Marseille a un grain de café
Détail d'une tasse de café. Paul Downey/flickr
Croyez-moi ou non mais j’avais pour intention initiale d’évoquer ici-même la dernière station uvale de Marseille, je parle bien sûr du kiosque à jus de raisins (servi à la coupe ou double coupe) qui tourne le dos au 29 cours Pierre Puget, animé depuis plus de 30 ans par Maryse et son mari. Seulement voila : malgré mes cinq messages, Maryse ne m’a jamais rappelé afin de poursuivre notre conversation matinale. Allez-y quand même, leur petite affaire saisonnière cesse le 1er octobre prochain pour ne réapparaître que début juin de l’année suivante. Et puisqu’il faut bien noircir cette chronique, parlons d’un liquide autre donc. Le café.
Soyons honnêtes : au-delà de son glorieux passé (ouverture de la première « maison de café » au 17ème, plaque tournante européenne d’importation de café au milieu du siècle suivant), la cité phocéenne n’est pas un territoire très café friendly. Le « café du café » Henry Blanc a inondé la majorité des tables et bars et si l’on peut saluer la politique mécénat du torréfacteur aux 17 millions d’euros de chiffre d’affaires, il faut avouer que ses propositions sont assez désespérantes. Heureusement que cela permet à certains honnêtes restaurateurs de gagner leur vie (la tasse coûte généralement à ces derniers 10 à 13 centimes en café). Malongo, généreux sponsor de la récente expo Café In au Mucem (un tiers du million d’euros de budget) ? Un peu mieux, quoique, le guide gastronomique régional Le Bouche à Oreille (qui a la bonne idée de noter le café comme avant lui le critique Claude Lebey dans son ouvrage éponyme lancé au milieu des années 80) accorde volontiers un passable 10/20 à la marque. Les Cafés Débout actuellement en travaux ? « C’était mieux avant » répondraient en cœur les ex-amoureux de l’enseigne de la rue Francis Davso.
Pas très café friendly
Quant à la fierté locale, Charlotte Malaval (Marseillaise deux fois titrée meilleure barista de l’Hexagone et qui a également décroché une 6ème place aux championnats du monde à Seattle il y a quelques années), elle exerce aujourd’hui ses talents de l’autre côté du globe, à Sydney. Quelques valeureux résistent cependant. Je pense à Green Bear Coffee qui sert en centre-ville des tasses tout à fait correctes (Les Cafés de la Major, un torréfacteur arlésien) ainsi qu’à Madame Jeanne et la Cave des Papilles, adresses fournies par le héros de la scène française du speciality coffee Hippolyte Courty (L’Arbre à Café – Paris), par ailleurs auteur d’une somme militante et documentée sur son sujet de prédilection (Café aux éditions du Chêne publié en 2015). Il se murmure également qu’un Parisien d’origine rwandaise a prévu de s’installer à Notre-Dame du Mont dans un bon mois. Autre référence, éminemment plus ancrée : Luciani, que j’avais découvert chez Gérald Passédat, (8,50 euros l’expresso) fidèle parmi les fidèles de cet atelier familial situé boulevard Alphonse Moutte dans le 13ème.
Cela fait une poignée de décennies qu’Antoine Luciani torréfie lui-même ses fèves quatre matins par semaine (sauf le vendredi) et qu’il retape des Faema des années 60 quand il est censé se reposer. Jetez-y un coup d’œil, le lieu est accessible aux curieux d’autant qu’il abrite également une résidence d’artistes (Matteo Nassini en ce moment, un “sculpteur sonore”). On y trouve également de la ferronnerie et de la céramique, la faute à Emmanuelle Luciani, 31 ans, fille de et surtout conservatrice d’exposition de métier. Leurs mélanges d’arabica d’Amérique Centrale valent notamment le détour, à domicile comme à l’extérieur (la pizzeria La Bonne Mère, chez Georges boulevard Chave, le Baron Perché, Coogee, Don Alfonso à Cassis). Aux dosettes que le paternel commercialise contre son gré (“il n’y a que 5 grammes de café là-dedans quand il en faudrait 7 à 8”), préférez le vrac à 19 euros le kilo, en grains ou moulu. Je ne sais pas vous mais je ne reste moi pas insensible au travail d’un homme qui a élevé ses enfants au son de “le supermarché, c’est de la merde” et dont le péché mignon est le”gâteau de famille”, cette pâtisserie ménagère qui alterne couches de chocolat et biscuits bruns. La Ville a beau rouler officiellement pour Henry Blanc, le nouveau patron des musées marseillais carburerait lui en Luciani. Signe qui ne trompe pas.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Il y a quand même les torréfactions Noailles (Henry Blanc certes) mais qui propose un choix intéressant de café.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Merci,
Adresse Café Luciani notée
Se connecter pour écrire un commentaire.
L’Écomotive (2 place des Marseillaises, au pied du grand escalier de la gare St Charles) sert également du café Luciani.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Dans les Docks à la Joliette, chez Picnic, le café y est toujours très bon.
Se connecter pour écrire un commentaire.