Dans le 13/14, David Galtier précipite la chute de la maison Ravier

Reportage
par Benoît Gilles & Rémi Baldy
le 29 Juin 2020
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En six ans, le leader du RN a fait de ce secteur du Nord de la ville son fief. Il y menait la liste et espérait y ajouter les deux secteurs voisins. La crise sanitaire, la forte abstention et un duel face à un général de gendarmerie, novice en politique, ont eu raison de sa stratégie de conquête de la ville.

Dans le 13/14, David Galtier précipite la chute de la maison Ravier
Dans le 13/14, David Galtier précipite la chute de la maison Ravier

Dans le 13/14, David Galtier précipite la chute de la maison Ravier

“Ravier dehors ! Ravier dehors !”. La petite permanence du général Galtier explose. La numéro 2 de la liste, Marion Bareille a du mal à finir son discours de victoire. Il est minuit moins quelques minutes. Parmi les militants, l’attente a été longue, doublée par l’incertitude qui touche les autres secteurs. Mais l’objectif est atteint pour beaucoup d’entre eux : faire tomber Stéphane Ravier. En 2014, il avait pris la tête de la plus grande municipalité RN de France, forte de plus de 150 000 habitants et de bien maigres compétences.

Il n’empêche que le secteur devait être le tremplin pour permettre au Rassemblement national de conquérir la Ville, six ans plus tard. Tout avait été pensé pour. La passation à sa nièce, incarnation de l’élue de terrain, proche des préoccupations du quotidien. Les shows réguliers pour les vœux du maire où le leader RN volait la vedette à la maire en exercice qui acceptait de bonne grâce. Le bilan sans aspérités extrémistes pour s’assurer une réélection confortable avant la conquête d’autres secteurs.

Marion Bareille (à droite) félicitée par Gérard Chenoz (caché) et les militants LR.

La coupable abstention

Le cru sans précédent de l’élection 2020 a eu raison de cette ambition. Le leader du RN ne s’y est pas trompé en ciblant en premier lieu le gouvernement, coupable d’avoir maintenu coûte que coûte cette élection, favorisant en premier lieu l’abstention.

Le leader frontiste a attendu les derniers bureaux pour s’exprimer depuis la fédération de son parti et non pas depuis la permanence de secteur. “Cette campagne a été exceptionnelle en tout point. À campagne exceptionnelle, situations exceptionnelles, résultats exceptionnels. Une campagne qui à la veille du premier tour a été marquée par un appel du Premier ministre à rester chez soi”.

Parmi ses explications de circonstance, il y a aussi la focalisation médiatique sur un duel de femmes dont il était l’exception, “alors qu’il existait une véritable égalité entre les trois principales listes”.

Stéphane Ravier, le soir du second tour de l’élection municipales de 2020. Crédits : Rémi Baldy

“Les cités de gauche sont allées voter Vassal”

“Tout ça n’a pas permis une meilleure mobilisation de nos électeurs qui ont été les plus nombreux à se démobiliser”, conclut-il. À cela s’ajoute le front républicain honni qui l’a fait trébucher dans ce secteur qu’il pensait acquis. “Dans les cités, ceux qui sont de gauche sont allés voter pour Vassal”, fustige un cadre FN pour railler cette migration des voix qui fait tomber la maison Ravier. Avec 48% des voix, il dit “ne pas avoir à rougir”.

En face, on exulte. “Je l’avais dit qu’il fallait la jouer modeste, arriver deuxième au premier tour et espérer très fort être en duel au second, raconte Gérard Chenoz venu jouer les stratèges en soutien de cette liste disparate menée par le général Galtier. Si on était arrivés troisième, il avait une chance de passer”. Le vieux routard de la droite marseillaise moque son adversaire : “Ils ont fait une campagne nulle, des militants inexistants. Ils ont préféré aller dans les cités pour grappiller quelques voix plutôt que de s’assurer le vote de leur électorat”.

“Les Marseillais boudent les urnes et installent le plafond de verre”

La politique, c’est aussi de l’arithmétique. À Marseille, le RN n’a jamais gagné en duel, quelle que soit la couleur de son adversaire. La mécanique implacable se répète ici. Face à un adversaire, “général cinq étoiles” de gendarmerie, taillé pour le contrer sur le terrain de la sécurité, Stéphane Ravier n’a pas réussi à faire entendre sa différence. Il tape encore sur cette frontière transparente qui l’empêche de gravir les sommets. “Si les Marseillais boudent les urnes, ils installent le plafond de verre”, élude-t-il.

Alors il fustige “le clientélisme” de son adversaire. “Je vous invite à étudier les bureaux de votes dans lesquels il aura réussi à creuser l’écart. Ces quartiers où il a passé ces dix derniers jours pour y promettre des embauches, des logements et des subventions qui ne viendront pas”, argumente-t-il. Des accusations qui n’ont pu être vérifiées.

En tout cas, quand on lui demande quel programme David Galtier compte mettre en place pour développer ces quartiers, il met juste derrière la sécurité, “le social et la santé dans un secteur qui ne compte qu’un hôpital” et “l’emploi qui est l’attente première de tous les jeunes que nous avons rencontrés”.

Un bravo pour les militants de Samia Ghali

Et pour ajouter un peu de sel politique à cette histoire, le directeur de campagne, Gérard Chenoz s’empare du micro pour remercier “les militants de Samia Ghali qui sont venus nous prêter main-forte dans cette campagne”. Ils sont nombreux à applaudir en retour. “C’est très important car les 13/14 touchent les 15/16 pour former ce qu’on appelle les quartiers Nord”. Les négociations sont lancées pour tenter de trouver une majorité au conseil qui, à gauche comme à droite, passe par une alliance avec la sénatrice de gauche. Stéphane Ravier en a les dents qui grincent d’avance.

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Benoît Gilles
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Commentaires

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  1. Pitxitxi Pitxitxi

    75% d’abstention, une victoire serrée malgré le retrait de 2 listes de gauche, il n’y a vraiment pas de quoi fanfaronner. Et un grand merci à cet incapable de Bacchi qui offre 12 sièges sur un tapis rouge à LR, leur permettant d’être encore en position de gouverner lors du 3e tour.

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  2. Elric Menescire Elric Menescire

    Je sens que je vais sortir le pop corn…

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