Dans le sillage de Manuel Bompard, la vague Nupes à Marseille

Reportage
le 13 Juin 2022
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Largement en tête avec 56% des voix, Manuel Bompard, mué en héritier de Jean-Luc Mélenchon savoure : la Nupes qualifie 5 de ses 7 candidats à Marseille. Récit d’une soirée euphorique pour le rassemblement de la gauche et des écologistes.

Manuel Bompard au siège des Insoumis marseillais au soir du premier tour des législatives 2022. (Photo : Emilio Guzman)
Manuel Bompard au siège des Insoumis marseillais au soir du premier tour des législatives 2022. (Photo : Emilio Guzman)

Manuel Bompard au siège des Insoumis marseillais au soir du premier tour des législatives 2022. (Photo : Emilio Guzman)

“Ce soir, nous sommes la première force politique du pays !”, lance Manuel Bompard, tout sourire, devant une nuée de caméras. “Et 1 et 2 et 3e tour”, crient les dizaines de militants réunis dans la petite salle surchauffée du premier étage d’un immeuble du 2e arrondissement, que la Nupes, la Nouvelle union populaire écologique et sociale, s’est choisie pour QG de campagne.

Manuel Bompard peut savourer. Le pays tout entier scrutait son score, lui, l’héritier de Jean-Luc Mélenchon, parachuté dans “la circonscription la plus favorable de France”. Il arrive très largement en tête avec 56,03 % des voix. Seule l’abstention l’empêche d’être élu au 1er tour : hormis les 50 % requis, il devait également réunir 25 % des électeurs inscrits. Il lui manque pour cela un peu plus de 2000 voix. Peu importe. “C’est une lourde défaite pour Emmanuel Macron. C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’un président élu ne passe pas la barre des 30%”, dézoome-t-il.

Contrairement à la percée de Jean-Luc Mélenchon il y a cinq ans, cette année, ce résultat n’est pas une exception. Les scores de la Nupes sur toute la ville ont de quoi réjouir le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. À Marseille, le rassemblement de la gauche et des écologistes qualifie cinq de ses sept candidats et apparaît en mesure de l’emporter dans quatre d’entre elles.

Un rassemblement payant

Dans le Nord de la ville, dans la 3e circonscription, Mohamed Bensaada rassemble 27 % des voix. Dans la 5e circonscription, Hendrik Davi arrive en tête avec 40 % des voix et double son score de 2017. Dans la 7e circonscription, Sébastien Delogu réunit 37 % des voix. Dans la 2e, Alexandre Rupnik arrive en 2e position (25 %) derrière Claire Pitollat (LREM-Ensemble) et aura fort à faire pour l’emporter au second tour. Seules la 1re et la 6e circonscriptions ne verront pas de candidat Nupes qualifiés.

Dans le département, des qualifications à Aubagne, Gardanne, Martigues et Arles
L’union des partis de gauche peut aussi nourrir des espoirs dans quatre circonscriptions hors de Marseille. Dans les trois circonscriptions rassemblant les anciennes villes communistes d’Arles (16e), de Gardanne (10e), d’Aubagne et La Ciotat (9e), ses candidats sont en bonne position. Le sortant PCF de Martigues Pierre Dharréville est lui aussi bien placé pour l’emporter.

“On a tellement l’habitude de perdre depuis Hollande, on a bien le droit d’être euphoriques !”, s’amuse Hendrik Davi, en tête dans la 5e circonscription. “C’est la preuve que le rassemblement de la gauche a créé une dynamique. Les gens ont voté pour un programme commun, assure Mohamed Bensaada. On est même en tête à La Batarelle.”

Mohamed Bensaada est arrivé en tête dans la 3e circonscription. (Photo : Emilio Guzman).

Tout au long de la soirée, les militants se sont rassemblés autour d’un buffet pour découvrir les résultats. Sourires pincés, bouteilles d’eau gazeuse sur les tables : l’annonce des résultats à 20 heures avait des allures studieuses. Pas d’explosion de joie. Quelques applaudissements et quelques cris, tout au plus. Les estimations de sièges remportés diffusées par les chaînes de télé donnant moins de 200 députés à la Nupes quand il en faudrait 289 pour obtenir la majorité absolue ont quelque peu douché l’ambiance. “Ces estimations ne veulent rien dire, on est en tête et on peut toujours obtenir la majorité”, s’agace Hamid, militant et chef d’équipe pour une société de nettoyage, en grève depuis 3 mois au sein de l’Agence régionale de santé. “Il y a cinq ans, les estimations au soir du premier tour donnaient plus de 400 députés à La République en marche, j’ai appris à m’en méfier”, veut croire Manuel Bompard.

“C’est une grande victoire dans un océan d’abstention”

Attablé au buffet, Saïkou, assesseur durant la journée dans un bureau de vote du 2e arrondissement préfère lui aussi retenir les résultats historiques de son camp. “Je suis super content, on a su créer une dynamique pour montrer qu’un autre monde est possible, qu’une autre façon de gouverner est possible”, détaille-t-il. Les mauvais résultats de La République en marche détaillés au compte-goutte par TF1 et France 2 ont redonné le sourire aux militants. L’annonce de la disqualification d’Éric Zemmour a été chaleureusement accueillie.

Reste le faible taux de participation. À Marseille, 59 % des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Un record absolu. “Les gens n’ont pas été assez informés de l’importance de ces élections législatives”, pense Saïkou. “C’est une grande victoire dans un océan d’abstention, c’est sûr”, concède Hendrik Davi. Et de détailler : “C’est à nous de mobiliser les électeurs qui ne se sont pas déplacés. À nous de leur dire que le RN est un parti raciste et que nous portons le seul projet constructif pour ce pays.”

Après l’appel de Manuel Bompard à la mobilisation “des jeunes et des quartiers populaires pour faire élire Jean-Luc Mélenchon Premier ministre”, les militants ont fini par sabrer le champagne, resté au frais toute la soirée. Kalila Sevin, suppléante de Manuel Bompard s’amuse : “On a attendu cinq ans, on pouvait bien attendre quelques minutes de plus.”

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Je ne comprends la courte vue de tous ces gens, élus et militants. On s’en fiche des résultats d’hier soir, en dehors de l’élimination de Blanquer ou Zemmour, on n’a rien gagné du tout.
    Dans 6 jours les mêmes vont grimacer, car la situation n’est pas favorable. Quand le bloc de gauche fait 30%, ce n’est pas une victoire.
    Ces gens pilotent à vue. S’ils font pareil pour les dossiers une fois élus…

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  2. Eloguide Eloguide

    Dans la 2ème circonscription, si l’on additionne les candidats non raliés à la Nupes (écologistes-Surry 2,34% Assouly 1,77 Espaze 0,54) Rupnik grimpe à 29,72 contre 29,85 pour Pitollat. On voit que si elle unit la gauche peut être un vrai contre pouvoir. Certes, la réserve de voix est faible, mais je ne vois pas les électeurs de RN ni de Reconquête voter pour LREM. Tout est possible.

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    • Assedix Assedix

      Désolé Eloguide, mais vous oubliez les électeurs de S. Bernasconi (13% au premier tour). Dans ce secteur, c’est malheureusement plié.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      Malheureusement Assedix a raison : les obligés de Bernasconi (allez voir les commentaires sous le post FB de la dame : la petite reine du Vallon des Auffes et ses courtisans) voteront selon les ordres de la Patronne : tout pour Pittolat, rien pour Rupnik. Après tout la patronne de la patronne a bien retourné sa veste pour Macron.
      Ceci dit, en 2017 les 4 candidates des partis de gauche (Ariane Gil / LFI, Audrey Garino / PCF, Christine Juste / EELV et Annie Levy-Mozziconacci / PS) ont totalisé 8110 voix. Rupnik, EELV représentant NUPES, capte 10101 voix, de plus avec une abstention plus forte. A défaut d’une victoire, avec un 7e et un 8e sud de plus en plus à gauche (l’espace Pointe-Rouge / La Cadenelle est une cause perdue), c’est une belle progression.

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  3. Opiniatre Opiniatre

    L’union, c’est super, surtout quand on est tête de liste. Pour mémoire, LFI en très grande partie, Mohamed Bensaada et Hendrik Davi avaient refusé d’être dans le Printemps Marseillais. Content qu’ils aient découvert comment éviter le sectarime. Et qu’ils s’en souviendront plus tard.

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  4. julijo julijo

    @eloguide, tout est possible, mais je ne me lancerai pas dans un calcul quelconque les élections sont rarement de l’arithmétique , mais c’est possible.
    la preuve, possiblement les gens ont voté pour pitolat, harceleuse patentée, complètement à l’ouest et en fraude sur sa propre gestion…fallait le faire. comme pour abad et quelques autres. amnésie ou indifférence ? chapeau.

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  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    La sociologie de la 2e circo a certainement changé ces dernières années, ce qui a d’ailleurs entraîné, à la grande surprise du gang gaudiniste, la perte de la mairie du 6-8 par la droite. Mais il ne faut pas se faire d’illusion quand même : Rupnik n’a aucune réserve de voix, et je ne suis pas sûr qu’on puisse classer à gauche les micro-candidatures “écolo” qui ont pullulé à ses côtés.

    Il faudrait vraiment qu’un gros paquet d’abstentionnistes de gauche se réveillent dimanche prochain pour que la défaite de Pitollat devienne une hypothèse crédible.

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  6. Gentiane Gentiane

    Avec un tel taux d’abstention, il n’y a pas de quoi pavoiser. Bompard a fait 56% des 41% qui ont voter !
    Restons modestes et arrêtons de penser que ceux qui ne votent pas c’est parce qu’ils ne sont pas informés ou que la campagne était nulle.

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    • Alceste. Alceste.

      Comme déjà écrit par ailleurs , je ne peux m’empécher de reprendre les propres arguments de Pédrolito Mélanchon au sujet de Macron. Avec ce score ,Bompard est totalement illégitime, et si il est élu il sera le député le plus mal élu.IL devrait d’ailleurs immédiatement démmisionner si son éléction se réalise. FAut être logique les gars!
      Et pan sur le bec , comme dirait le “Canard”.

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