il m’a tout l’air de vouloir repousser les ventouses. Avoir le soutien de Munez dans ce type de grand messe ne semble pas être très “efficace”. Les “marcheurs” tireraient probablement plus de bénéfices de son élection que lui.
    Quant à l’argumentaire pour régler les problèmes de la ville, il faudrait au moins que les “outils” évoqués relèvent des compétences du Maire. Ce n’est pas en retappant les bâtiments que l’on fait l’universalité de l’école ou en mettant des PV que l’on règle les problèmes de sécurité. Berland se trompe de débat… ou alors il prend les gens pour des c…

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      C’est l’argumentation que Gaudin nous a servi pendant 25 ans : ce n’est pas ma faute, ce n’est pas la compétence, c’est les “autres” (Département, Région, Etat, Europe…) qui ne font pas leur part à eux et ne nous “aident” pas…
      C’est vrai que les compétences sont morcelées et qu’une partie de l’énergie des politiques est utilisée à courir après les moyens pour les assembler afin de réaliser des projets et de conduire des politiques relevant quasiment toujours de compétences et de budgets différents…
      Mais le Maire doit justement avoir l’énergie nécessaire et surtout des ambitions qui s’inscrivent des des projets et des politiques au long-cours.
      Toutes qualités qu’Yvon Berland a sans aucun doute, avec en sus les neurones et l’expérience nécessaires pour assurer cette mise en oeuvre.

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    • toto toto

      @FW: Les neurones: plus important que d’en avoir, c’est ce qu’on en fait. Marrant cette vision technocratique de la politique.
      Tous les candidats en marche aux municipales, comme leurs aînés députés recrutés dans les annuaires de marchands de tapis, pardon, d’anciens des écoles de commerce, sont peut-être bien dotés en neurones mais ne font qu’appliquer l’idéologie destructrice des marchands de tapis.
      Perso, je préfère moins de neurones et plus de solidarité, d’égalité, de fraternité. Plus de cotisation et moins de PPP, plus de retraite et moins de LPPR. Plus d’écoles et moins de flics municipaux…

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      Oui JuH, vous allez ainsi garder un authentique marchand de tapis (;-)), une ancienne fabricante de sous-vêtements (:-D)).
      Au demeurant je ne sais pas ce que vous faites dans la vie mais ce sont des professions honorables.
      En revanche leur incapacité politique s’est révélée pendant 25 ans et nous allons les garder à cause de l’incapacité à nous unir pour nous en débarrasser et, ça, c’est effectivement une question de neurones et d usages de ces neurones.

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  4. julijo julijo

    Oui, FW, berland est sans aucun doute bourré de qualités……
    en même temps (!) si un type avec cursus professionnel quasi parfait (ou pas !), des neurones et de l’expérience suffisait pour diriger une ville… ça se saurait, non ?
    tout ça pour dire que berland, c’est berland, mais l’équipe autour… un peu juste, jeune homme non ? et berland tout seul….. (même avec madrolle ? ) marseille, ce n’est pas l’amu….
    puissent les électeurs marseillais nous préserver de cette équipe hétéroclite en marche forcée…..

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  5. kukulkan kukulkan

    je me demande comment peut affirmer yvon que niveau université on fait partie des poids lourds en Europe, alors que les effectifs de l’université stagnent ou baissent quand les autres universités en France connaissent de fortes croissances… Des explications Yvon?

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    • Félix WEYGAND Félix WEYGAND

      Puisque je suis là c’est moi qui vait répondre : la qualité d’une université n’a que peu à voir avec le nombre d’étudiants (les meilleures universités du monde n’ont pas beaucoup d’étudiants). AMU en a effectivement beaucoup mais ce n’est pas ça qui fait l’excellence : c’est la qualité de la formation qui y est donnée, le niveau de la recherche et de sa valorisation. En revanche il est indéniable que nous avons du mal à recruter et à remplir certaines formations alors même que l’employabilité à l’issue est très bonne.
      Et là il y a un problème marseillais et c’est la faute de 25 ans de non politique de la jeunesse et de l’éducation sous Gaudin : les jeunes marseillais font peu d études supérieures et ceux qui en font vont volontiers les faire ailleurs, les jeunes de l extérieur ne viennent pas volontiers étudier à Marseille, non pas à cause de l’université mais parce que la ville n’est pas accueillante aux étudiants.

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  6. toine toine

    Je trouve la candidature de Berland plutôt séduisante!

    Enfin quelqu’un qui ne vient pas du sérail politico-clientéliste local et qui n’a plus rien à attendre de qui que ce soit.
    Enfin quelqu’un qui propose l’éducation comme pivot de sa politique pour redresser Marseille!

    Alors certes, on peut avoir des choses à dire sur la politique nationale de LREM mais n’oublions pas qu’il est ici question de suffrage local!

    Il est plus que temps de virer Vassal et les bébés Gaudin! Si en plus, on peut le faire avec des gens qui ont de la bonne volonté, donnons leur une chance!

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    • toto toto

      Lisez son programme sur l’éducation, il me paraît un peu léger…

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  7. vékiya vékiya

    il suffit de se revendiquer du soutien de lrem pour être disqualifié. regardons le massacre réalisé par macron et sa bande. très peu pour moi.

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    • Alceste. Alceste.

      Avez vous mieux que Berland en magasin ?

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    • vékiya vékiya

      oui rubirola

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  8. Pitxitxi Pitxitxi

    « Marseille se souviendra toujours du grand préfet de police qu’il y a été ». On parle bien de l’homme qui s’est caché pendant l’Euro, où la sécurité des Anglais venus en masse à Marseille a été mise à mal par moins d’une centaine de Russes ? Où le préfet de police de l’époque a minimisé les faits et a assuré que tout avait été sous contrôle ?

    Ce même Nuñez, dans la même lignée que Castaner, donnant quitus à Lallement ? Lui qui n’a rien fait pour retirer le LBD 40 et mettre fin aux violences policières ? Au contraire, celui qui les légitimise et les encourage ?

    C’est donc ça, avoir un “soutien de poids” dans une élection ?

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  9. elvin38 elvin38

    C’est étrange, vous décrivez un Berland mal à l’aise et emprunté, mais je pense que nous n’avons pas vu le même meeting, et pourtant vous relatez bien les interventions. Autant le discours de lancement était d-sérieux et appliqué, autant Yvon Berland semble avoir fait sa mue et fendu l’armure,

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  10. Alceste. Alceste.

    Patrick comme évoqué par ailleurs son programme n’est pas mauvais, mais elle est pour la libéralisation de la drogue, et cela n’a passe pas.

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