[Mazargues, un village dans la campagne] Après tour…

Chronique
le 2 Mai 2017
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La rue Émile-Zola et l
La rue Émile-Zola et l'église de Mazargues (Photo : CV)

La rue Émile-Zola et l'église de Mazargues (Photo : CV)


Après la justice et la culture, Michel Samson poursuit son compagnonnage journalistique avec Marsactu. Dans cette nouvelle chronique, il regarde la campagne présidentielle depuis le village de Mazargues. Ancré à droite, malgré un vieux fond de gauche, à la lisière de quartiers populaires, le quartier natal de Jean-Claude Gaudin est son nouveau terrain d’exploration. Pour ce dernier épisode de la chronique, Michel Samson fait le tour des militants avant le second tour.

La semaine d’après premier tour est passé à une telle allure que les nouvelles semblaient fondre jour après jour. Pourtant…

Lundi 24 avril

Les partisans de François Fillon se réunissent dans le local de la permanence Teissier. Au cœur de la circonscription du 9/10. L’assistance est nombreuse, 150 personnes, et l’ambiance est morose en ce lendemain d’une défaite pourtant attendue. On s’embrasse, on se console vaguement, on s’interroge entre amis, mines souvent déconfites. Un quadragénaire m’assure qu’il “votera Marine”, une autre est furieuse “de la position de Muselier, il n’a même pas attendu une minute” pour appeler à voter Macron.

Quand le député Teissier arrive, il est applaudi et brusquement le silence se forme, on s’assied, on attend. Le chef va dire comment il voit les choses. S’insurgeant contre le “hold-up politique” responsable de la défaite de Fillon, il refuse de rentrer dans le “schéma du barrage à Madame Le Pen” et conclut donc : “Je ne donnerai pas de consigne de vote, chacun fera en son âme et conscience”.

L’assistance qui attendait un mot de son député parait rassurée et bien sûr on passe à la suite : ces législatives dont on craint qu’elles soient douloureuses, même si l’espoir de la reconduction de Guy Teissier fait peu de doutes. “Ca commence demain soir”, précise le maire de secteur Lionel Royer-Perrault qui n’oublie pas d’évoquer “le bon sens de la droite”, celle qui refuse d’aider “ceux qui vivent aux crochets de la société”. Ni de dire que les élus ont raison de s’interroger quand “une famille qui arrive, huit enfants, touche 4400 euros d’aide sociale… La droite doit toujours revenir sur ses fondamentaux”. Dans ces assemblées on ne débat pas, on s’encourage, on s’applaudit, on s’embrasse et c’est reparti…

Au même moment les partisans locaux de Macron de réunissaient dans la brasserie de Mazargues qui accueille mensuellement les socialistes…

Les partisans de Guy Teissier font le bilan. Partisan de Macron, Michel Collet-Fénetrier croise la FN Eléonore Bez. Les socialistes de la section 309 oscillent entre tristesse et détermination. Photos : M.S.

Mardi 25 avril

La section socialiste se réunit donc ce lendemain soir de défaite dans la brasserie de Mazargues habituelle. Là, on est peu nombreux mais on discute sec. “18 présents, 5 excusés”, le responsable de section qui a voté Macron dès le premier tour, assure la présidence et annonce l’ordre du jour qu’il résume ainsi : “le débat politique (31 interventions, sans compter les interruptions…) sur le bilan du 1er tour a été passionné mais correct ; nous avons évoqué les causes de la faiblesse du score de Benoît Hamon, l’état du parti à ce jour, la question du vote au second tour”.

Pendant plus d’une heure en effet, ces militants ayant voté Macron ou Hamon mais déjà vaguement réconciliés, ont essayé de comprendre pourquoi le candidat du PS avait pris une telle gifle. Ils avouent tous leur désarroi, s’accrochent parfois rudement et discutent de la législative qui arrive. Voix grave, ému, Marwan Mettouchi qui vit et milite à la Cayolle, est accablé par l’ampleur du vote FN. Il tient à lire un court texte qui se conclut ainsi : “Ils ont gagné et la République l’accepte”, son émotion est palpable, elle est saluée par quelques applaudissements presque gênés. La jeune Camélia affirme que “socialiste, ça ne veut plus rien dire aujourd’hui” avant de confier qu’elle n’ira pas voter au deuxième tour de la présidentielle – ce qui choque pas mal de ses camarades.

Quant aux législatives elles ne s’annoncent pas plus gaies : le PS 13 sacrifie régulièrement cette circonscription au profit des accords avec les autres partis. La 9/10 semble cette fois encore offerte aux écologistes. Les militants de la 309, lassés, décident qu’ils ne recevront le supposé candidat vert Hervé Menchon qu’après le second tour de  la présidentielle.

Jeudi 27 avril

C’est évidement reparti sur le terrain pour les militants dont les leaders figurent au deuxième tour. Au marché Michelet, ceux du FN diffusent les “engagements présidentiels de Marine Le Pen”, avec Eleonore Bez, candidate à la députation dans la circonscription. L’accueil des commerçants est souvent bon : “Marine, c’est la seule qui a la hargne”, lance un marchand de fleurs. “Ils vont tous à la gamelle, le soupe doit être bonne”, explique madame Bez qui résume ainsi les choses pour tous ceux qu’elle croise : “D’un côté la banque, de l’autre la France”. Les marcheurs d’Emmanuel Macron ont aussi rendez-vous sur ce marché : ils ne parlent que “du tour décisif”, laissant d’autant plus facilement la question des législatives qu’ils ne connaissent pas leur candidat. “Moi j’ai postulé pour être suppléant”, explique Michel Collet-Fenetrier “mais de toutes façons on attend les décisions de Paris”. Marcheurs macronistes et diffuseurs du Front national se croisent : l’ambiance est tendue, reste correcte. Et un dialogue de sourds s’engage. Michel Collet-Fénetrier, bavarde avec une retraitée pro-FN en colère et sûre d’elle. Eleonore Bez, qu’il ne connaît pas, s’invite dans la discussion et les arguments s’échangent devant la retraitée pas mécontente d’être au cœur du débat.

Ce même soir les partisans de la France Insoumise se réunissent. Entre eux. Ils analysent les résultats, préparent leurs votes et décident des suites à venir. “Pas une voix au FN”, m’explique Jean-Marc Cavagnera qui s’insurge : “Qu’on arrête de nous culpabiliser, Jean-Luc Mélenchon a fait tout le boulot, son silence des premiers jours est normal et puis les gens n’entendent plus les consignes lancées d’en haut, comme ça !”. Quant aux législatives à venir, elles sont “très importantes, il faut avoir le maximum d’élus, ne pas baisser les bras”. Les militants de la France Insoumise ont une candidate à proposer mais attendent le résultat de la discussion nationale en cours entre PCF, Parti de Gauche et alii. Les militants du PCF, qui ont aussi choisi leur candidat, ont préféré aussi rester discrets d’autant qu’en leur sein même ça débat fort…

Dans la circonscription, beaucoup prévoient “une quadrangulaire” mais chacun ajoute que tout dépend des résultats du 7 mai.

Samedi 29 avril

Justement en ce matin froid et ensoleillé et pour ce deuxième tour majeur, les Macronistes diffusent leur nouveau tract “Ensemble la France !” au Cabot quand les amis de madame Bez se rencontrent dans leur lieu habituel pour organiser leur diffusion militante hebdomadaire. C’est le début de la dernière ligne droite.

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