Michea Jacobi vous présente
Les piétons de Marseille

E comme écoles

Chronique
le 17 Déc 2016
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E comme Estaque | Nous, à l’Estaque Riaux, on a un muret sur lequel on peut jouer au funambule, le dos collé à la clôture jaune et bleue. Nous on est dans la cour et les autres sont en classe. Nous, on est les reines de la cour.
E comme Estaque | Nous, à l’Estaque Riaux, on a un muret sur lequel on peut jouer au funambule, le dos collé à la clôture jaune et bleue. Nous on est dans la cour et les autres sont en classe. Nous, on est les reines de la cour.

E comme Estaque | Nous, à l’Estaque Riaux, on a un muret sur lequel on peut jouer au funambule, le dos collé à la clôture jaune et bleue. Nous on est dans la cour et les autres sont en classe. Nous, on est les reines de la cour.

Michéa Jacobi est un artiste marcheur qui arpente la ville et, de temps en temps, en fait la chronique. Écrivain, graveur, dessinateur, il fait un inventaire à hauteur d’homme des curiosités qu’offrent la ville et ses paysages. Il trie ce qu’il voit en suivant les 26 lettres de l’alphabet. Il a décidé de s’associer à un autre marcheur, Luc Barras, photographe et dessinateur, qui expose des instants volés à Marseille et à sa propre vie mêlés dans de savantes compositions numériques. Pour la lettre E, ils explorent les écoles sous toutes les coutures.

16 décembre 2016. Entre les épluchures de mandarines et les papiers défroissés des blagues qu’on a trouvées autour des papillotes, la dernière journée de classe n’en finit pas de finir. On a passé la journée à colorier des sapins et des pères Noël, à regarder des dessins animés et à chanter des rengaines de circonstance. Maintenant la maîtresse a dit de se calmer, de faire son cartable et de le mettre sur sa table. Les bras plaqués au bureau, la joue posée sur son barda, on attend immobiles que retentisse la dernière sonnerie de l’année. On regarde le tableau décoré avec les craies de toutes les couleurs, le professeur qui feuillette avec ravissement un catalogue de voyage, le soir qui tombe aux fenêtres de la classe.

Une cour, des immeubles, des collines, le ciel et la mer quelquefois, c’est la part du paysage urbain qui, cette année à cette place, nous a été donnée. On la connaît par cœur, on la visite dès qu’il s’agit de s’abstraire de la litanie des leçons, on l’aime comme on aimerait un quartier intime. Et il y a sans doute, à cet instant, dans d’autres écoles de Marseille, d’autres élèves pour l’aimer tout autant.

(Pour profiter en plein écran des photos, cliquez sur les deux flèches en haut à droite)

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Luc Barras et Michea Jacobi

Michea Jacobi
Michéa Jacobi est graveur et écrivain. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Chroniqueur à Marseille l’Hebdo pendant plus de dix ans, il a rassemblé ses articles dans un recueil intitulé Le Piéton chronique (Éditions Parenthèses) et il a écrit pour le même éditeur une anthologie littéraire Marseille en toutes lettres.

Commentaires

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  1. julijo julijo

    Merci pour ce moment de poésie.
    Sans l’oublier on dépasse la tristesse provoquée par l’état de nombreuses écoles marseillaises pour se placer au niveau des enfants et rêver avec eux.

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