Embarqué avec les anti-métropoles : "On sait ce qu'on a, pas ce qu'on aura"

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le 21 Déc 2012
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Embarqué avec les anti-métropoles : "On sait ce qu'on a, pas ce qu'on aura"
Embarqué avec les anti-métropoles : "On sait ce qu'on a, pas ce qu'on aura"

Embarqué avec les anti-métropoles : "On sait ce qu'on a, pas ce qu'on aura"

Il est 7 h 30 et la Pyramide se découpe à peine dans la pénombre du point du jour. La communauté d'agglomération Ouest Provence a donné rendez-vous à ses agents non loin de l'édifice mitterradien bien connu des Istréens. Ils sont déjà nombreux à battre le pavé. La collectivité leur a proposé de poser une demi-journée de congé ou de récupération pour venir manifester. Deux cars attendent les retardataires avant de partir à Marseille pour la grande manifestation anti-métropole. Le président de l'intercommunalité, René Raimondi, n'est pas là. Il est parti avec un peu d'avance pour accueillir la ministre de la décentralisation, Marylise Lebranchu à son arrivée au parc Chanot.

A 8 h, les membres du cabinet invitent les manifestants à rejoindre les cars. "De A à L dans le premier, indique un membre du cabinet du président Raimondi. De M à V dans l'autre". "Et pour les Y ?" tente un agent. "Y a pas de Y", rétorque ce proche collaborateur de Raimondi. Dans les faits, tous les volontaires présents sont connus. "Il y a principalement des agents de la collectivité et quelques membres de la société civile", reconnaît-il. Une fois le car plein, une feuille d'émargement circule et le membre du cabinet prend bien soin de préciser qu'il y a parmi eux un intrus, journaliste à Marsactu. "Je vous rappelle que vous avez un devoir de réserve".

"On est là comme agent et citoyen"

L'avertissement ne bride pas la parole. Au fond du bus, elles sont trois à faire partie du même service "le pôle handicap" et elles ne gardent pas la langue bien au chaud dans la poche. "D'abord, je tiens à dire que contrairement à ce qu'on a lu dans la presse, le président ne nous offre pas cette journée, plaide la plus jeune des trois. On a reçu un mail de sa part nous proposant de nous joindre à la manifestation mais on a tous posé un jour pour venir". Sa voisine opine : "si on est là, c'est parce qu'on est doublement concerné à la fois comme agent et comme citoyen".

Leur première interrogation concerne l'avenir même de leur service. Il ne s'agit pas d'une compétence obligatoire des communautés d'agglomération mais d'une volonté politique "d'épauler l'éducation nationale dans l'insertion des enfants en situation de handicap. Si la métropole ne reprend pas cette compétence qui va le faire ? Et nous, on va devenir quoi ?", s'interroge une des trois copines. L'autre ajoute : "Et puis Marseille, ça nous fait peur. Ça va trop vite. Il roule comme des fadas… En bref, on sait ce qu'on a, on sait pas ce qu'on aura".

Un peu plus loin, ce sont des syndicalistes qui patientent en regardant le paysage qui, peu à peu, s'éclaire. Agents territoriaux détachés, l'une pour Force Ouvrière, l'autre pour la CFDT, elles manifestent avec une triple casquette sur la tête : syndicale, territoriale et d'administrée. "Ma première inquiétude est celle d'une simple usagère. Je me dis qu'avec la métropole, les taxes vont flamber. Ensuite, je suis pas rassurée non plus en tant qu'agent. Les services centraux vont sans doute être regroupés. Comment on va faire ? Il ne faut pas oublier que nous sommes titulaires de notre statut, pas de notre poste. On risque d'être mutés comme bon leur semble".

Les cas sociaux des quartiers Nord

Les agents interrogés sont tout aussi inquiets à propos du pôle métropolitain "dont on ne sait rien". Et, puis, en fond d'écran, domine le spectre inquiétant de Marseille. "A tous les coups, ils vont se contenter de nous envoyer les cas sociaux des quartiers Nord. Alors que, chez nous des pauvres, y en a déjà". Le car longe les rives de l'étang de Berre. Au-dessus, le ciel rougeoie. Et justement, une des agents prend l'étang à témoin : "Regardez ça. En 30 ans, ils n'ont pas été foutus de mettre en place un réseau de navettes sur cet étang pour être à Marseille en une demi-heure". On lui fait alors remarquer qu'il y a cinq intercommunalités qui y cohabitent et que cela sera peut-être plus facile avec une seule. 

 Un autre agent délégué du Syndicat autonome de la fonction publique territorial dit son inquiétude quant à la réorganisation des personnels. "Une partie des agents seront transférés à la métropole et les autres aux communes. Mais comment les maires vont pouvoir gérer cette augmentation soudaine des masses salariales ? Et puis, ceux dont les services n'existeront plus seront reversés aux centres de gestion. Au bout de trois propositions refusées, on les mute de force. C'est compliqué"

Et puis la collectivité Ouest Provence est un cas particulier. L'intercommunalité date des années 70 avec la création de la ville nouvelle. Du coup, le sport et la culture sont gérés par l'agglo. "Que vont devenir les équipes professionnelles de hand, de foot ou de volley, une fois la métropole créée ? Et la régie publique de ramassage des ordures, va-t-on la conserver ou est-ce que ça va être filé au privé ?" Ces questions restent en suspens. Le car entre lentement dans Marseille au rythme des importants bouchons sur le Jarret. Les passagers s'ébrouent. "Pour le retour, rendez-vous boulevard Michelet", annonce l'un des organisateurs. "C'est où ça, Michelet ? Mon dieu, c'est vraiment les pacoulins qui débarquent?"

Magnéto Esther :

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Commentaires

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  1. Puig Puig

    Et ça coûte combien, ce genre de promenade aux frais du contribuable ?

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  2. Léandre Léandre

    De la manipulation, beaucoup de manipulation de la part des élus/barons :
    “les taxes vont flamber” / “On risque d’être mutés comme bon leur semble” / “nous envoyer les cas sociaux des quartiers Nord” / “Que vont devenir les équipes professionnelles de hand, de foot ou de volley, une fois la métropole créée ?”
    Au fait, combien Raimondi touche comme maire et président d’agglo ? Si ses administrés le savaient, ils seraient peut-être plus prudents.
    Chiche Raimondi, rends public la somme de tes indemnités diverses + jetons de présence dans les SEM.
    Pauvre démocratie !

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  3. Anonyme Anonyme

    Ça vole haut !

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  4. fpecot fpecot

    Pour info : “Pacoulin” ça s’écrit avec un C, ça vient du provençal “pacoulo” qui veut dire “lieu isolé, trou perdu” 🙂

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  5. etranger etranger

    “Mon oeil” comme dit mon fils !!
    Officiellement vous avez posé une ARTT
    MAIS vous vous etes fait bien voir du patron qui fermera les yeux sur une journée d’absence dans quelques temps

    et …………. vous avez voyagé A MES FRAIS !!!!

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  6. Anonyme Anonyme

    Ces territoriaux, non content d’être tous issus d’un clientélisme forecené,ils ont le courage de revendiquer.
    Plus c’est gros

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  7. Ericmazargues Ericmazargues

    Dans les écoles, on appelle ça la ” journée du maire”…

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  8. Dr house Dr house

    Des petites villes qui veulent péter plus haut que leurs culs avec un tramway. Par exemple Auriol, Plan de cuque, Cabriès les Penne mirabeau n’est plus un charmant village et Roquevaire ne la jamais était…
    et si tu cherches du shit pas besoin de descendre sur Marseille tu as tous sur le pas de ta porte…
    quant au fait de vous appeler des paysans il y a bien longtemps qu’il n’y a na plus dans ces petites villes mais plutôt des ingénieurs qui travaille sur Marseille.

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  9. Anonyme Anonyme

    Pas plus que le voyage de lebranchu pour imposer la metropole issue de la loie votee sous sarko.et sur laquelle le peuple aurait bien aimé donner son avis .la provence qui jouie d’une tres bonne image a l’etranger le doit a ces espaces naturels et agricoles ce n’est surement pas l’apetit des batisseur de metropole qui fera vivre notre region . metropole =continuom batit et lgv . cette volonté de metropolisation ds l France est un cadeau manifeste aux gros du btp pour des profits tjrs plus grands au detriment de la culture, des peuples… mort au jacobins vives les regions fortes qui sauront preserver ce qui les fait vivre.

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