Des promesses ministérielles pour sceller l’entente entre Ville et métropole sur le logement

Actualité
le 30 Nov 2022
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Le ministre du Logement, Olivier Klein, est venu conclure les états généraux du logement lancés par la municipalité. Il valide sur le principe l'encadrement des loyers et une opération d'intérêt national sur les copropriétés dégradés. Mais, au-delà des annonces, cette réunion publique devait relancer le travail collectif de la commune et de la métropole.

Olivier Klein lors d
Olivier Klein lors d'une visite de terrain ce mardi 29 novembre, entouré des élus de la Ville de Marseille et de la métropole. (Photo : Emilio Guzman)

Olivier Klein lors d'une visite de terrain ce mardi 29 novembre, entouré des élus de la Ville de Marseille et de la métropole. (Photo : Emilio Guzman)

L’effet de contraste est saisissant. De la boîte noire de la Cartonnerie où, durant deux jours, 600 personnes ont phosphoré sur la question du logement, jusqu’au parvis du collège Versailles, entre l’autoroute du soleil et les chicots branlants d’immeubles décatis. Dans la foulée des états généraux, une visite de terrain a été organisée dans ce bout du 3e arrondissement où la Société publique locale d’aménagement (Spla-In) doit désormais lancer des rénovations. Le maire de Marseille, Benoît Payan et le vice-président de la métropole délégué au logement, David Ytier, encadrent le ministre du Logement, Olivier Klein, qui touche du doigt la réalité du chantier.

L’image se veut un symbole du “nouvel élan collectif” que la municipalité souhaite imprimer sur cette “deuxième priorité” du Printemps marseillais, avec les écoles. La Ville et la métropole, côte à côte, et non pas engluées dans d’éternels “chicayas” que l’État serait appelé à arbitrer. Au contraire, les trois partenaires souhaitent faire cause commune et un document a fait la navette d’une institution à l’autre pour arrêter des décisions qui marqueraient ce changement d’ère. La liste de 24 mesures est pour l’instant sans chiffrage, ni calendrier, mais elle symbolise une nouvelle ère, opérationnelle, après l’élan donné au lendemain du drame de la rue d’Aubagne.

En haut de la pile, il y a la demande formulée auprès du ministre d’obtenir l’expérimentation de l’encadrement des loyers d’une part, et d’autre part, la mise en place d’une Opération de rénovation des copropriétés dégradées (Orcod-In) qui doit permettre d’assurer des financements massifs pour le redressement des 13 copropriétés les plus dégradées à Marseille. Le ministre du Logement, Olivier Klein, entrouvre la porte sur les deux dossiers. “L’Orcod-In peut être un outil utile à Marseille”, formule-t-il avant de suspendre le “peut être” à une étude de faisabilité permettant de délimiter “la gouvernance, le financement et le périmètre” de cet outil “d’ici mars”.

Comme Marsactu l’a écrit, la région n’est pas favorable à une augmentation de la taxe spéciale d’équipement qui permettrait de financer cette opération de rénovation, via l’établissement public foncier. La Ville plaide donc pour un établissement foncier à la taille de la commune qui viendrait porter cet outil, sans avoir convaincu la métropole.

Encadrer l’encadrement des loyers

Sur l’encadrement des loyers, le ministre joue toujours sur le fil du “oui mais”. Il dit clairement son accord à l’expérimentation marseillaise, mais souligne aussitôt la nécessité d’une “mission dédiée” au sein de ses services pour étudier la rapidité de mise en œuvre et la solidité juridique de la mesure. Dans les autres communes où la mesure est testée, les recours judiciaires ont été systématiques. Le risque de voir le dispositif disparaître avant d’exister est bien réel.

Pour le reste, le ministre se contente de petites annonces : 300 000 euros pour aider au signalement des situations d’insalubrité et 1,5 million pour financer un village d’insertion destiné à accueillir les occupants du squat de la rue Cazemajou sur le périmètre d’Euroméditerranée.

Un nouvel élan entre métropole et Ville

L’essentiel est ailleurs. Même si Martine Vassal n’était pas présente, le vice-président Ytier n’est pas arrivé les mains vides. Il promet l’élargissement du permis de louer aux îlots démonstrateurs de Versailles et de Clovis-Hugues, à la Villette et à la Belle-de-Mai. Les propriétaires devront obtenir l’aval de la métropole avant de proposer leur bien à la location au sein d’un périmètre qui devrait se coller sur celui des opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH) autour du quartier. Le dispositif devrait également être testé sur des grandes copropriétés du Nord de la Ville, là où la métropole peine à racheter les derniers lots avant de démolir ou rénover les tours. Il pourrait aussi concerner les locations touristiques qui échappent, pour l’heure, à tout contrôle.

L’autre mesure importante concerne la troisième modification du plan local d’urbanisme intercommunal. Le chantier est de taille, car il doit permettre de réaliser les 4500 logements annuels, dont la moitié “à coût accessible”, qui constituent la part marseillaise du plan local de l’habitat que la métropole est censée approuver depuis 2016. “Pour que le PLH ne soit pas qu’un affichage, une illusion d’optique, un mirage, annonce David Ytier. Deux évolutions sont à venir : réévaluer la perspective productive et descendre l’obligation de logements sociaux dès 30 logements sur toute la ville“. La demande est sur la table métropolitaine depuis l’arrivée du Printemps marseillais, la voilà actée.

Le ministre du Logement dans le quartier Versailles, avec le directeur de la SPLA-IN et le maire de Marseille. (Photo : Emilio Guzman)

Resserrer les liens avec la société civile

En dehors de cette volée d’annonces concrètes, les états généraux ont surtout été l’occasion de resserrer les liens entre politiques et acteurs de terrain, au cours d’ateliers où la presse n’était pas conviée. À l’issue de cette première édition, l’adjoint au logement, Patrick Amico, a promis la tenue d’une réunion annuelle sur le même thème. Il annonce également la mise en place d’un comité marseillais du logement, aux contours encore indéfinis.

La Ville cherche à concilier ses ambitions écologiques et l’urgence à construire de nouveaux logements.

Ces états généraux laissent sur la table quelques grandes questions qui divisent encore la majorité municipale. Il faut réussir à faire coïncider la ville durable souhaitée par certains, et “construire plus, plus vite et moins cher” pour desserrer l’étau du marché immobilier qui pousse trop de Marseillais dans des logements indignes, faute d’alternative. La directrice d’habitat alternatif social (HAS), Cécile Suffren rappelle que “50 enfants vivent dans la rue, à Marseille”, parce que les structures d’hébergement sont saturées depuis des années, sans même parler de ceux qui vivent en squat, dans des logements de fortune ou indécents. La Ville promet 1000 places nouvelles, mais, sur ce thème comme sur d’autres, Marseille rejoue la fable de l’océan et de la petite cuillère.

De la même manière, l’annonce “historique” des 600 millions promis par l’agence nationale de rénovation urbaine se heurte encore aux difficultés actuelles du relogement. Près de 40 000 ménages attendent un logement social, quand les projets de renouvellement urbain prévoient d’en démolir plusieurs milliers.

En ouverture de ces états généraux, Benoît Payan soulignait à quel point “le logement constitue l’expression d’une civilisation, parce qu’habiter c’est exister parmi les autres, vivre plutôt que survivre”. En écho, le préfet Christophe Mirmand pointait “les troubles à l’ordre” dans les grandes copropriétés et “la crise profonde de l’offre de logement”. “Marseille est devenue une ville chère, avec 28% de hausse du prix du neuf, elle est désormais en quatrième position des dix premières villes françaises“, souligne-t-il. Aujourd’hui, elle ne parvient plus à loger ses enfants.

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