E comme écoles
E comme Estaque | Nous, à l’Estaque Riaux, on a un muret sur lequel on peut jouer au funambule, le dos collé à la clôture jaune et bleue. Nous on est dans la cour et les autres sont en classe. Nous, on est les reines de la cour.
16 décembre 2016. Entre les épluchures de mandarines et les papiers défroissés des blagues qu’on a trouvées autour des papillotes, la dernière journée de classe n’en finit pas de finir. On a passé la journée à colorier des sapins et des pères Noël, à regarder des dessins animés et à chanter des rengaines de circonstance. Maintenant la maîtresse a dit de se calmer, de faire son cartable et de le mettre sur sa table. Les bras plaqués au bureau, la joue posée sur son barda, on attend immobiles que retentisse la dernière sonnerie de l’année. On regarde le tableau décoré avec les craies de toutes les couleurs, le professeur qui feuillette avec ravissement un catalogue de voyage, le soir qui tombe aux fenêtres de la classe.
Une cour, des immeubles, des collines, le ciel et la mer quelquefois, c’est la part du paysage urbain qui, cette année à cette place, nous a été donnée. On la connaît par cœur, on la visite dès qu’il s’agit de s’abstraire de la litanie des leçons, on l’aime comme on aimerait un quartier intime. Et il y a sans doute, à cet instant, dans d’autres écoles de Marseille, d’autres élèves pour l’aimer tout autant.
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Luc Barras et Michea Jacobi
Commentaires
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Merci pour ce moment de poésie.
Sans l’oublier on dépasse la tristesse provoquée par l’état de nombreuses écoles marseillaises pour se placer au niveau des enfants et rêver avec eux.
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