Chez les pompiers, le trône du colonel Jorda vacille
Le colonel Jorda au premier plan lors d'une visite de Jean-Noël Guérini et du préfet de police de l'époque, Bernard Squarcini. (Photo : Max Missak)
Le torchon brûle chez les sapeurs-pompiers. Depuis janvier, le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) est présidé par Jean-Noël Guérini en personne. Et, depuis, celui-ci fait le ménage avec une certaine fermeté et la volonté de mettre fin à un certain nombre de pratiques loin d'être "irréprochables" pour reprendre son expression. Ce qui dans la bouche de l'intéressé a de quoi faire sourire.
Le premier visé est le directeur du Sdis 13, Luc Jorda. "Au fil des conseils d'administration, on le voit rentrer la tête dans les épaules. Le président ne le regarde même pas. Si on ne connaissait pas le bonhomme, on en aurait presque pitié", décrit l'un de ses détracteurs. Car ceux qui connaissent et pratiquent le colonel Jorda ne sont pas habitués à le voir faire profil bas. "Cassant, colérique, voire même pervers narcissique", ses contempteurs ne manquent pas d'adjectifs peu laudatifs pour décrire sa façon de mener les hommes et d'administrer le service. C'est d'ailleurs ce qui vaut au colonel Jorda de comparaître demain devant le tribunal administratif où une ancienne officier du Sdis 13 le poursuit pour harcèlement moral.
Ce n'est pas la première fois que le colonel Jorda se retrouve devant les tribunaux pour un différend avec un de ses subordonnés. Mais ce rendez-vous judiciaire intervient dans un contexte où le trône de l'omnipotent directeur apparaît soudain fragilisé. En témoigne la dernière réunion du bureau du Sdis 13 en date du 14 mars.
Lettre des officiers supérieurs
Cette instance fonctionne comme le conseil des ministres de l'établissement public, si on veut bien considérer que le conseil d'administration y joue le rôle d'un parlement. Lors de la dernière réunion de ce bureau, Jean-Noël Guérini a tenu à commencer par un long aparté. En effet, comme d'autres élus du conseil d'administration, le président du CG 13 a reçu une lettre du colonel Gérard Patimo, n°2 du Sdis et collaborateur direct de Luc Jorda. Le président Guérini a fait une lecture intégrale de cette missive dont nous avons pu avoir connaissance. Elle est censée témoigner du malaise des principaux cadres du Sdis vis-à-vis de la nouvelle politique qui prévaut à la tête du service.
Certains membres de l'encadrement, certes qui ne représentent pas le personnel, sont mis en cause du fait de leur travail par [le rapport de la chambre régionale des comptes] auquel ils entendent bien répondre (…). Ils ne comprennent pas vraiment qu'aujourd'hui, sans leur demander d'explications vous preniez des dispositions qui pourraient laisser entendre que vous ne leur témoignez plus la confiance que vous avez tenue à afficher lorsque vous les avez réunis à l'état major.
Ces cadres ont une "perception très négative" de l'opération en cours et ont tenu à le faire savoir au nouveau président qui n'a pas beaucoup apprécié l'initiative. En répondant au colonel Patimo, il prend soin d'inclure le directeur Jorda à chacune de ses remarques. Car, Guérini le dit, ce n'est pas "avec plaisir" qu'il a pris la présidence, "je m'en serais bien passé". S'il a pris un certain nombre de décisions qui ont déplu "c'est qu'il y avait urgence".
Dans la foulée, il enchaîne à ce qui ressemble bien à une descente en règle de l'administration de Luc Jorda :
Lorsqu'on veut me donner des leçons, c'est qu'on est de véritables professionnels de l'administration, mais dans l'administration il faut être irréprochable, or ce n'est pas le cas lorsqu'on fait une réponse à la chambre régionale des comptes que mon cabinet est obligé de reprendre entièrement parce que vous ne répondez aux questions de fond, aux plus gros reproches. Et on vous a téléphoné, colonel.
Le président Guérini va jusqu'à dire qu'il ne dort pas depuis qu'il a repris la présidence du Sdis 13 et enchaîne par une anaphore très hollandiste ponctuant chacune des mesures prévues – reprise du dialogue social avec les syndicats, nomination d'un directeur des affaires financières ou d'un autre aux ressources humaines – d'un "que ceci vous plaise ou pas". Comme le président est énervé, il s'emballe et déballe :
Lorsqu'on transmet deux caisses de parapheurs sur des marchés qu'il faut régulariser depuis plusieurs mois, pensez-vous que ce soit une bonne administration ? Lorsque vous êtes incapable de mettre en place un service des ressources humaines avec des fiches de poste, l'actif du Sdis, les logements de fonction, la régie, la vente aux enchères, le paiement des cantines, la lettre du payeur d'alerte… Et j'arrête là mon propos.
L'initiative du colonel Patimo ne passe pas et un certain nombre de rapports soumis au vote est retoqué avec une brutalité à laquelle les membres historiques du bureau ne sont pas habitués. En effet, durant la présidence de Jean-Pierre Maggi, le bureau était plutôt la chambre d'enregistrement des décisions prises avec le colonel Jorda. Le conseil d'administration étant le plus souvent mis devant le fait accompli après coup.
Une C8 depuis 2007
L'ère Guérini part sous de nouvelles auspices. Le nouveau président insomniaque demande "une remise à plat des logements de fonction, des voitures, de tous les avantages en nature et de certaines situations historiques mais je ne citerai aucun nom". Le colonel Jorda a des chances de figurer sur cette liste puisqu'il bénéficie lui-même d'un logement depuis son entrée en fonction en 1997 et ce même s'il est, selon nos informations, propriétaire de deux biens immobiliers à proximité géographique du siège du Sdis.
Contacté, le colonel Jorda, par la bouche du service communication du Sdis, confirme l'existence de ces logements personnels en plus de son logement de fonction. Ajoutant qu'il s'agit là d'investissement dans l'objectif de continuer à résider à Marseille, après sa retraite, en 2014. Pour le colonel, tout ceci est "légal" et correspond aux attributions d'un haut fonctionnaire de l'administration. Tout comme sans doute, ses voitures de fonction qui devraient également apparaître sur la liste puisqu'il roule dans une C8 depuis 2007 et dispose d'un véhicule tout terrain les jours où il doit se rendre sur le théâtre des opérations.
Mais il n'est pas le seul dans ce cas. Durant des années, le président Maggi et trois vice-présidents du Sdis auraient également bénéficié des véhicules de fonction accompagnés de cartes de carburant et de péage sans qu'aucune nécessité de service ne justifie cet avantage. Voilà donc pour les noms que le président Guérini – par pudeur pour les présents – ne veut pas citer. Le rapport définitif de la chambre régionale des comptes devrait sans doute éclairer d'autres zones d'ombres de la gestion administrative du Sdis 13 avant que les feux de forêts de l'été n'éloignent un temps les nuages des critiques de l'astre intouchable des sapeurs-pompiers.
Commentaires
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et bien , il serait temps ! car la liste des victimes de M.Jorda est longue …il y a eu plusieurs procès pour harcèlement moral , des sanctions disciplinaires et des mutations qui ont frappé les officiers qui s’opposaient à ce tyran …c’est un peu tard…
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Gestion administrative calamiteuse certes..quant à l’organisation opérationnelle…cher benoît gilles renseignez vous la dessus aussi..car c’est encore pire!!! Fonctionnement d’un autre temps,une décade de retard sur ce qui se fait dans certains départements de même ampleur,sous professionnalisation suicidaire,non respect des textes,politique du tout pompier volontaire associato-destructeur,favoritisme,incompétents notoires non titulaires aux plus hautes fonctions,vacataires..des beaux camions neufs en rideau de fumee pour plaire aux simples d’esprit..c’est l’ensemble de l’état major qu’il faut virer..une mise sous tutelle…vite mr vals!!!!
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Comme les ouvriers anglais qui ne verseront pas de larmes pour la dame de fer,beaucoup de pompiers professionnels n’en verseront pas pour les déboires de ce monsieur,sauf les niais qu’il a contenter dans l’immobilisme et l’autosatisfaction provençale…les forts en gueules qui n’ont jamais quitter leur caserne étant sûres de détenir la vérité ..celle de ce monsieur.ciao les peucheres,et ne venez surtout pas jouer les jean moulin de la dernière heure…on vous connaît !!!
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L’Astre intouchable des sapeurs pompiers!
Voilà une formule flamboyante.
Benoit, serait-tu quelque peu devin,en plus d’être un super bon journaliste.
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Eh ben.
Qu’est-ce qu’on fait? On appelle les pompiers.
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mais que fait la justice bordel ? pourquoi le CG13 n’a t il pas réagi avant !? comment ce fait il que des gens comme ça puisse être toujours aux commandes ? après toutes ces années….tout le monde s’en foutait ?
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Que fait la justice?
La justice prend son temps.
Mais il paraît que lorsqu’elle démarre rien ne peut l’arrêter.
Entre-temps il y a des prescriptions,il y a le temps qui passe,il y a les gens qui se découragent.
Et quelquefois la justice dit pourquoi il y a ce genre d’invidu aux commandes.
Quelquefois, pas toujours, pas souvent.
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pour une fois, je soutiens Guerini.
Il y a un grand coup balais à donner au SDIS 13.
mais ce n’est pas que depuis Jorda……
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Enfin !!!!
Depuis que ça dure !!!
Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
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mais c’est quoi bien faire???
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ny at’il pas un problème plus général…..200000 VOLONTAIRES remuneres,sans imposition ,ni charges sociales…et qui touche une sorte de retraite sans cotiser;on croit rêver,en période de chômage,olaos qu’on ne peut plus payer les retraites de ceux qui ont cotisé….
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alors cher Monsieur Benoit Gilles pouvez vous nous tenir au courant des résultats du rapport de la chambre des comptes que vous nous annonciez fracassant?
Et “le trône du Colonel Jorda”, il vacille encore? enfin je crois qu’il attendra l’age de son départ a la retraite pour partir par la grande porte. Qu’en pensez vous Monsieur Benoit Gilles? il ne s’agit pas d’allumer les feux de paille, il faut aussi s’expliquer!!!
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J’ai travaille aux cotes du Colonel Jorda en 1984.J’ai connu un homme certes ,a fort caractere,mais surtout travailleur,consciencieux,competent et humain.Il a cree mon poste et je lui dois en partie ce que je suis devenu.La liste de ceux que je connais et qui lui doivent leur poste est longue.J’ai travaille pendant 10 annees comme SPP et j’y ai rencontre des hommes et des femmes passionnes et devoues.Je n’ai jamais eu l’impression qu’ils ne meritaient pas leurs vacations
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