Michel Samson vous présente
Arts et essais

Post-scriptum d’une saison culturelle

Chronique
le 4 Sep 2018
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Après avoir chroniqué la justice et plus récemment la campagne électorale pour Marsactu, le journaliste et écrivain Michel Samson revient dans nos colonnes pour reprendre, à sa façon, l'analyse de la vie artistique locale. Et suivre par la même occasion une saison culturelle marquée par les grandes ambitions de MP2018. En cette fin de saison culturelle, il ajoute un post-scriptum très personnel à cette chronique.

Post-scriptum d’une saison culturelle
Post-scriptum d’une saison culturelle

Post-scriptum d’une saison culturelle

Le karaoké live à la Machine pneumatique

Dans un post-scriptum on ne revient pas sur ce qu’on a écrit. On ajoute un truc oublié, qu’on n’a pas eu le temps ou la place d’écrire. Ce P.S. sera comme un au revoir aux acteurs culturels de cette ville à mauvaise réputation. Une façon de dire que, sur ce terrain et ici, il se passe souvent -toujours ?- des choses belles et/ou étonnantes pour qui veut bien regarder, écouter, voir… Naïvement.

En ces derniers jours de la saison Quel Amour ! , qui m’a proposé de beaux moments durant neuf mois, j’ai été rôder au salon d’art contemporain Art-O-Rama où des galeristes venus d’Italie, d’Allemagne, de France et d’ailleurs montraient les œuvres qui les inspirent. J’y ai vu les cubes de plâtre blancs brisés de Virginie Sanna ; les fausses saucisses et le kebab grandeur nature, en verre et fourrés de pièces électronique, de Gillian Brett ; les belles photos de cases en terre de Marie Bovo ; des toiles représentant les formes et les couleurs des drapeaux de Ferrari -oui, les voitures- arrivées de Cluj-Napoca (Roumanie). J’ai ri en lisant le « catalogue » de l’exposition « La destruction du lieu d’exposition » de Jean-Baptiste Farkas : « Dévoyer le budget alloué pour une exposition et le proposer à titre d’exposition ». Résultat : quatre vieux morceaux de papier sale posés devant un mur blanc abîmé puisqu’il n’y a rien d’autre à voir. Parcourir le J1 consciencieusement c’était constater que cette profusion de l’absurde semble faire sens : rarement -jamais ?- une de ces toiles, objets ou vidéos ne semblait avoir pour fonction ou pour souci de plaire, de séduire. D’approcher de la beauté.

Même sentiment, en visitant l’expo Communication invisible… à la Friche la Belle de Mai. Une sorte d’absence d’émotion, si ce n’est devant les sables jetés au sol de la première salle, qui, eux, sont plutôt hors sujet puisque, au contraire, ils permettent une communication visible. Et même plus que cela : des impressions presque voluptueuses, et des traces, des traces…

Les traces de pas de Communication invisible, à la Friche

Cette vision (presque) désabusée des mondes de l’art contemporain tient, évidemment, à mon incompétence en matière artistique, alors même que j’avais été impressionné et très ému par l’exposition d’Ai Wei au Mucem.

Le samedi 1er septembre au soir, jour de la clôture de Quel Amour ! (clôturer quoi ?), j’ai entendu Rachid Taha, sur le toit de la Friche de la Belle de Mai. On voit toute la ville de cette immense terrasse. C’était une soirée “Kous-Kous, cuisine, musique, théâtre, radio“. Il y avait tout ça, du couscous, du vin, de la musique; et un monde fou. Au milieu de ces milliers de jeunes gens on sentait l’automne arriver, mais surtout la joie simple de vivre un instant ensemble sur les toits de la ville en mangeant et buvant un couscous de qualité et la musique de Taha.

Mais, pour moi, la plus belle soirée de fin de Quel Amour, a été celle du vendredi 31 juillet. Au cinéma l’Alhambra de Saint Henri j’ai d’abord vu un très beau documentaire, ravissant et émouvant : Rêves de princesses. Réalisé par Vincent Desombre autour de la guinguette Chez Lulu près de Tours, il montre et nous fait écouter des femmes retraitées, veuves, divorcées qui disent leurs peines, leurs espoirs, et leur amour de la danse ; et surtout parlent avec une rare élégance de leur vie sentimentale, passé et présente, qu’elles croyaient –expliqua Desombre- sans intérêt. Alors qu’il montre, en les filmant chez elles ou au dancing, combien leur vie affective vaut encore la peine d’être vécue -et, pour nous, spectateurs naïfs, d’être vue.

Sortant du cinéma émus, on allait alors à La Machine Pneumatique, à cent mètres de là. Sur cette place du Régali aux superbes et vieux platanes – que Robert Guédiguian a filmée- se déroulait un Karaoké live. Accompagné par une accordéoniste et un guitariste, aidé par un chanteur-animateur, chacun, adolescent ou retraité, enfant ou maman, pouvait monter sur scène et entonner un air de Rita Mitsouko ou une ancienne ballade, sentimentale ou militante. Pâtes faites maison, vin rosé ou bière pression, on bavardait en écoutant, on échangeait une cigarette, on parlait de demain dans la soirée qui tombait. Dans une atmosphère de fin de Quel Amour ? Non, en ce lieu populaire, dans une sorte de sérénité tranquille, on sentait que Quel Amour était sans fin…

P.S. au P.S. : Je remercie l’équipe de Marsactu qui a eu la gentillesse de m’offrir une chronique hebdomadaire alors qu’ils savaient bien, eux, que je n’avais jamais écrit sur ces questions culturelles.

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