Conseil municipal pour l’emploi : 18 mesures mais “rien de génial”

Conseil municipal pour l’emploi : 18 mesures mais “rien de génial”

L’événement se voulait un “temps fort” pour la mairie de Marseille. “Un conseil municipal informel, ça ne se fait pas tous les jours”, a rappelé Jean-Claude Gaudin, dont c’est le deuxième en 21 ans de mandat. Après la séance consacrée à la sécurité en mai 2011 – qui avait été suivie du recrutement de 100 policiers municipaux supplémentaires et du lancement du plan d’équipement en vidéo-surveillance – le conseil municipal s’attaquait ce lundi matin au thème de l’emploi.

Mais cette mobilisation intitulée “tous pour l’emploi” s’est fait voler la vedette par l’Euro 2016 et ses affrontements entre supporters russes et anglais. Arrivés en conférence de presse avec plus d’une heure de retard, Jean-Claude Gaudin et le préfet Stéphane Bouillon se sont fait cueillir par les correspondants des radios et télés, fatigués de leur week-end, mais déterminés à obtenir une réaction. “On est là pour parler d’emploi”, s’est agacé le maire, renvoyant à un autre rendez-vous en fin d’après-midi.

Une inauguration à honorer

Mais personne ne semblait d’humeur à faire durer l’échange. Surtout pas les autres élus présents, la présidente du conseil départemental Martine Vassal et le vice-président du conseil régional Renaud Muselier, qui devaient filer pour inaugurer un échangeur routier à Arles. Après quatre interventions et deux questions rapidement évacuées, la conférence était levée.

De l’aveu même du premier adjoint Dominique Tian, porteur de l’initiative, le débouché est de toute manière “relativement consensuel. Rien de génial ne vous inquiétez pas.” Les autres acteurs présents ont eu beau lever le sourcil, l’accès de franchise semble mérité à la lecture des 18 mesures du dossier de presse. Si les dizaines d’heures d’auditions menées depuis plusieurs semaines ont livré une matière riche (lire notre synthèse), on voit mal comment cette richesse transparaît dans cette liste.

Vœux métropolitains

Tout d’abord, comme on pouvait le prévoir, l’exercice est d’autant moins aisé qu’il est vu depuis l’échelon municipal. Cinq mesures sont des “vœux” à destination de la métropole Aix-Marseille Provence pour des actions qui sont en fait une simple application de ses compétences : “création d’un guichet d’accueil métropolitain pour les entreprises”, “favoriser l’émergence d’un marketing territorial concerté”, “une stratégie de promotion et de commercialisation unifiées”, “un schéma des transports métropolitains” et “un schéma du développement économique métropolitain”. Moins mécanique, sans être révolutionnaire, l’idée de généraliser les clauses sociales dans les marchés publics de la métropole pourrait avoir un impact important. Heureusement, le maire et le président de la métropole ne devraient pas avoir trop de problème à caler un rendez-vous…

Huit autres mesures reprennent des projets déjà bien engagés – notamment à Luminy et Château-Gombert – ou évoqués de longue date. C’est le cas d’un lycée international et d’une deuxième école de la deuxième chance, qui faisaient partie des annonces du premier ministre Jean-Marc Ayrault en septembre 2012. Pour le lycée, la Ville fait seulement mention d’un courrier de la présidente d’Euroméditerranée Laure-Agnès Caradec à celui du conseil régional Christian Estrosi. Pour l’école de la 2e chance, déjà évoquée en février dans La Marseillaise, la perspective est plus nette : un vote au conseil municipal ce mois-ci pour une réalisation en 2018.

Plus inédit, Marseille veut candidater au titre de “territoires zéro chômeur de longue durée”, voté par le Parlement en février 2016. Mais cinq communes, dont Jouques dans les Bouches-du-Rhône, ont déjà été sélectionnées pour cette expérimentation limitée à dix “places”… La mesure la plus originale vient peut-être du terme le plus galvaudé, celui de “guichet unique pour l’emploi”. Il s’agit de généraliser le dispositif “Terrasses de l’emploi” mis en place par Hammerson et Pôle Emploi et la mission locale afin de recruter 2000 personnes au moment de l’ouverture du centre commercial en 2014. Le futur centre commercial du Prado est évoqué comme suite prévue.

Jeu collectif ?

On peine quand même à retrouver dans les discours le “tous unis” revendiqué par la Ville, adapté en “jouons collectif” par Martine Vassal. Ce lundi, chacun s’est attaché à faire la promotion de sa propre politique. Du côté du conseil départemental, on met en avant l’“accélérateur de l’emploi”, chez Renaud Muselier ce sont les toutes nouvelles “opérations d’intérêt régional”, quand le préfet Stéphane Bouillon insiste sur la mobilisation de l’État via l’argent alloué aux contrats aidés.

Mais le vrai test est à venir et sera en actes : pour les acteurs auditionnés, les transports constituent le frein principal à l’emploi et doivent faire l’objet d’un plan de rattrapage. Une pierre a été posée – a minima – le 6 juin avec la signature du co-financement pour l’amélioration de la desserte ferroviaire Aix-Marseille. Tout le monde devra encore mettre la main à la poche pour boucler un véritable réseau marseillais et métropolitain.