Charly Keita Sing chante le Mali

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le 12 Mar 2012
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Charly Keita Sing chante le Mali
Charly Keita Sing chante le Mali

Charly Keita Sing chante le Mali

Le chapeau vissé sur les oreilles, la pétillante Charly Keita Sing est une originale, du genre des inclassables. Son atelier, situé en plein cœur du Panier, a tout d’une caverne d’Ali-Baba, témoin de ses multiples divagations artistiques : murs tapissés de toiles colorées, masques d’inspiration africaine, cahiers aux notes éparses rangés sur un piano ouvert et lit à baldaquin aux rideaux africains. Charly, qui n’est pas du matin, exerce parfois ses vocalises la nuit, gratifiant des voisins compréhensifs de quelques concertos privés. Mais elle n’a nul besoin de se lever à l’aube pour que le monde lui appartienne. Elle s’en saisit au vol, à midi comme à minuit, avec une insolente et irrésistible joie de vivre.

Lorsqu’elle s’installe à Marseille en 2004, la jolie brune compte déjà à son actif une expérience artistique foisonnante. Après des cours de chant lyrique à Romans dans la Drôme, une année de Conservatoire à Grenoble, des cours de peinture et quelques expériences théâtrales, Charly Keita Sing inaugure enfin son atelier dans le quartier du Panier. Pendant une année encore, elle est costumière à l’Opéra de la ville.

Une âme de guerrière

Pourtant Charly a trop de culot, trop d’envies pour se ranger sagement. A vingt-deux ans, elle se lance un défi, celui qui va chambouler toute sa vie : seule, un sac sur le dos et la boule à zéro « pour ressembler à une guerrière », elle entreprend un voyage de six mois au Mali : « Je voulais me prouver que j’en étais capable. Et puis rien de particulier ne me retenait ». Là-bas, Charly ne recule devant rien, allant jusqu’à se faire passer pour un reporter militaire avec sa veste de camouflage et ses cheveux rasés. « J’avais envie d’être neutre. Certains enfants qui n’avaient pas l’habitude de voir une femme blanche me prenaient pour un garçon ». Après des marches et des bivouacs dans le désert auprès de Touaregs, puis dans un village troglodyte, elle revient avec des centaines de clichés, la connaissance de dialectes maliens, des carnets de voyage tenus quotidiennement, « fracassée de fatigue ou pas » et l’envie dévorante de réaliser un CD.

La route du Soleil, sorti fin 2011, est signé du nom qu'on lui a donné au Mali. L'oeuvre se compose de dix chansons directement inspirées de son aventure sur un style « world music » teinté de folk. Charly Keita Sing y raconte notamment son expérience humanitaire dans un hôpital de campagne, « auprès de ma mère africaine de cœur, Fima, une femme qui m’a accueillie et s’est occupée de moi ». Ainsi, le titre Les Ailes de Yahiben évoque l’histoire d’une jeune fille paralysée après un accident, Pendant que maman ne dort pas parle d’un accouchement difficile au terme duquel Charly Keita Sing est chargée de réanimer le nourrisson sans souffle. La voix douce et assurée de la jeune femme chante les confidences de Maliennes sur leur quotidien, aborde des thèmes lourds tels que l’excision et la polygamie par laquelle « certaines se sentent trahies, d’autres y trouvent leur compte ».

Une partie d’elle-même est sans doute restée sur le continent africain : « La nuit, quand je me réveille, il m’arrive de me demander où je suis. Au Mali je dormais avec des moustiquaires et ici, mon lit est entouré de rideaux, du coup je suis perdue… » Outre l'inspiration artistique que le voyage lui a apporté, Charly Keita Sing se sent renforcée, mûrie : « J’ai pris conscience de ce que pouvait être la vie sous un autre angle. Et puis je me suis prouvé que j’étais quelqu’un aussi, j’ai plus confiance en moi. Quand on a une envie, un rêve, il faut le faire, tout simplement ! ». En attendant la parution de ses carnets de voyages, Charly rêve de retourner au Mali, pour s’y produire, cette fois, en concert, avec des musiciens maliens.

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