[C’est mon data] Municipales : les listes à l’épreuve du “renouvélomètre”

Décryptage
le 11 Mar 2020
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Marsactu a croisé les 2556 candidats aux municipales avec les fichiers des précédentes élections. 481 ont déjà figuré sur une liste, dont 215 ont déjà été élus. Si le renouvellement domine, il se décline différemment suivant les candidats et les secteurs.

Parmi les exemples analysés, l
Parmi les exemples analysés, l'ensemble des têtes de listes de Bruno Gilles sont des élus sortants. (Image JV)

Parmi les exemples analysés, l'ensemble des têtes de listes de Bruno Gilles sont des élus sortants. (Image JV)

L'enjeu

Quelle est la liste qui comprend le plus de néo-candidats ? Où se présentent les sortants ? Est-ce la même chose pour la métropole ? Notre renouvélomètre révèle la réalité derrière les annonces.

Le contexte

Les élections municipales en 2020 mettent en avant le renouvellement des candidats, quelle que soit la couleur politique des listes.

“70 % de nouveaux” chez Martine Vassal, “290 à n’avoir jamais été élus auparavant” chez Yvon Berland, “50 % de conseillers municipaux citoyens” pour le Printemps marseillais. Pour ces municipales à Marseille, le renouvellement sur les listes est un argument que l’on chiffre. Nous avons pris au mot les candidats en croisant les 303 noms[1] qu’ils présentent avec les fichiers des élus et candidats des élections depuis 2001[2].

Ce “renouvélomètre”, qui fait ressortir le degré de renouvellement des listes, confirme l’affichage de Martine Vassal : nous n’avons pas retrouvé trace d’une candidature pour 204 de ses 302 colistiers. Sans surprise, s’agissant d’une candidate issue de la majorité municipale et dans un territoire où LR est aux manettes du département et de la région, sa liste est cependant celle qui compte le plus d’élus ou anciens élus : 77, dont 45 ont exercé un mandat autre que celui, non rémunéré, de conseiller d’arrondissements (conseiller municipal, métropolitain, départemental, régional, parlementaire).

Parmi les listes où l’on repère de nombreux noms, deux se détachent. Chez Stéphane Ravier (RN), on repère 34 élus, dont 19 issus des 13e et 14e arrondissements mais aussi plusieurs conseillers régionaux. Michèle Rubirola ne peut pas s’appuyer sur une mairie de secteur de gauche pour alimenter les listes de conseillers d’arrondissements (Lisette Narducci s’est alliée à la droite et Samia Ghali fait route à part). Le Printemps marseillais se distingue donc surtout par les 60 personnes qui ont déjà fait acte de candidature par le passé. Citons toutefois également Lutte ouvrière, présente dans trois secteurs, qui aligne 29 personnes déjà candidates sur 72 noms, mais aucune déjà élue.

Au sommet du ratio de renouvellement, on retrouve non pas la liste d’Yvon Berland, qui se revendique le seul candidat de la société civile, mais d’une courte tête celles de Samia Ghali puis de Sébastien Barles. Pour ce dernier, nous n’avons pas inclus la liste Unir !, qu’il soutient dans les 13e et 14e arrondissements. Celle-ci affiche un quart de personnalités connues, dont deux déjà élus, Olivier Agullo et Samy Joshua.

Mais notre renouvélomètre serait un bien piètre instrument s’il oubliait de prendre en compte à quelle place se trouvent les uns et les autres. En rétrécissant le champ aux candidats à la métropole (présents plutôt dans le haut des listes), le taux de renouvellement chute à 58 % pour Martine Vassal et un autre candidat fait son apparition sur le podium : Bruno Gilles. Avec 34 élus, il était déjà à égalité avec Stéphane Ravier pour le nombre de sortants présents sur ses listes. Or, 28 d’entre eux sont “fléchés” sur la liste métropolitaine.

Comme Marsactu l’a déjà souligné pour Martine Vassal, cet examen plus approfondi peut se révéler spectaculaire. Ainsi, lorsque l’on dessine la “carte” du renouvellement, les élus présents sur sa liste apparaissent concentrés dans les trois secteurs détenus par LR, à l’exception du 4/5, celui de Bruno Gilles, renouvelé à 97 %. Dans cette veine, citons également Samia Ghali où les sept premiers de la liste des 15e et 16e arrondissements sont tous élus ou anciens élus. De même dans le 13/14 pour les trois noms suivant Stéphane Ravier. Pour Yvon Berland, on note tout juste un tropisme dans les 15e et 16e arrondissements : aux six premières places, deux adjoints de la mairie de secteur et une élue de secteur d’opposition suivent le député Saïd Ahamada et sa suppléante, en compagnie de Mamadou Niang, footballeur en retraite et débutant en politique.

Le renouvélomètre complet

Vous pouvez naviguer entre les têtes de liste et afficher l’ensemble des candidats sur la ville. Pour chaque secteur (entre 24 et 48 candidats), nous avons affiché une ligne noire représentant la limite d’éligibilité au conseil municipal en cas de victoire (celle-ci dépend bien entendu des scores exacts des différentes listes).

Sébastien Barles

Yvon Berland

Samia Ghali

Bruno Gilles

Stéphane Ravier

Michèle Rubirola

Martine Vassal

Article et graphiques actualisés le 12 mars avec 19 nouveaux candidats repérés.

[1] Les listes des candidats présents dans tous les secteurs comptent jusqu’à 313 noms, car il est possible d’ajouter deux noms supplémentaires au nombre nécessaire.

[2] Nous avons pu confondre deux personnes par homonymie ou à l’inverse oublier une personne dont le nom n’apparaîtrait pas de la même manière sur deux fichiers. N’hésitez pas à nous le signaler ! Les données complètes sont disponibles ici.

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Commentaires

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  1. Flodrigue Balanbois Flodrigue Balanbois

    superbe travail ! On voit clairement les secteurs ciblés à l’agglutinement d’élus en tête sur certaines listes.

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  2. hugouf hugouf

    Tout à fait ! Le dernier graph par secteur est topissime.

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  3. Alceste. Alceste.

    Franchement , si l’on regarde le “team” Bruno Gilles , comme aurait dit mon professeur de Latin :”Nihil sub sole novum” (rien de nouveau sous le soleil).
    Cette maxime s’appliquant aux autre listes , du moins au niveau des éligibles.

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  4. Regard Neutre Regard Neutre

    Le dernier graphe met bien en lumière que toutes les listes sont toujours portées principalement par de nombreux élus/arapèdes, ceux qui sont toujours candidats à n’importe quelle occasion, — très anciens parfois pour les plus connus— qui font seulement de la politique pour vivre de la politique.D’ailleurs,il se reconnaîtront,rares sont ceux qui ont exercé un métier dans la durée.Aussi,comment voulez-vous qu’un citoyen néophyte s’engage par seulement convictions et qu’il puisse “tirer son épingle du jeu” dans le labyrinthe politique actuel où tous les coups,tordus parfois,sont distribués dans le dos?Les candidats se font plutôt rares. Apparemment une cooptation implicite entre les candidats,— en passant de la gauche à la droite avec le centre pour bien fermer les portes —,placés en position éligible s’opère sous le manteau.Avec ce renouvellement de façade la phrase réactionnaire de Giuseppe Tomasi di Lampedusa,” Il faut que tout change pour que rien ne change ” demeure d’actualité ? Contrairement aux petites communes où l’équipe est jugée sur un bilan,dans les grands agglomérations le pouvoir citoyen est confisqué par de grands arrangements entre les acteurs présentiels.Les conseils municipaux resteront de grandes représentations théâtrales ou le citoyen n’aura toujours pas son mot à dire…Faut-il changer le modèle actuel de désignation de l’équipe municipale ?

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Pas d’accord avec vous. Ces graphes montrent bien que ces élections ont apporté un renouvellement de nos élus avec l’éviction de nombres d’élus arapèdes au profit de néophytes ou quasi-néophytes. Il y a plus de citoyens qui s’engagent par conviction que vous ne le pensez. Lampedusa, sentant les frémissements d’une révolution radicale, pensait qu’il était préférable d’en prendre la tête pour en infléchir le cours. C’est la politique de Joissains par Vassal interposée.
      Par contre, je suis d’accord avec vous en ce qui concerne la loi électorale dite PLM qui régit les municipales à Marseille. Il faut l’abroger et parallèlement instituer une élection directe des conseillers métropolitains (comme à Lyon).

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  5. Mistral Mistral

    Dans le 2-3 pour Debout Marseille vous avez oublié que Nouriati Djambae est adjointe d’arrondissement (du 15-16) et conseillère métropolitaine sortante https://www.ampmetropole.fr/elu/nouriati-djambae
    Il aurait été intéressant pour les élus sortants d’analyser leur implication et notamment leurs présences (ou absences) aux réunions des conseils municipaux, d’arrondissements ou métropolitains.

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    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      Bonjour, en effet, un accent présent dans un fichier et pas dans un autre a conduit à l’exclure. C’était également le cas pour plusieurs autres candidats. Merci pour votre vigilance !

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  6. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Lumineux. Que les nouveaux aillent se faire élire là où ce n’est pas possible… Merci Marsactu

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  7. Maurice Olive Maurice Olive

    Beau boulot ! Un grand bravo, et surtout un grand merci pour ce travail remarquable, très éclairant pour les électeurs à un moment décisif de la vie politique locale.

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