Élections professionnelles : FO en perte de vitesse à la Ville et plus encore à la métropole

Patrick Rué, avec d'autres cadres FO lors des vœux au maire de Marseille en 2020. (Photo : LC)

C’est un seuil symbolique sous lequel le syndicat n’était jamais passé. À compter du 1er janvier, Force ouvrière territoriaux ne détiendra plus la majorité des sièges dans la principale instance de dialogue social de la Ville de Marseille. Dans le tout nouveau comité social territorial (CST), qui fusionne les anciens comité technique et comité hygiène, sécurité et conditions de travail, les quelque 12 000 fonctionnaires municipaux seront représentés par 15 délégués dont seulement 7 de FO. Les concurrents se partagent les sièges restants avec 3 postes pour l’alliance Ensemble CFE-CGC/CFTC, autant pour la CGT, et un chacun pour la FSU et l’UNSA.

En termes de résultat brut, la baisse du syndicat dirigé par Patrick Rué est contenue. Là où il avait recueilli 43,6 % des voix lors du dernier scrutin en 2018, il obtient 41,7 % cette fois. De quoi lui laisser une avance de 23 points sur son dauphin, la CGT qui atteint 18,1 %, en progression. La base FO reste les employés et à un degré moindre les techniciens de la Ville quand les cadres ont majoritairement choisi l’alliance Ensemble.

Un agent sur deux s’est déplacé

Les élections professionnelles n’échappent pas à l’abstention. À la Ville comme à la métropole, les scores de participation restent sous les 50 %. Malgré le vote électronique étalé du 1er au 8 décembre, les municipaux n’ont été que 5886 sur 11 892 à participer. À la métropole où seul un vote physique était organisé ce 8 décembre, moins de 4000 agents sur 8050 inscrits ont glissé un pli dans l’urne.

Le syndicat du boulevard d’Athènes ne se consolera pas avec les résultats de la métropole où il a craint une partie de la soirée de jeudi 8 décembre de perdre sa première place. FO ne devance la FSU que de 27 voix, soit 0,7 % des suffrages exprimés. En 2018, le syndicat avait encore 12 points d’avance sur son principal concurrent. Sur les 15 sièges du CST, les deux syndicats en obtiennent chacun cinq.

À la métropole, des derniers mois mouvementés

Cette chute de FO intervient après plusieurs périodes de remous pour le syndicat. À la fin de l’année 2021, il avait semblé à contre-temps dans la mobilisation des éboueurs contre l’application des 35 heures. Le syndicat avait signé contre l’avis des autres organisations un accord avec la métropole quelques jours après le début du mouvement. Avant de finalement se lancer dans une grève jusqu’au-boutiste avant Noël.

Dans un territoire métropolitain où le syndicat est implanté diversement, il paie aussi les affaires qui le poursuivent. À de divers degrés, deux cadres ont été pris en défaut sur leur probité. Michel Karabadjakian, condamné dans l’affaire Guérini, fait l’objet d’une procédure de licenciement. De son côté, Alain Nobili a monnayé des promesses d’embauche contre rémunération, comme l’a révélé une enquête de Marsactu. 

À la Ville comme à la métropole, l’ensemble des autres syndicats avaient une fois de plus fait du combat contre Force ouvrière la ligne directrice de leur engagement. Accusé notamment de pratiquer une forme de clientélisme, FO a toujours fait valoir sa capacité à négocier avec les pouvoirs en place, malgré les changements. Une pratique de dialogue unilatéral, déjà en partie mise à mal, qui avec les résultats du jour perd encore en légitimité. Pour se croire encore tout-puissant, le syndicat doit désormais regarder vers l’AP-HM. Il y a récolté 55% des votes : un score qui, ailleurs, semble appartenir à un autre temps.

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