En 2024, Benoît Payan choisit le centre-ville de Marseille comme vitrine de sa politique

En 2024, Benoît Payan choisit le centre-ville de Marseille comme vitrine de sa politique

C’est une idée qui ne coûte pas cher mais qui marque. Le marché alimentaire du dimanche sur le Vieux-Port est une réussite que Benoît Payan porte en bandoulière : “Il réunit 10 000 personnes chaque dimanche.”  Fort de ce succès, dont il se félicite ce jeudi 11 janvier, durant ses vœux à la presse, Benoît Payan, le maire de Marseille, déroule dans la foulée un “grand plan” qu’il a décidé de lancer pour le centre-ville. Pour “le rendre plus harmonieux, plus agréable, plus beau, plus sûr”,  le maire va réunir “une équipe qui s’appuiera sur ce qui a pu se passer dans les grandes capitales du monde entier”.

Cela commencera par l’implantation sur la Canebière d’un poste de police municipale, à l’angle du cours Saint-Louis. La mairie de gauche réoriente ainsi la vocation de la Maison du Figaro, désaffectée depuis une petite dizaine d’années, qui a abrité pendant quarante ans l’espace culture. D’un point de vue organisationnel, ce nouveau poste vient “combler un manque”, admet l’adjoint à la sécurité Yannick Ohanessian. Et renforce les postes en fonction des boulevards Sakakini et Plombières, de même que celui promis pour le mois de février dans le 8e arrondissement avenue d’Haïfa. “Dès cet été”, à 200 mètres du commissariat de police nationale de Noailles, les habitants et les touristes pourront s’y adresser aux agents municipaux. L’enjeu est de taille dans un centre-ville de plus en plus tendu, marqué notamment par les tensions autour d’un marché informel de Noailles toujours plus étendu comme celles du square Labadié.

“L’impérieuse nécessité de protéger”

Mais sa localisation sonne aussi comme un message politique sur l’artère la plus connue de la ville. Le maire tient d’ailleurs à rappeler son engagement : “Je n’ai jamais reculé devant l’impérieuse nécessité de protéger les Marseillaises et les Marseillais. Vivre dans la sécurité est un droit simple et essentiel. Nous avons demandé et obtenu du ministre de l’Intérieur 300  policiers supplémentaires et chaque année, des dizaines de policiers municipaux rejoignent nos rangs.” Un thème sur lequel il est régulièrement attaqué sur sa droite et son extrême-droite. “Énième coup de com’ ou vraie mesure ?”, s’est interrogée en réponse à cette annonce le groupe LR présidé par Catherine Pila quand le Rassemblement national salue par la voix de son délégué départemental Franck Allisio “un symbole intéressant qui est aussi une preuve que nous pesons à Marseille.”

Hormis cette bataille présentée comme première dans le renouveau du centre, le rayon d’action du maire – qui pilotera lui-même le plan centre-ville épaulé par un chef de projet – reste limité. Il peut agir sur l’animation – avec des rendez-vous populaires réguliers comme “l’été marseillais” – et les implantations commerciales, fort de la politique de préemption des pas-de-portes initiée depuis quelques années. “Nous avons depuis quelques mois un pôle dédié au centre-ville au sein des services municipaux avec notamment une manageuse de centre-ville pour la partie commerces et un suivi régulier des différents dossiers, précise l’adjointe chargée du commerce Rebecca Bernardi. Il faut avoir en tête que certes, on retrouve des problématiques qu’on a dans tous les quartiers, mais qu’elles sont exacerbées par le fait que c’est le centre-ville, justement”.

“Je le ferai moi-même”

Mais l’espace public reste de compétence métropolitaine et les deux institutions pilotent ensemble un projet partenarial d’aménagement qui s’est notamment fixé pour objectif d’“améliorer l’attractivité” et de “redynamiser la fonction économique” du centre-ville. “Je prends mes responsabilités, insiste Benoît Payan. Sur l’espace public, je souhaite travailler avec la métropole. Sinon, je ferai comme je l’ai fait pour la végétalisation [avec des jardinières, ndlr] sur le Vieux-Port, je le ferai moi-même. Ce qui compte, c’est l’intérêt des Marseillaises et des Marseillais.”

Son initiative, qui sera précisée en février, s’inscrit dans une longue liste de tentatives de relancer cette vitrine défraîchie de la ville où la rue Saint-Ferréol comme le centre Bourse sont à la peine. La dernière en date émanait de la chambre de commerce et d’industrie qui a lancé “un comité de coordination” le 25 octobre avec les différentes collectivités locales et l’État. Sous la précédente mandature, un plan baptisé “Ambition centre-ville” avait quant à lui déjà été posé avec une cinquantaine de propositions. Président de la société d’aménagement Soléam et élu métropolitain, Yves Moraine (LR) regrette qu’ainsi “on multiplie les initiatives alors que l’on doit pouvoir s’entendre sous l’égide de la CCI et en présence de la région”. Comme régulièrement sur la scène politique locale, la volonté de travail en commun est donc affichée : la paix des braves se signera-t-elle sur le Vieux-Port ?