Conseil municipal : la majorité Gaudin se voit "au tableau d'honneur"

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le 19 Mar 2012
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Photo : Esther Griffe.
Photo : Esther Griffe.

Photo : Esther Griffe.

La légèreté d'un élève qui rentre chez lui avec un bon bulletin trimestriel. "C'est avec plaisir et une fierté non dissimulée" que l'adjoint aux Finances Jean-Louis Tourret a présenté le budget 2012 de Marseille ce lundi en conseil municipal. Son camarade Yves Moraine, président du groupe UMP, disait lui entamer un débat "réjouissant, et presque jubilatoire même pour la majorité".

La raison de cette satisfaction affichée, alors que les caisses de la ville ne sont pas connues pour être les plus riantes : pour Yves Moraine "la preuve est faite de manière indépendante, objective et technique" que les critiques récurrentes de l'opposition sur la gestion Gaudin "relevaient au mieux de la fausse analyse, au pire du mensonge".

La mairie fière de ses notes

La preuve par qui ? Les agences de notation Fitch Ratings et Standard and Poor's, qui ont attribué à la collectivité respectivement A- et A. "Des notes qui correspondent à une moyenne de 15/20. Si on était à l'école la ville de Marseille frôlerait les félicitations et obtiendrait en tout cas le tableau d'honneur, bien loin du bonnêt d'âne que monsieur Mennucci (président du groupe PS, ndlr) voudrait nous faire porter", a-t-il conclu.

Sans vouloir lui coller un zéro pointé, la majorité ferait cependant peut-être mieux de ne pas fanfaronner. Un : même si elle ne l'explicite jamais dans son communiqué, S&P, qui avait noté la ville AA- il y a une dizaine d'années, l'a en fait dégradée en lui retirant un A. Deux : comparé à d'autres grandes villes comme Paris (qui détient toujours le fameux triple A), Strasbourg (AA+) et Lyon (AA), Marseille est moins bien notée. Cela n'a pas échappé à Nathalie Pigamo, conseillère municipale PS.

 

 

Ceci dit, sur le fond, le communiqué de Fitch comme celui de S&P sont plutôt positifs vis-à-vis de la gestion municipale. Jean-Louis Tourret et Yves Moraine n'ont d'ailleurs pas manqué d'en extraire les bonnes feuilles. Mais là encore le duo a profité de cette conjoncture favorable pour faire de la gonflette. Exemple avec cette affirmation du premier : depuis 1995, date de l'arrivée à l'Hôtel de Ville de Jean-Claude Gaudin, "nous aurons investi 4 milliards à dette constante 1,8 milliard d'€". D'où cette affirmation franchement hasardeuse : "si cette dette initiale n'avait pas existé, Marseille aujourd'hui n'aurait pas de dette".

Marseille plombée par le Vél'

Une belle présentation qui oublie un premier point de taille : entre temps, Jean-Claude Gaudin a créé puis dirigé la communauté urbaine, qu'il a laissé huit ans plus tard avec plus d'1 milliard d'euros de dette. Marseille Provence Métropole à qui la Ville a surtout repassé en 2001 220,6 millions d'euros de créances…

L'autre point, que les deux agences de notations évoquent, concerne le partenariat public-privé (PPP) signé sur 35 ans pour la rénovation et l'exploitation du nouveau stade Vélodrome. Un PPP qui, comme nous l'écrivions lors de sa signature, avait notamment l'avantage pour la mairie de ne pas avoir à inscrire les dépenses comme une dette mais comme une charge de fonctionnement. Ce n'est plus le cas, ce qui conduira d'après S&P à rajouter 121 millions d'euros à la dette dès la livraison de l'équipement en 2014.

De quoi plomber les finances, en frôlant les 2 milliards de dette. Même si en attendant ce choc comptable, la ville empruntera en 2012 (un peu, même pas un million) moins que ce qu'elle remboursera (autrement dit diminuera sa dette). Le tout en dépit d'une hausse des impôts locaux de 8,6% en 2011 puis 4,2% en 2012 (sous l'effet principalement de la réduction de l'abattement général à la base dans un contexte de progression de la base en elle-même). Et ce avec des investissements qui passent (légèrement) sous la barre symbolique des 200 millions d'euros. (N'oubliez pas de lire la suite en cliquant à droite)

Mais tout comme l'a souligné le président du groupe communiste Frédéric Dutoit, "la vraie question n'est pas tant d'avoir une bonne technique financière mais quelle politique on veut mener". Yves Moraine n'a pas manqué de défendre le bilan municipal : "en 17 ans la ville aura investi 420 millions d'euros pour la culture et 460 pour les écoles, soit plus de 25% du budget total (…) pas mal pour cette droite réactionnaire constamment accusée de mépriser les enseignants et de négliger la culture".

Son homologue écologiste Michèle Poncet-Ramade a cependant appelé la ville à la "sobriété heureuse", à "mettre fin à ses frasques". Et de pointer, outre le Vélodrome, le palais omnisport Marseille Grand Est et les cadeaux annulés par la justice au promoteur Kaufman & Broad pour un programme immobilier et au groupe Axa pour l'Hôtel Dieu.

On pourrait ajouter les caméras de vidéo-surveillance. Quand elle prévoyait d'installer un réseau de 1000 caméras, la ville tablait sur un investissement de 10 millions d'euros (aidé à 50% par l'Etat) et 2 millions d'euros par an en fonctionnement. On parle désormais de 1500 à 1800 caméras à horizon 2013. Ou les 5 millions d'euros de subvention au Forum mondial de l'eau, sans compter les 400 000 euros de fonctionnement alloués au Conseil mondial de l'eau. L'utilité de tout cela étant – c'est le principe – discutable…

Bonus : la séance cirage de church's du duo Tourret/Moraine au "mentor" Jean-Claude Gaudin

 

 

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Commentaires

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  1. Vero laplage Vero laplage

    Toujours intéressant de savoir comment fitch fait ses fameux rafting … Si Marseille ne tombe pas plus dans sa cotation c est que les entreprises, les administrations et les personnes qui y sont installées ne vont pas partir brutalement parce qu elle ne peuvent pas le faire en dépit d une pression fiscale accrue et surtout il y a la perspective du sauvetage de Marseille sur le plan financier par la prochaine mise en place de la métropole (2015 ou 2016) …. Consultez et traduisez la page http://www.fitchratings.com/creditdesk/public/ratings_defintions/index.cfm c est très instructif…

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  2. Saint Just Saint Just

    Dans la famille des impôts, la part de ceux dus à l’État a eu tendance à diminuer, alors que les cotisations sociales payées par les ménages et les entreprises ont grimpé sans discontinuer ainsi que les impôts locaux. La décentralisation a été une catastrophe pour le contribuable français. Nos régions, départements et communes ont cumulé deux vices : taxer toujours plus pour s’endetter toujours plus. A Marseille depuis 6 ans les impôts locaux ont augmenté de plus de 60 %(Ville, Région et Département). De plus depuis trois ans MPM et venu s’y ajouter alors que sa création a été justifié par la volonté de mutualiser les moyens des communs participantes. Le personnel transféré de Marseille vers MPM (plus de 3.000 fonctionnaires) a été remplacé en très grande partie. Ville de Marseille a plus de 950 voitures de fonctions etc. Espérons que la faillite inévitable qui se profile à l’horizon va régler cette situation ubuesque

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