Dernière séance avant l’élection : le débat métropolitain reste en plan

Actualité
le 20 Déc 2019
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La première mandature de la jeune institution s'est refermée sur le vote du budget 2020 et de plusieurs documents de planification. Face à Martine Vassal, candidate à sa succession, l'opposition reste éclatée entre partis très minoritaires et maires tournés vers leur propre territoire.

Photo Emilio Guzman.
Photo Emilio Guzman.

Photo Emilio Guzman.

L'enjeu

La dernière séance du conseil métropolitain avant les élections a donné lieu au vote d'un nombre record de rapports dont certains stratégiques pour le territoire. Sans vrai débat métropolitain.

Le contexte

Les conseillers métropolitains ont voté le dernier budget de l'institution avant que celle-ci renouvelle ses membres. Le gouvernement a également prévu de lancer la réforme des métropoles en 2020.

Une forêt de sigles pour refermer “l’acte 1 de notre métropole”. Martine Vassal présidait ce jeudi la dernière séance du conseil métropolitain, dotée d’un ordre du jour de 417 décisions, dont plusieurs documents majeurs : plan de déplacements urbains (PDU), plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi), programme alimentaire territorial (PAT) ou encore la grande opération d’urbanisme (GOU) dans le centre-ville de Marseille.

L’occasion pour l’élue LR, candidate à sa succession à la tête de l’institution, en même temps qu’à la mairie de Marseille, de vanter “une gouvernance cadencée par des décisions politiques marquantes” et “un rythme soutenu”. De cet acte ouvert en janvier 2016, elle ne retient cependant que la deuxième scène, ces “quinze derniers mois” qui l’auront vu prendre la suite de Jean-Claude Gaudin.

Grands absents

“S’il s’agissait de provoquer une indigestion, votre objectif est atteint”, grimace l’écologiste Nouriati Djambae, à l’heure d’attaquer le premier gros morceau, le budget 2020. Seule élue de son parti dans l’hémicycle, elle était aussi la seule dans l’opposition à dire “nous”, afin d’évoquer les positions politiques de son parti. À l’exception du communiste Marc Poggiale. Ce dernier était d’ailleurs en septembre 2018 l’unique autre candidat à la présidence. Cet exercice du vote du budget, qui correspond dans les conseils municipaux à un débat de politique générale, reste ici essentiellement technique. Patrick Mennucci, Samia Ghali, Bruno Gilles, Stéphane Ravier : les orateurs et candidats de l’arène marseillaise étaient soit absent, soit muets.

Quant aux maires, y compris de gauche, ils s’en tiennent pour l’essentiel à la posture de l’intérêt des communes, délaissant une campagne métropolitaine qui n’a pour l’heure pas de candidat, hors Martine Vassal, et peu de contenu. “C’est vrai qu’il est difficile de dégager des sommes pour le projet métropolitain”, image Yves Vidal, maire divers gauche de Grans. Ce dernier compare le budget métropolitain à “un gâteau” divisé en sept parts : six parts pour les anciennes intercommunalités et une septième plus globale, pour les projets qui couvrent l’ensemble du territoire.

Cette septième part qui peine à être garnie est en particulier celle des transports. “Nous avons ce matin deux textes majeurs qui se contredisent. Peut-on voter le budget et le plan de déplacements urbains sachant que l’un ne permettra pas la réalisation de l’autre ?”, pointe Jean-Pierre Serrus, maire de la Roque d’Antheron et ex vice-président délégué aux transports, éjecté à l’arrivée de Martine Vassal. L’élu, qui a rejoint LREM depuis, cultive sa posture de maire métropolitain et a voté contre le budget, acte fort qui sonne comme un premier pas dans la campagne.

Un schéma de transports sans surprises

Schéma du réseau projeté en 2030, avec notamment le métro jusqu’à La Pomme et le prolongement du tramway vers la Barasse et la Belle de mai.

Loin des versions maximalistes des promesses électorales, notamment celles de la majorité municipale où il était question de “métro vers l’hôpital Nord, vers St-Loup et jusqu’à Bonneveine et Vieille-Chapelle”, le PDU s’en tient aux projets déjà lancés ou contenus dans l’agenda de la mobilité métropolitaine de 2016. Il pourra encore être ajusté l’année prochaine après une enquête publique en mai 2020.

200 millions par an à trouver pour les transports

Son successeur Roland Blum (LR) le reconnaît : depuis 2018 et à nouveau en 2020, les investissements réels s’écartent de plus en plus des besoins votés dans les plans de la métropole. “Ajuster nos ambitions à nos possibilités budgétaires actuelles reviendrait à accepter un retard et à le pérenniser”, avance-t-il pour justifier cette contradiction. Le document voté ce jeudi ne l’élude pas :

Un montant d’investissements compris entre 300 et 350 millions d’euros par an se confirme comme indispensable à l’atteinte des objectifs de report modal, de réduction des pollutions et des émissions de gaz à effet de serre. Avec ses ressources actuelles et le niveau d’endettement qu’il porte, le budget annexe des transports de la Métropole est capable de porter un montant annuel d’investissements compris entre 100 et 150 millions d’euros, subventions incluses. Il faut donc mobiliser des ressources supplémentaires à hauteur d’environ 200 millions d’euros par an en moyenne.

“Personne n’a respecté la continuité républicaine”, peste Jean-Claude Gaudin, qui s’exprime rarement dans l’hémicycle mais n’a pas manqué ce rendez-vous récurrent d’appel à l’aide massive de l’État. “On s’est un peu moqués de nous, de même que l’actuel président qui nous a dit “faites la fusion” [entre le département et la métropole, ndlr]. Nous y avons cru, nous y avons travaillé, et maintenant on nous dit que c’est renvoyé.”

Un récit qui fait peu de cas des conditions posées – certes en toute opacité – par l’État. “Les inspecteurs des finances nous ont dit “réduisez les reversements aux communes [700 millions d’euros par an, ndlr], si vous le faites on vous aidera”. Nous ne l’avons pas fait, parce qu’on a eu tellement de mal à constituer cette métropole, qu’on ne peut pas dire cela aux maires”, balaie Jean-Claude Gaudin. Il confirme ainsi son revirement par rapport à ses déclarations d’octobre 2017, où il semblait prêt à remettre en cause ce tabou. Et remet le doigt sur le débat structurant de cette institution.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Conclusion : entre les enjeux de mobilités, qui concernent absolument tous les habitants de la métropole et ne sont pas sans impact sur le niveau de chômage, et les égoïsmes communaux, les maires ont choisi le chômage et leur égoïsme. Il était difficile d’attendre mieux d’une assemblée de maires non élue directement, et dont les priorités ne font l’objet d’aucun débat démocratique mais résultent de combinazioni politiciennes.

    Mais on va quand même quémander de l’argent auprès de l’Etat, tout en refusant de remettre en cause une répartition budgétaire qui fait de la métropole une coquille vide. Bravo à tou·te·s, rien n’a changé depuis l’époque des micro-intercommunalités bâties sur des critères exclusivement politiques, et qui prenaient soin de se tourner le dos, y compris dans l’architecture de leur réseau de transport.

    On peut penser ce qu’on veut de l’étiquette de Jean-Pierre Serrus, il est l’un des rares à relever le niveau. Et à être cohérent : voter des plans non financés, c’est en effet se foutre du monde.

    (Note pour Marsactu : je ne sais pas s’il doit y avoir un contenu derrière l’encadré intitulé “Un schéma de transports sans surprises”, mais il n’y a pas de lien permettant de l’ouvrir.)

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  2. Pascal L Pascal L

    Le schéma de transport “sans surprise”, quand on enlève les gras (à l’étude) et les pointillés (en réflexion) il ne reste pas grand chose ! D’autant que le bus à haut niveau de service qui part de Gèze vers le nord est une vaste blague : régulièrement coincé sur son trajet par des voitures arrêtées en double file et autres bouchons, il ne fait pas beaucoup mieux que l’ancien bus, surtout au début, dans la rue de Lyon. Donc, en 5 ans, seul le petit bout de métro Bougainville – Gèze a été ajouté et on nous promet ce merveilleux plan pour quand déjà ??? L’immense surprise, ce serait qu’il soit réalisé au moins pour moitié en 6 ans. Mais on y croit pas.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Tous les bus “à haut niveau de service” de Marseille sont une vaste blague, pour des raisons différentes : le B1 parce qu’il n’est, au fond, rien d’autre que l’ancien 21, sans priorité aux feux qui lui permettrait d’offrir la vitesse attendue d’un vrai BHNS ; le B2 pour les raisons que vous indiquez ; le B3 parce qu’il est divisé en deux petits tronçons, qui devaient être reliés… en 2015.

      Au sujet du B1, cet article de Marsactu montre à quel point la politique de transports promue par nos élus n’est qu’une politique de communication sans contenu concret : https://marsactu.fr/entre-castellane-et-luminy-la-metropole-lance-son-bus-b1-en-oubliant-la-moitie-des-travaux/

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  3. Alceste. Alceste.

    Une question, quelle est l’indemnité pour les participants à ce thé dansant ?

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  4. Brigitte13 Brigitte13

    Merci Julien Vincent pour cet article. Vous nous informerez de la disponibilité des documents du PLUI pour le public ?

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