Cinq mois de sursis pourraient permettre la fin de la grève de la SNCM

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le 9 Juil 2014
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Cinq mois de sursis pourraient permettre la fin de la grève de la SNCM
Cinq mois de sursis pourraient permettre la fin de la grève de la SNCM

Cinq mois de sursis pourraient permettre la fin de la grève de la SNCM

Il aura fallu trois jours de médiation pour obtenir ce que les syndicats de la SNCM demandaient depuis le dépôt du préavis à la mi-mai : du temps pour restructurer la compagnie et permettre un projet de reprise. Le texte que le médiateur, Gilles Bélier, nommé par le gouvernement a réussi à faire valider par l'ensemble des protagonistes – et non sans mal par l'actionnaire principal Transdev – n'est pas un accord mais un relevé de conclusions. Il offre tout de même un agenda pour bâtir un plan commun à la direction et aux représentants des salariés. "C'est un cadre de travail que nous allons proposer aux personnels demain matin en assemblée générale", explique Frédéric Alpozzo, secrétaire de la CGT des marins à l'issue de ces trois jours de négociations à rebondissements. En geste d'apaisement, il a également annoncé qu'il allait demander aux marins de débloquer le Kalliste, navire de la Compagnie méridionale de navigation, retenu à quai depuis plusieurs jours.

Aucun des représentants syndicaux n'a évoqué la possible levée de la grève, laissant aux assemblées générales, jeudi matin, la liberté de le décider. Seul, Jean-François Simmarano, représentant CGT des personnels sédentaires évoque cette éventualité : "Nous sommes en capacité de proposer la reprise du travail." Avant de préciser que s'il y a reprise, ça sera plus "une reprise issue du choix même du personnel qu'à la lecture du document". Pour sa part, Frédéric Alpozzo a annoncé qu'une réunion de l'intersyndicale devait permettre de faire une proposition commune dans les différentes AG. 

Un moratoire jusqu'à la fin 2014

"Ce plan devra aboutir d'ici la fin du mois d'octobre pour une validation par les personnels en novembre, estime Pierre Maupoint de Vandeul pour la CFE-CGC. En gros, nous avons jusqu'à la fin de l'année pour trouver un plan qui permette de restructurer l'entreprise et, en parallèle, trouver un repreneur." Devant la préfecture, quelques minutes plus tard, le médiateur Gilles Bélier estimait que sa mission n'était pas complètement close. En l'absence d'un accord en bonne et due forme avec les deux actionnaires, Transdev et l'Etat, plusieurs points restent à négocier dont le passage par le tribunal de commerce et la demande d'une mise en redressement judiciaire. "J'espère que les suites de ce travail seront positives pour tout le monde, estime-t-il. Il y a une chance nouvelle pour la SNCM qui repose sur la volonté commune de travailler sur des projets à long terme. Maintenant ce ne sont pas des projets faciles."

Sans le dire, le médiateur évoque la nécessaire restructuration du personnel qui pourrait se traduire par des licenciements supplémentaires et une nouvelle desserte de la Corse qui passerait par l'abandon probable de certaines liaisons avec Nice ou Toulon. Aucun des représentants de personnel n'a voulu commenter ce point. La médiation va permettre d'ouvrir un certain nombre de chantiers : "Le projet industriel, l'emploi, la question des contentieux européens. Je reviendrai pour encadrer ce travail." Sur la question des contentieux, un groupe de travail sera mis sur pied avec l'ensemble des avocats "et un universitaire spécialiste de ces questions".

60 millions pour voir plus loin

En revanche, le texte a permis d'avancer sur un des principaux points de blocage : l'usage des 60 millions d'euros accordés par les assurances pour le Napoléon-Bonaparte. Transdev souhaitait que cet argent, aujourd'hui sous compte séquestre au tribunal de commerce, serve à financer un éventuel plan social. Les organisations syndicales ont obtenu qu'ils soient plutôt utilisés pour financer la restructuration de la compagnie qu'elles doivent encore construire avec la direction. Cela éloigne aussi les risques de trou d'air dans la trésorerie mis en avant par la direction pour justifier le recours au tribunal de commerce. 

Pour les représentants syndicaux, le feuilleton médiatique de ces derniers jours et l'issue de cette médiation ont eu le mérite de faire émerger les positions de chacun vis-à-vis de la compagnie. "Elle a permis de constater ce que les actionnaires prévoyaient : le pire pour l'entreprise avec une mise en liquidation dès septembre", estime Pierre Maupoint de Vandeul. La sortie martiale du premier ministre à l'Assemblée nationale a particulièrement énervé les organisations syndicales. Jean-François Simmarano n'y va pas par quatre chemins : "Ce matin, je le comparais à Margaret Thatcher. Ce soir, vu ces relations avec Transdev, ce serait plutôt à Berlusconi." Très prudent, Gilles Bélier a tout de même noté que ces déclarations avaient provoqué "un certain flottement. C'est comme ça, il faut faire avec ce qu'il y a autour de soi."

Valls en boutefeu

Pour mémoire, mercredi après-midi, Manuel Valls avait martelé depuis les bancs du gouvernement : "La SNCM ne s'en sortira pas sans une restructuration dans le cadre d'un redressement judiciaire. C'est la condition même pour que l'entreprise puisse repartir sur des bases assainies et qu'un repreneur puisse se manifester. Cela fait trop longtemps que l'on ne dit pas cela et moi j'assume cette vérité." Cette sortie a provoqué l'ire des organisations syndicales car elle remettait sur la table ce qu'elles souhaitaient écarter depuis des mois. Il a également provoqué une levée de boucliers autour du Kalliste dans l'attente d'une charge des forces de l'ordre annoncée comme imminente.

Quant aux tergiversations de Transdev (mise en vente pour l'euro symbolique par Veolia), elles ont fini par déboucher sur ce relevé de conclusions après trois jours pleins de discussion. Le temps qu'un conseil d'administration entérine une position médiane qui débouche sur un document acceptable par tous. Le président du directoire de la SNCM, Olivier Diehl lisait une déclaration qui semblait aller dans ce sens : "Il y a une convergence maintenant pour dire que l'on peut et que l'on doit trouver un avenir aux activités de la SNCM. J'espère donc que les AG voteront la reprise du travail". En Corse comme à Marseille, la tension de ces derniers jours va peu à peu retomber, mais les écueils sont loin d'être tous levés.

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Commentaires

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  1. lou lou

    a quoi joue et a joue valls

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  2. lou lou

    a quoi joue et a joue valls

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  3. savon de Marseille savon de Marseille

    Quand est ce que Marseille va se débarrasser de la SNCM et de tout ce pataquès qui gravite autours ?
    C’est pour cela que cette ville n’a aucun avenir. Très content de ne pas habiter à Marseille.

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  4. Tubalcaïn Tubalcaïn

    Il y a eu dès l(après guerre un Ministre de l’Intérieur : Jules MOCH qui eu a faire a un Parti Communiste puissant et une CGT forte et active. Il n’a pas laissé faire les grèves de 1947 ou le pays était paralysé.l’Armée, les CRS et les Gendarmes Mobiles ont été appelés à dégager TOUS les SITES OCCUPES par la CGT y compris à Marseille ou malgrès Une CRS communisante le port a été dégagé par la Gendarmerie Mobile et la CRS dissoute.Actuellement nous avons un PC à 6 % une CGT très affaiblies et on laisse pourrir une situation économique pour 2000 sois-disant futures victimes d’un éventuel chomage.Car les employés de la SNCM pourraient être repris par ailleurs mais aux mêmes conditions avantageuses pour eux depuis + de 20 ans et la je me tais car il y aurait beaucoup à dire concernant les sois-disant “navigateurs” Ce Gouvernement Socialiste n’est plus celui des années 47 – 53 – 55 et même 81 ou un certain DEFFERRE soutenait une certaine coopérative d’aconiers pour contrer la CGT.

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  5. piéton de Marseille piéton de Marseille

    Ca fait 20 ans qu’on leur donne 4 mois de plus!
    Et il est étonnant de voir le silence de la Mairie et de Gaudin devant ce carnage pour les Marseillais.
    Faut dire que si on les laisse pas faire , on va finir par s’intéresser à d’autres dossiers : RTM, dockers, Nettoyage…
    Alors pensons à notre Feux d’artifice à 500 000* euros (rire jaune)
    * c’est pas ceux promis à David Guetta (ou à ses amis du spectacle marseillais? http://www.marsactu.fr/culture-2013/guetta-a-borely-44-euros-la-place-400-000-dargent-public-30304.html )

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  6. BB BB

    Marseille, ville vraiment spéciale, on est vraiment plus que laxiste ici, et le Maire il ne réagit pas !!! Vivement que je quitte cette ville 🙁

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  7. leravidemilo leravidemilo

    “Il aura fallu 3 jours de médiation pour obtenir ce que les syndicats de la S.N.C.M demandaient depuis le dépôt du préavis à la mi-mai: du temps pour restructurer la compagnie et permettre un projet de reprise.” En trois lignes tout est dit,et vous résumez parfaitement la situation dés votre phrase d’introduction,que l’on pourrait tout aussi bien mettre en phrase de conclusion. on pourrait seulement rajouter: Deux mois de perdus et pendant ces deux mois,combien d’argent (public et privé) perdu par la compagnie,les salariés grévistes,les usagers-clients,les entreprises et commerces,les divers partenaires portuaires et autres? Et combien d’emmerdements pur tous ce braves gens,qui auraient pu être économisés? Oui,les “tergiversations” de transdev-véolia et surtout celles du gouvernement,les “martèlements” et autres coups de poing sur la table de Valls nous coûtent trés cher! Avec hollande-valls et autres sapin-montebourg notre pays fonce vers le redressement grâce aux économies débusquées et réalisées par cette fine équipe. N’en doutons pas!

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  8. Anonyme Anonyme

    Donc, ne pas prendre de billet avec cette compagnie à la rentrée!!!!!

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  9. Anonyme Anonyme

    Je déboucherais un champagne lorsque tous ces égoistes perdront leur statut

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  10. jardin jardin

    DES DÉBATS DÉPASSÉS
    Pourquoi les pouvoirs politiques n’ont-ils rien fait durant toutes ces années? Parce qu’ils savaient.
    Tout était pipé. La SNCM n’est qu’une parabole du monde à venir. Opposer les gens entre eux (Syndicats, Corse/continent…) c’est un mode de gestion. Tout le reste relève de l’aveuglement.
    “Les employés de la SNCM ont de bonnes conditions de travail” (par rapport aux autres compagnies. Pas de problème, on aurait pu négocier “carte sur table”: la survie contre des restrictions Seulement voila, ce n’était pas le but recherché. Il n’y avait qu’un seul cap, le naufrage. La même méthode sera appliquée à toutes les entreprises. Est ce que l’on réalise qu’il va rester une compagnie qui, bien que subventionnée pendant douze ans par le contribuable français, n’emploie pas plus de 200 ressortissant du pays où elle opère et qui la fait vivre? C’est cela que l’on veut pour toutes les autres entreprises? Pas de problème, ça arrive.

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  11. jardin jardin

    @JL41
    DES DONNÉES IMPRÉCISES
    Non, vous ne pouvez pas écrire le “bilan des sociétés qui est public”. C’est impossible. Sur les trois compagnies concernées (SNCM, CMN et Corsica Ferries) seules les deux premières présentent leurs comptes certifiés. Pour ce qui est de la “Corsica Ferries” ce n’est qu’une marque. Seule existe Corsica Ferries France SA, dont le siège est à Bastai. Cette société ne porte que… deux navires. Les autres sont inscrits dans des sociétés italiennes (FORSHIP SPA, MEDINVEST…). Nous sommes face à un groupe qui compte plus de quinze sociétés, chapeautées par une holding LOZALI SA. Le siège de cette dernière est en Suisse et n’est pas tenue (SA non cotée en bourse) de présenter ses bilans. Non tenue par la loi suisse. Cependant, les textes européens sont formels, sur un marché concurrentiel on se doit de connaitre les comptes certifiés de la holding de tête.Pourtant l’État et la Collectivité de Corse ont laissé faire cela. Vous ne pouvez donc comparer les comptes de la CMN et de la SNCM avec ceux de Corsica Ferries France SA. Cette dernière n’est qu’une des sociétés. Elle sert de “faux nez” au groupe. Quand à la CMN “bien gérée”, je vous rappelle qu’elle connait sa deuxième année de perte. Ce n’est pas rédhibitoire, mais nous parlons là d’une compagnie qui ne gère que trois navires et qui encaisse plus de quarante millions de subvention par an. Fort de toutes ces données et de bien d’autres encore, on peut penser que votre analyse est bien peu solide. Oui la SNCM a connu des abus. Ce sont les seuls qui sont mis en avant.
    Les pertes récurrentes et les très faibles taux de remplissage (6 millions de place pour moins de 2 millions de passagers) de la “Corsica Ferries” sont zappés des journaux. Nous passons sur les infortunes de mer (condamnation pour dégazage, navigation sur un moteur en violation des règlements…). Quand à la CMN, elle a juste vécu au crochet du contribuable depuis sa création. (l’actionnaire principal était l’État, il n’encaissait aucun dividende d’une compagnie qui gagnait de l’argent et dont l’actionnaire principale était … la SNCM).
    Soyez honnête, il faut couler la SNCM pour permettre à certains hôteliers corse de bénéficier de l’argent public aujourd’hui consacré aux transports. Mais ne cherchez pas un comparatif hasardeux, aux chiffres bidonnés et invérifiables.
    La Corsica Ferries a été un des outils du naufrage organisé. Il faut la récompenser en coulant la SNCM, car si cette dernière venait à résister c’est la Corsica qui verrait remonter la vérité de son état financier. C’est du business et de la politique. N’essayez pas de l’habiller avec des masses salariales non signifiantes. Les lecteurs de marsactu sont désormais bien informés. Ils savent tout cela. Il n’y a désormais que les journalistes économiques autoproclamés dans les transports qui continuent à véhiculer cette comparaison sociale bidon.
    Pour vérifier nos propos, vous pouvez lire ou relire un certain nombre de liens qui les confirment.
    Sur l’état financier de Corsica:
    Hier: http://archive.today/DIgGC
    Aujourd’hui:http://www.marsactu.fr/economie/un-film-denonce-le-modele-low-cost-de-corsica-ferries-35494.html
    Sur la sécurité:
    Hier: http://archive.today/DIgGC
    Aujourd’hui: http://www.marsactu.fr/economie/talonnage-dun-bateau-corsica-ferries-se-defend-mal-35203.html
    Le dégazage: http://www.actu-environnement.com/ae/news/1154.php4

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