Crise à la mairie de Rognac : trois démissions provoquent une nouvelle élection

Actualité
le 20 Août 2024
5

Fragilisée par une série de défections dans sa majorité depuis plus d'un an, la maire Sylvie Miceli-Houdais va devoir défendre son siège lors d'élections anticipées. Derrière les révélations de Marsactu sur l'utilisation de la carte bancaire municipale, les difficultés chroniques dans la gestion du personnel ont pesé dans la crise.

La maire de Rognac, Sylvie Miceli-Houdais, ouvre le conseil municipal, le 16 mai 2024. (Photo : Emilio Guzman)
La maire de Rognac, Sylvie Miceli-Houdais, ouvre le conseil municipal, le 16 mai 2024. (Photo : Emilio Guzman)

La maire de Rognac, Sylvie Miceli-Houdais, ouvre le conseil municipal, le 16 mai 2024. (Photo : Emilio Guzman)

Trois de plus qui font le compte. Dans la torpeur du pont du 15 août, trois adjoints à la maire de Rognac ont rendu leur mandat, rejoignant une dizaine de leurs collègues démissionnaires. Une série de désaveux pour la maire Sylvie Miceli-Houdais (UDI) qui, par leur nombre, équivalent à sa destitution.

En effet, les conseillers municipaux peuvent provoquer une élection anticipée en démissionnant en masse. Avec plus d’un tiers d’élus manquants, le seuil a été atteint. Le préfet a donc désormais trois mois pour organiser le scrutin dans cette commune de 12 500 habitants.

Un personnel en souffrance

“On en a marre”, résume Lucien Daret, le doyen du conseil municipal avec 29 ans de mandat au compteur, au service de quatre maires différents. Le “on” n’est pas fortuit car c’est en concertation avec deux autres adjoints, Véronique Straudo et Jean-Fabrice Lacave, qu’il a signé son courrier de démission. Selon Lucien Daret, qui officiait aux permis de construire et aux anciens combattants, les griefs se résument à la “gestion unilatérale de la maire, qui prend des décisions toute seule” et aux “relations avec le personnel”.

Dernier épisode en date : la suppression de poste d’une directrice, pourtant avalisée à l’unanimité par le conseil municipal début août. Mais derrière, comme l’a documenté Marsactu, ce sont de larges pans du navire municipal – environ 300 agents – qui tanguent au gré d’un management décrit comme toxique.

“C’est une décision qui est le fruit de neuf mois de réflexion. (…) Au cours des mois de juillet et août, il y a eu des décisions importantes qui ont été prises dans mes délégations sans que j’y sois associée ni même informée. Ce n’est pas la première fois. Ce n’est pas mon modèle de démocratie et cela a été l’élément déclencheur de ma décision”, justifie pour sa part Véronique Straudo dans un post publié sur Facebook.

“Rien à voir” avec l’affaire de la carte bancaire

Depuis l’élection de Sylvie Miceli-Houdais en septembre 2020, en remplacement du sénateur Stéphane Le Rudulier (LR) atteint par le cumul des mandats, les départs se sont succédé par grappes. En mai 2024, les révélations de Marsactu sur l’utilisation des cartes bancaires municipales, ont ouvert un nouveau volet dans la crise. Lucien Daret assure toutefois que sa démarche n’a “rien à voir” avec cette affaire pour laquelle “il faut attendre que la justice s’exprime.” Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d’Aix-en-Provence.

Déclenché avant la rentrée de septembre, le compte à rebours de l’élection municipale va forcer les acteurs à se positionner. À commencer par Stéphane Le Rudulier, dont le soutien à Sylvie Miceli-Houdais n’a plus rien d’une évidence. Sollicité par Marsactu, il n’a pas répondu dans les courts délais impartis à la publication de cet article. Quant à la maire, ce coup de grâce l’a cueillie sur son lieu de villégiature. Le 16 mai en ouverture du conseil municipal, alors que des citoyens réclamaient sa démission, elle clamait :“Je suis toujours là et je resterai là”. Les élus démissionnaires de sa liste en ont décidé autrement.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Dark Vador Dark Vador

    Heureusement que l’on est en démocratie et que les lois sont encore efficaces! “Je suis toujours là et je resterai là” : ben non effectivement 🙂 🙂

    Signaler
  2. julijo julijo

    “Je suis toujours là et je resterai là”….. surprenant ! (voire normal !)

    il et fantastique de noter la similitude des réactions de ces femmes et hommes élus “politiques” qui sont très surpris de s’être fait prendre la main dans le pot…
    leur étonnement de s’être fait rattraper par la patrouille est stupéfiant.

    franchement, marsactu, de quoi je me mèle ?! alors comme ça, on aurait plus le droit de piquer dans la caisse ??

    Signaler
  3. Malleus Maleficarum Malleus Maleficarum

    Tellement vulgaire. Tellement arrogant. Tellement méprisable. Tellement représentatif du niveau de la classe politique en général, et de celui de nos zélus locaux en particulier…

    Franchement faut avoir la foi pour continuer à aller voter. Je m’étonne de l’avoir pour le coup !

    Signaler
    • Pascal L Pascal L

      On a les élus que l’on se donne, non ?
      Le problème n’est peut être pas là.

      Pour moi il n’y a pas de démocratie sans transparence. Liberté égalité oui, fraternité c’est un peu religieux et on peut s’en passer mais transparence et éducation devraient aussi de trouver aux frontons des bâtiments publics.

      Signaler
  4. PierreLP PierreLP

    Des elections à venir… avec M Le Rudulier qui flirte avec le FN/ RN.
    Mains propres et tête haute, disait Le Pen….
    A suivre

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire