Flamme olympique, fourrière, foire de Marseille : les dossiers chauds du conseil municipal

Décryptage
par Coralie Bonnefoy & Rémi Baldy
le 16 Fév 2024
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Un peu plus de 100 rapports sont inscrits au menu de ce premier conseil municipal marseillais de l'année 2024. Dénominations des rues, relogement des habitants de Bassens ou devenir de la halte soins addictions devraient pimenter les débats.

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)
Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Le conseil municipal de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Cent-cinq dossiers et quelques points qui déclencheront sans doute des débats âpres dans l’hémicycle. Le premier conseil municipal de l’année, ce vendredi 16 février, ne s’annonce peut-être pas comme le plus riche de 2024, pour autant certaines délibérations inscrites au menu des élus marseillais méritent attention. Outre l’étude, en préambule à l’ordre du jour, du rapport particulièrement sévère de la chambre régionale des comptes sur la gestion chaotique du festival Jazz des Cinq continents révélé par Marsactu, plusieurs questions ne manqueront pas de voir la majorité du Printemps marseillais croiser le fer avec ses oppositions de droite et d’extrême-droite. L’installation d’une piscine estivale dans un des bassins autour du Mucem dont les coûts s’envolent ou encore la manifestation d’un collectif favorable à la création d’une halte soins addictions – alors que projet porté par le Printemps marseillais a subi un veto de l’État, devraient être du lot. Mais d’autres délibérations pourraient s’inviter dans les débats. Petite sélection par la rédaction de Marsactu.

Litim, Halimi, Akian, Rossi Fancello…

La délibération numéro 6 va acter des changements de dénominations de rues, impasses ou places marseillaises. Ainsi, comme l’école du même nom avant elle, la rue Bugeaud, dans le 3e arrondissement, va être rebaptisée du nom d’Ahmed-Litim. Le nom de Bugeaud, militaire connu pour ses méfaits dans la conquête de l’Algérie, va donc céder la place à celui d’un tirailleur mort, il y a 80 ans, lors de la libération de Marseille. D’autres noms vont fleurir sur les plaques bleues émaillées comme celui d’Akel Akian, metteur en scène de théâtre subtil et fécond, ou celui du militant associatif Maurice Sardou. On note par ailleurs, dans les choix des nouvelles dénominations, la volonté de voir se féminiser les artères locales. Ainsi l’esplanade du J4 va devenir “l’esplanade du J4 – Gisèle Halimi”, tandis qu’une rue honorera Francine Rossi Fancello, la première femme maître-nageur à Marseille, une autre la peintre et poétesse Yvonne Ripa de Rovedero ou encore la résistante Marcelle Bidault.

La “Foire”, une marque à 2 millions d’euros

Évaluée à dire d’experts”, la marque de la foire internationale de Marseille (FIM) vaut 1,7 million d’euros. Rien moins. C’est en tout cas ce que va payer la Ville – le montant exact avec les taxes est de 2,1 millions d’euros – à la Safim, le gestionnaire depuis 1985 du parc Chanot où se déroule la foire, pour acquérir cette marque en votant une délibération à ce sujet. En récupérant le nom FIM, la mairie peut donc l’inclure dans sa prochaine délégation de service public prévue sur trois ans.Historiquement indissociable du site, (le rachat) permettra de sécuriser davantage la procédure de mise en concurrence en plaçant cette marque emblématique qui participe fortement à son attractivité commerciale, sous maîtrise d’ouvrage publique et au service du projet”, justifie le rapport. Le précédent appel d’offres pour la gestion du parc Chanot sur la période 2024-2027 avait été annulé en septembre par le tribunal administratif de Marseille, car il n’incluait pas la reprise des salariés.

Des marchés publics plus favorables aux jeunes

Il est ainsi indispensable que les achats publics concourent de manière pérenne à une économie inclusive“, pose la délibération n°17. Ce rapport affirme le désir de la Ville de Marseille d’intégrer des critères de performance en matière d’insertion professionnelle des jeunes au sein lors de la passation de ses marchés publics. Portée par Josette Furace, conseillère municipale déléguée à lʼemploi des jeunes au sein de la majorité, l’initiative vise à valoriser les entreprises qui proposent une politique d’insertion sociale par le biais de l’alternance, d’une première expérience professionnelle ou de stages. L’idée est de favoriser l’emploi des jeunes, de tous les jeunes qu’ils soient sans diplôme ou diplômés, explique Josette Furace, adjointe et présidente de la mission locale. Les entreprises qui concourent à des marchés publics qui développent une véritable politique en matière d’insertion des jeunes se verront gratifier de points supplémentaires, lors de l’analyse des offres“.

Une chère flamme olympique

C’est la grande manifestation touristico-sportive de l’année, les Jeux olympiques et paralympiques démarrent dès le 8 mai avec l’arrivée depuis la Grèce, de la flamme à Marseille, où elle restera deux jours. Pas besoin d’aller bien loin pour trouver le storytelling autour de l’événement. Dans son rapport dédié, la mairie parle d’une “occasion historique et unique d’offrir à tout un territoire un héritage immatériel inoubliable“. La belle histoire a un coût : 1,7 million d’euros. Une somme à laquelle contribue la mairie à hauteur de 935 000 euros, le restant étant payé à parts égales par la région, le département et la métropole.

C’est un fameux trois-mâts, le Belem, qui amènera la flamme lors de cet événement organisé par le comité Paris 2024. “Le navire sera amarré à une piste d’athlétisme sur l’eau et le premier porteur de la flamme viendra allumer le chaudron sur le quai de la Fraternité“, indique le rapport. Le lendemain, “le convoi de la flamme parcourra plus de vingt kilomètres dans la ville“, allant de la marina olympique au parc de Font Obscure en passant par Notre-Dame-de-La-Garde ou encore le stade Vélodrome. Une journée supplémentaire facturée 180 000 euros, dont 99 000 euros pour la municipalité, ce qui porte son financement total à un peu plus d’un million d’euros pour les deux jours. Les autres collectivités prennent en charge le reste des frais de cette deuxième journée.

Les habitants de Bassens II relogés à Saint-Louis

Dès la concertation, l’avenir de Bassens II semblait déjà décidé. Située au nord du pont de l’avenue du marché national, cette partie de la cité éponyme du 15ᵉ arrondissement est détruite pour faire place à une voie de la future ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA). Les familles concernées vont donc être relogées “dans la ZAC Saint-Louis“, indique la mairie dans le rapport dédié à ce sujet. Le terrain “appartement à la métropole“, il est nécessaire de signer un protocole d’intention “afin de préparer la mise en œuvre une fois la déclaration d’utilité publique obtenue et les conventions de financement du projet permettant la couverture des dépenses signées par les partenaires“. Les partenaires étant l’État, la Ville, la métropole et SNCF Réseau qui porte le projet LNPCA. Ce protocole doit également déterminer l’indemnisation des bailleurs CDC Habitat Social et Marseille Habitat.

La fourrière revient dans le giron municipal

La vie de la fourrière marseillaise a des airs de soap opéra tant elle est ponctuée de rebondissements inattendus… pointés par l’opposition de droite. Gérée jusqu’en 2018 en régie municipale, sous la municipalité d’alors, les réguliers déficits de la fourrière – 1,5 million d’euros annuels – avaient poussé la majorité Gaudin à placer le service d’enlèvement et de gardiennage des véhicules entre les mains d’une société privée. Marché alors emporté par l’entreprise Enlèvement gardiennage service dont le contrat arrive à échéance le 12 mars prochain. Or, l’actuelle majorité n’a pas renouvelé cette délégation de service public (DSP), alors même que – comme le rappelle la délibération n°99 – elle avait émis le souhait de prolonger cette DSP lors du conseil municipal du 29 juin 2022.

Oubli ?  Choix délibéré ? Le 12 mars prochain, le service en question reviendra de fait dans le giron municipal. “Compte tenu des nouvelles ambitions de politique publique en matière de fourrière automobile, il a été décidé de reprendre, de manière optimale, la maîtrise de cette activité en termes de volume et de qualité du service rendu (délais d’intervention, suivi de l’activité et des restitutions…)“, détaille le rapport qui assure également que les 39 salariés du service sont repris par la Ville.

Deux élues demandent la “protection fonctionnelle”

L’un des derniers rapports de l’ordre du jour a trait à la protection fonctionnelle, soit la prise en charge par la municipalité des frais de justice d’un ou d’une élue ou fonctionnaire lors de procédures judiciaires, quand celles-ci ont trait à leur fonction. “La commune est tenue de protéger le maire ou les élus municipaux le suppléant ou ayant reçu délégation contre les violences, menaces ou outrages dont ils pourraient être victimes à l’occasion ou du fait de leurs fonctions et de réparer, le cas échéant, le préjudice qui en est résulté”, rappelle la délibération. Deux élues ont requis cette protection. Michèle Rubirola, première adjointe, en raison de l’utilisation de son identité sur un site parodique intitulé “Rubirola2026”. Et Samia Ghali, maire-adjointe, après avoir été qualifiée par l’élue du Rassemblement national, Eleonor Bez, de “représentante du Hamas” lors de la séance du conseil municipal du 23 octobre 2023.

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Coralie Bonnefoy
Rémi Baldy

Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Que des trucs qui commencent par F, comme Foutoir.

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  2. MarsKaa MarsKaa

    L’arrivée de la flamme O, ça va être la foire, on va tous finir à la fourrière ! Ou devenir fou dans le rtm…

    La flamme a deja pour conséquence la flambée des prix des tgv Marseille Paris, empêchant de nombreux étudiants de profiter de ce long week-end pour simplement “descendre” voir leur famille.

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  3. Alceste. Alceste.

    La bassin du MUCEM avec huile de bronzage intégrée dans l’eau,6.5 millions, le logo de la SAFIM 2 millions pour une marque qui n’a quand même pas un retentissement universel, faut quand même pas exagérer, 1 million d’euros pour la flamme olympique.
    Soit 9,5 millions le conseil municipal.
    Heureusement que ces réunions de zélus n’est pas hebdomadaire.
    Mais malheureusement, nous n’avons jamais d’annonces du type implantation d’une entreprise de taille conséquente, d’une grande école du type ENS, d’un grand laboratoire ( avec l’épisode Raoult, nous ne faisons pas très serieux).
    Sans parler des frais de Golgoths pour nos deux adjointes.
    Facile de claquer l’argent des contribuables.

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    • Alain PAUL Alain PAUL

      Je ne vois pas ce que “l’épisode Raoult” a de non sérieux
      L’IHU est un établissement qui fait la fierté de Marseille et de la France par la qualité de son expertise, la profondeur de ses recherches, le retentissement international de ses publications et de son recrutement d’étudiants

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  4. didier L didier L

    La Foire, les Jeux, les Bains de mer …. comme une impression de fuite en avant sur le thème ” des distractions pour amuser le bon peuple”.
    Plus concrétement : et …l’emprise ( visible) des dealers sur la ville; et … la question du logement; et … l’hébergement des sdf, toujours là, même en hiver, au centre ville et au-delà ; et … le ramassage des déchets et autres encombrants pas réglé; etc … Mais peut-être ces questions sont-elles secondaires. Place aux Jeux …

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  5. barbapapa barbapapa

    La torche olympique négociée par madame Ghali à presque 2 millions d’euros avec en prime l’omniprésence du soda cola des sportifs, ça c’est de la gabegie olympique – un peu de flouz dans les poches de Poutine pour le gaz brulé, et beaucoup pour Keneo, RNK et consorts, ceux-là même qui ont été perquisitionnés par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales – Les précédents boss de Keneo et RNK sont le directeur général de Paris2024 et directeur exécutif du COJOP ! Source le Monde 21et 22/06/2023 https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/06/21/jo-de-paris-2024-un-cabinet-de-conseil-en-sport-vise-par-une-perquisition_6178598_3242.html

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