Départementales : au Front de gauche, la clarification avant les alliances ?

Départementales : au Front de gauche, la clarification avant les alliances ?

Seuls quelques noms de candidats aux départementales seront validés ce vendredi par le PCF 13. Si cela tarde un peu, c'est que le parti communiste n'entend pas partir seul pour le scrutin de mars. Naturellement, il s'est tourné vers ses alliés du Front de gauche, Ensemble et le parti de gauche. Au final, ils ont pris une position commune à l'issue de la coordination départementale du Front de gauche le 27 novembre. "Nous nous opposerons aux politiques d’austérité et de démantèlement des services publics, celles avancées par la droite et celle menée par le gouvernement soutenu par le PS. […] Nous souhaitons bâtir, avec tous ceux qui se retrouvent sur ces bases, un avenir pour notre département qui prendra en compte les besoins et les attentes des habitants", ont-ils affirmé.

Cette démarche espère ainsi incarner "une réelle alternative de gauche écologiste". Cette position fait écho à des démarches nationales communes entre les partis à la gauche du PS. Elle s'incarne également également dans le meeting récent qui a rassemblé à Marseille les n°1 nationaux respectifs d'EELV et du PCF Emmanuelle Cosse et Pierre Laurent ainsi que la frondeuse socialiste Marie-Noëlle Lienemann.  "Les écologistes font partie des forces avec lesquelles on peut travailler mais il n'y a pas d'exclusive. On s'adresse à tous les gens qui veulent lutter contre les politiques d'austérité", explique le secrétaire départemental du parti communiste Pierre Dharréville.

"S'il y a une possibilité d'accord avec Europe écologie, on y est favorable, estime pour Ensemble le conseiller des 13 et 14e arrondissements de Marseillle Samy Joshua. Mais dans notre esprit, il faut aussi discuter très sérieusement avec le Nouveau parti anticapitaliste et Nouvelle donne." À ses possibles alliés, la leader du parti de gauche à Marseille, Marie Batoux, ajoute "des socialistes qui voudraient se démarquer" même si les frondeurs du département peinent à se faire connaître.

"Clientélisme et affairisme"

Pour l'heure, les différentes composantes du Front de gauche en sont toujours à cette déclaration d'intention commune. Pour aller plus loin, les alliés potentiels du parti communiste lui réclament une clarification. En vue du scrutin de mars, le parti compte en effet six sortants qui ont toujours soutenu la politique menée par le conseil général et son président Jean-Noël Guérini : la Martégale Isabelle Ehlé, l'élue de Port-de-Bouc Evelyne Santoru, l'ancien maire de Port-Saint-Louis-du-Rhône Jean-Marc Charrier, l'édile d'Arles Hervé Schiavetti, le Gardannais Claude Jorda et l'Aubagnais Daniel Fontaine.

"Quand on pose des questions, on nous répond que les communistes ont une histoire et nous non", raconte Marie Batoux, membre du bureau national du parti de gauche. La principale interrogation porte sur la position à adopter vis-à-vis de Jean-Noël Guérini, toujours mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission des délits de trafic d'influence, de corruption et de détournements de fonds publics". Le 27 novembre, une phrase a retenu l'attention dans le communiqué du Front de gauche : "Nous nous opposerons au clientélisme et à l’affairisme qui salissent l'action publique." LE PCF valide-t-il cette position ?

"Il y a une crise de la démocratie. Des condamnations, il y en a eu un certain nombre notamment dans notre département", globalise Pierre Dharréville quand on lui demande qui est visé par une telle phrase. Au parti, on précise que l'''on ne veut pas personnaliser. Aucun parti à lui tout seul ne peut correspondre à l'affairisme et au clientélisme". "Il y a effectivement une prise de distance vis-à-vis d'un système même si pour nous et le parti de gauche, c'est plus clair, commente Samy Joshua pour Ensemble. Guérini est un adversaire pour nous et les communistes nous ont dit et redit qu'il n'était pas question d'un accord avec Force du 13." Il est rejoint sur ce point par Marie Batoux : "Ils ne peuvent plus argumenter sur la légitimité de Guérini car aujourd'hui il ne se déclare plus de gauche mais du peuple incarnant ainsi le pire des populismes", souffle-t-elle.

Vers un accord à géométrie variable ?

Cette prise de distance du PCF se confirme quand nous interrogeons le sortant Claude Jorda qui se représente dans un canton qui court de Gardanne aux Pennes-Mirabeau sur un symbole de la politique menée par Jean-Noël Guérini, l'aide aux communes : "Il faudrait que ce soit une décision collective, que ce soit beaucoup plus transparent quant aux critères qui président à sa distribution." La position tranche avec celle exposée par Jean-Marc Charrier en septembre sur Marsactu. Il estimait que cette aide servait à "soulager les finances locales des collectivités et sur ce point de vue-là, cela ne pose aucun problème".

Au final, les composantes du Front de gauche pourraient s'entendre sur un accord à géométrie variable avec un cadre départemental. Les alliances y compris par endroit avec le PS (comme dans le canton de Jorda) se décideront entre les organisations à l'échelle de chaque canton. Tous les acteurs espèrent que seuls "deux ou trois" d'entre eux poseront problème. "Si un candidat n'est pas clair avec Guérini, ce ne sera pas le Front de gauche car le parti de gauche ne les soutiendra pas", assure Marie Batoux. Mais la militante du parti de gauche préfère retenir une note positive : "Ce qui nous rassemble est bien plus important que ce qui nous divise : la volonté d'une alternative concrète et crédible à gauche qui permette de lutter contre la conviction qu'ont les gens que les élus ne peuvent plus rien pour eux. Avec une ligne claire et un large rassemblement, ça peut marcher."