Coup de projecteur à Vitrolles
Vitrolles, février 2012. L’écran opaque de la nuit est tombé sur la cité. C’est l’heure des prédateurs, des maraudeurs malveillants errant en quête de quelques larcins, épiant le passant malchanceux. Les voitures brûlent-elles ? Non, pas cette fois. Ces quelques lignes pourraient être le début d’un (mauvais) polar, mais elles ne sont qu’une présentation hasardeuse du festival « Polar en lumières ». Pour sa troisième édition, l’événement affiche un programme éclectique où tous les genres s’y retrouvent : cinéma et littérature bien sûr, mais également théâtre, peinture et musique, conférences et débats.
Avec pour parrain Patrick Raynal, ancien directeur de la Série Noire Gallimard et référence du polar français et international, le festival semble placé sous de bons auspices. Cet éditeur et ancien critique en littérature policière pour Nice Matin est persuadé de l’avenir radieux du roman noir: « Le succès du roman noir réside dans le mot roman. C’est en effet le genre à qui est le plus confié la mission de raconter le monde à travers ses réalités successives. Or la civilisation est en train de se déliter, le monde est de plus en plus sinistre, il est à mon sens dans un cycle finissant. Le roman noir est le genre par excellence qui reflète la situation objective dans laquelle on vit ». Le genre il est vrai se porte bien, les sociétés nettement moins, et à en croire la liste d’invités présents entre le 6 et le 12 février, Marseille et sa région constituent véritablement un terreau pour les grands du polar, mais surtout une manne pour l’inspiration de ses maîtres.
Parmi les réalisateurs présents, Christophe Ruggia présentera son dernier film, Dans la tourmente, un polar se situant dans la région de Marseille avec Clovis Cornilac, Yvan Attal et Mathilde Seigner. Tourné pendant les manifestations des Dockers du port de Fos-Marseille en 2011, le film transpire d’une certaine réalité.
A l’affiche également, l’avant-première de Cassos en présence du réalisateur marseillais Philippe Carrese. Autre temps, même genre, le film de Rabah Ameur Zaimeche les chants du Mandrin, récompensé en 2011 du prestigieux prix Vigo, à la lisière entre film historique et policier.
L’angoisse et le suspens monteront en puissance avec l’écrivain Stephane Bourgoin, invité d’honneur d’une soirée spéciale dédiée au thème des tueurs en série. Après avoir interrogé plus de soixante-dix serials killers à travers le monde, il en est devenu le spécialiste mondial inégalé. Après la projection de son entretien avec Donald Harvey, surnommé « l’ange de la mort », une discussion suivra, avec la projection de The Lodger, pour les inconditionnels d’Alfred Hitchock.
Les amateurs de théâtre ne seront pas en reste, avec deux pièces jouées : Le sultan dans l’escalier de Gilles Ascaride, et Masculin plurielle de Gilles Azopardi, au titre aguichant et à la présentation efficace : « Un voleur, un escroc, un pigeon et un flic dans une comédie à l’italienne délirante ». Du délire et de l’humour – grinçant- il en faudra pour déstresser le spectateur plongé dans un univers sombre farci d’hémoglobine… Même si, paradoxalement, le polar est souvent associé à la détente, dans une salle de spectacle, au fond d’un lit ou vautré sur une plage. Est-ce là la marque d’un petit côté voyeuriste dont chacun se défend? Patrick Raynal, qui avoue s’inspirer bien souvent de faits divers pour la trame de ses romans ne le nie pas. Mais explique plutôt qu’ « il n’est pas interdit ni étonnant de prendre un certain plaisir à lire des choses qui s’inspirent de la réalité, aussi sombres soient-elles. »
Reste un domaine souvent injustement oublié du genre polar, la musique, remise à l’honneur avec une soirée spéciale « conférence-concert », animée par le pianiste jazziste Stephan Oliva. Celui-ci expliquera notamment les thèmes de plusieurs grands films noirs. Il ne sera sans doute pas question de la célèbre bande originale du Parrain, mais c’est avec un air angoissant en tête que l’on risque de quitter le cinéma les Lumières, le palpitant affolé, le pas pressé et le regard aux aguets…
La programmation complète du festival est à retrouver en ligne.
Festival prévu du 6 au 12 février. Cinéma Les Lumières, arcades de Citeaux, centre-ville, Vitrolles. Renseignements au 04 42 77 90 77. Tarifs : séances de cinéma à 6€, tarif spécial pour les soirées (15 € avec buffet), Pass’Polar 38€
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les lumieres de vitrolles
la ‘danseuse’ du conseil general 13
un comble pour un cinema fermé le dimanche soir
et concernant le sujet, toute la programmation deja maigre, revue à cause de ce festival qui ne flatte que l’ego du directeur
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