Conseil municipal : la majorité Gaudin renverse les rôles

Conseil municipal : la majorité Gaudin renverse les rôles

La séance attire de plus en plus de spectateurs. En plus des gradins qui leur sont dévolus dans l'hémicycle, les adeptes du conseil municipal de Marseille pouvaient ce lundi matin suivre les débats depuis la salle voisine du bunker Bargemon, où une dizaine de rangées de chaises avaient été installées devant un grand écran. A défaut de concrétisation du cinéma MK2 en haut de la Canebière et en attendant que la salle du conseil municipal serve à des projections en 3D à l'occasion de Marseille-Provence 2013, les élus marseillais ont offert une de ces séances animées dont ils ont le secret. Il faut bien tromper l'ennui des 5h15 nécessaires au vote de trois cents et quelques délibérations…Dommage au passage que la diffusion en vidéo live du CM sur le site internet de la mairie ne fonctionnait pas. Quelques mauvaises langues (on a les noms) ont tout de suite crié à la censure. Où vont-ils chercher tout ça ?

Plus de trois mois après le dernier conseil, les lames n'attendaient de sortir de leurs fourreaux, les sujets d'escarmouches étant tous trouvés : l'événement politique majeur de ces derniers mois, le comité interministériel pour Marseille du 6 septembre, ses causes et conséquences, avec en bonus les très mauvaises péripéties des Roms aux Créneaux et de l'équipe de jour de la Bac nord.

L'échauffement de rigueur étant passé (sur les sujets classiques du chantier du Vélodrome et du budget, cette fois-ci supplémentaire), c'est le M. Sécurité du PS local, Christophe Masse, qui a donné le top départ avec un SAV des propositions du comité interministériel. Résumé plus tard du député-maire du 1/7 Patrick Mennucci : "le gouvernement a tendu la main à Marseille, prenez-là".

Ayrault-Mennucci-Ghali bashing

Ca pour la prendre… Guy Teissier, Bruno Gilles, Martine Vassal, Dominique Tian, Arlette Fructus, Yves Moraine et bien sûr le maire Jean-Claude Gaudin ont tour à tour mis en musique le tube du moment, l'Ayrault-bashing, et sa déclinaison locale à destination de Patrick Mennucci, que le maire aime à croquer en omnipotente incarnation de l'Etat. Tout cela entrecoupé d'intermèdes, pas vraiment réconfortants pour les socialistes, de leurs camarades écologistes et communistes.

En ligne de mire également, Samia Ghali, coupable comme Jean-Claude Gaudin l'avait théorisé fin septembre de participer à la "démolition" de l'image de Marseille. "Lorsque madame Ghali demande l'armée à Marseille, elle met un coup de poignard dans le dos de cette ville", avait anticipé Didier Parakian en présentant son pavillon M, qui "se veut la vitrine de tout ce qui gagne, ce qui exporte, ce qui fait que Marseille avance". Las, "ce mauvais coup médiatique a déjà fait perdre une dizaine de contrats possibles et donc des centaines d'emplois à la clé". Bye bye aussi les croisiéristes, les touristes, les congressistes, les investisseurs, tout ça tout ça… Martine Vassal a fait chorus par la suite : "L'économie de Marseille et ses entrepreneurs ne doivent pas être l'otage des bassesses politiciennes de certains ou certaines qui font des déclarations à l'emporte-pièce indigne d'élus de la République".

Et c'est l'adjointe à la sécurité Caroline Pozmentier qui s'est chargée du coda, à l'occasion d'un rapport sur la vidéo-surveillance. "C'est pire que Gardère, c'est le FN", nous avait glissé à chaud mais en off une élue UMP après la bombe lâchée par la sénatrice-maire socialiste du 15/16. La 1ère fliquette de Marseille a franchi le pas, en séance publique s'il vous plait : "Mme Ghali se prendrait-elle pour Marine (Le Pen, ndlr) […] Monsieur Marandat (unique élu FN au conseil municipal, ndlr) vous avez une nouvelle collègue !" Une charge brutale qui, en l'absence de l'intéressé a réveillé chez Patrick Mennucci le besoin de revenir "à la préhistoire" – dixit Jean-Claude Gaudin – à savoir 1986 et l'alliance de ce dernier avec le FN au conseil régional. Touché ? "Je ne regrette rien", lâche le maire. C'est dit.

Opposition renversée

Mis à part ces terrains glissants, il faut dire que l'UMP jouait sur du velours, que ce soit sur les effectifs de police, les terrains soldés pour construire du logement social ou plus largement le flou qui entoure certaines annonces, notamment pour leurs conséquences budgétaires et la part qu'en prendra l'Etat (l'école dès 2 ans, l'extension d'Euroméditerranée dans le 3e arrondissement…). La meilleure défense municipale, c'est l'attaque nationale, ça fait du bien d'être dans l'opposition…

Seule déception, pour un Yves Moraine qui en salivait d'avance jeudi lors du déjeuner de préparation du conseil : sous le feu, les socialistes ont fait bloc, laissant de côté l'étalage des divisions auquel ils s'étaient livrés en juin. Et à trop vouloir en faire, la droite s'est parfois pris les pieds dans le tapis. Concernant la métropole, si sa position à Marseille est désormais claire (oui à une métropole unique Marseille-Aix-Aubagne-Martigues-Istres-Fos-Salon), ses attaques de l'ambivalence des socialistes sont un peu tombées à plat.

Certes, elle a réussi l'année dernière à faire voter "contre" ceux qui en sont désormais les fervents défenseurs. Mais comme l'ont souligné successivement Masse et Mennucci, il s'agissait alors d'une simple transformation du statut administratif de la communauté urbaine, limitée à son périmètre actuel de 18 communes. Pas sûr non plus que la droite soit aussi à l'aise sur la question au conseil communautaire de vendredi, où siègent nombre de maires UMP des petites villes environnantes qui ont toujours rechigné à la coopération intercommunales.