Ce que révèle la boîte à idées secrète de Gaudin

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le 5 Déc 2013
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Ce que révèle la boîte à idées secrète de Gaudin
Ce que révèle la boîte à idées secrète de Gaudin

Ce que révèle la boîte à idées secrète de Gaudin

Que révèlent les 150 propositions au service de la candidature Gaudin ? S'il existe sûrement un quota de ballons-sondes pour tester l'opinion, si toutes ne seront pas retenues, des axes forts se dégagent. Un cap, c'est exactement ce que Jean-Claude Gaudin n'a pas réussi à affirmer durant ce dernier mandat. C'est aussi ce que, par la force des choses et du temps qui passe, il aura aussi des difficultés à incarner. Mais il mise sur l'élan d'une dernière année porteuse pour Marseille, entre métropole et capitale culturelle. Analyse.

Marseille qui pétille

À l'occasion de la campagne, la majorité municipale compte lever "le nez dans les étoiles", "faire rêver". Reprenant les vocables son plan "Marseille attractive 2012-2020", elle veut "faire de Marseille la ville la plus attirante d'Europe et beaucoup plus agréable à vivre au quotidien". Pour attirer, il faut monter le volume, atteindre la surface médiatique nécessaire, "voir loin et grand". Le vocabulaire employé est à la mesure de cette emphase : "grands événements", "équipements structurants", "grand congrès annuel emblématique".

Pour attirer, il faut aussi que ça brille, avec casino, boîte de nuit sur le J1 et "port Olympico (sic) à l'image de Barcelone". Dans la ligne de la stratégie économique axée sur le tourisme, si possible au porte-monnaie bien garni. Le "quotidien" et ses "fêtes populaires" et "scènes libres et gratuites" ne peut dans ce contexte que sembler en retrait. Mais le nerf de la guerre reste la communication, qui occupe une bonne part des propositions. Marseille on the move ayant périclité, il faudra "une marque Marseille", des "ambassadeurs", le regard tourné cette fois-ci vers l'exemple lyonnais.

La culture, rampe de lancement

S'il y a bien un endroit où le bilan du dernier mandat de Gaudin bénéficie d'un point positif, c'est dans la conversion de la majorité UMP à la culture. En deux décennies, l'équipe Gaudin n'a pas forcément un mauvais bilan sur ce secteur, mais elle échoue à l'incarner politiquement. La valse des adjoints au maire à chaque mandat en est l'exemple. Avec le projet de capitale culturelle, les élus ont eu six ans pour apprendre et une magnifique rampe de lancement pour les municipales.

Si on suit le chapitre consacré à la culture, le quatrième mandat de Gaudin, ce sera 2013 chaque année : "MP 2013 n'est pas une fin, c'est un démarrage. Et il faut imaginer la suite car le renouveau de Marseille est intimement lié à cette réussite". Le vaisseau amiral qui doit montrer le cap de ce "renouveau" est le pavillon M. Incontestable réussite en terme de fréquentation, la structure provisoire est appelée à devenir permanente, "porte d'entrée culturelle polymorphe". Elle pourrait être gérée par une fondation marseillaise de la culture, "association mixant public et privé".

Sur ce point, la droite a également retenu la leçon de Bernard Latarjet, le père de l'année capitale. La culture ne peut plus vivre de la seule ressource publique et doit trouver une nouvelle forme de partenariat avec le secteur privé. Ce dernier pourrait être sollicité via le mécénat pour mettre en oeuvre "une politique de gestion tarifaire modérée voire gratuite". C'est également ce partenariat public privé qui doit permettre à la Ville de "prendre le leadership d'une initiative rassemblant le monde économique et le monde culturel" pour faire face aux "difficultés financières" attendues.

Bon public pour le privé

Ces cercles de réflexion dessinent là une tendance déjà marquée à la Ville. C'est bien simple, le privé s'insère partout dans la foulée de son lobbying réussi pour promouvoir la métropole et la capitale culturelle. Après Marseille Provence 2013, le rôle majeur des entreprises dans le domaine culturel est renforcé. Le principe d'une gouvernance mixte privé-public est par exemple poussé par l'idée d'un "comité qui regroupera les plus importantes entreprises locales pour produire l'art en partenariat avec des grandes villes". Même à l'école, "les ateliers citoyens autour de la notion de citoyenneté et des valeurs républicaines" réclamés devront se mettre en place "grâce à l'appui de fonds privés".

Bien sûr, l'argument habituel d'une municipalité aux faibles de marge de manoeuvre sera mis en avant à droite pour justifier ces recours au privé. Mais il ne peut à lui seul masquer l'objectif politique poursuivi. Alors qu'ils sont en théorie réservés pour des  projets "de grande complexité", le partenariat public-privé déjà choisi et critiqué concernant le Vélodrome est érigé en solution miracle pour "tirer plus loin les tramways".

Côté politique économique, le document joue les réductions de taxes. Une "zone d'activités commerciales offshore et défiscalisées sur le port" voisine avec "le classement de Marseille toute entière en zone franche" et des "remboursements de taxes locales ou d'une part de la TVA" pour les petites entreprises. Ajoutez à cela qu'à leurs yeux, le Marseille de demain est "une ville de propriétaires" et vous obtenez un cap clair, en un mot : libéral.

Se connecter avec les citoyens

"Mains propres". Mani pulite, si vous voyez la référence. La relation avec le citoyen, c'est d'abord la confiance, la transparence. Presque un passage obligé pour une campagne à Marseille en 2014. "L'opération mains propres, ce n'est pas quelque chose que nous avons à porter puisque nous n'avons rien à nous reprocher", précise Yves Moraine. L'équipe municipale semble toutefois soucieuse de porter plus loin la préoccupation de la "qualité de service", se mettant au diapason des candidats à la primaire socialiste. Allô mairie se doublerait ainsi d'Allô commerçants et Allô citoyens.

Difficile d'en rester au stade du téléphone, quand le numérique amène autant de possibilités que d'exigences nouvelles. La "ville connectée et communicante" déploierait ainsi la panoplie des applis, écrans tactiles dans les locaux municipaux, portail open data et autres kiosques multi-service. Cette mise à jour n'est semble-t-il pas jugée suffisante pour des problèmes dont le document reconnaît l'acuité persistante : propreté et voirie.

D'où des recettes plus classiques – charte, audit et rapport des Mousquetaires – dont l'efficacité dépend avant tout de leur application. Et une autre mesure plus iconoclaste : "S'attaquer au fini-parti dès le début de la mandature. Le contexte est propice car les syndicats ne peuvent gagner un conflit social sans soutien populaire". Cela nécessitera alors une relation renouvelée avec les syndicats, notamment Force ouvrière…

Les angles morts du programme

Après un peu moins de vingt ans de règne, cette boîte à idées qui trace un trait vers l'avenir laisse paraître des angles morts : on y trouve les domaines où la droite est culturellement moins alerte. Sur l'environnement, on sent presque la main de l'examinateur tirer sur la copie : "parc de voitures électriques", "reforestation des calanques", "cultures sur les toits"… L'imagination n'est guère au pouvoir. L'éducation est un secteur tout aussi déserté : les personnalités consultées envisagent de créer un conseil du monde scientifique, une grande école de tourisme et souhaitent retenir les bacheliers à Marseille. Côté santé, on aurait pu imaginer les cercles de réflexion plus concernés. Entre les "centres de bien-être thermal" et la formation de jeunes volontaires à "SOS teufs", les propositions ne sont pas à la hauteur des enjeux du secteur. Même si la vision de la candidature Gaudin ne se résume pas à ce dialogue entre les six poids lourds de l'équipe municipale et des personnalités choisies. "Oui il y a des manques sur l'éducation et le sport, mais cela n'a pas vocation à être exhaustif", nous précise Bruno Gilles, secrétaire départemental et maire du 4/5. Ce dernier domaine est d'ailleurs l'objet d'une candidature au titre de capitale européenne du sport.

D'autre part, il y a les secteurs où le bilan des trois premiers mandats n'est franchement pas folichon. Les rédacteurs du document l'écrivent noir sur blanc à propos des déplacements, "c'est l'un des points noirs du bilan des deux décennies de gestion Gaudin". Mais "pour faire de Marseille une ville fluide", la droite manque singulièrement d'idées. "Accroître la piétonnisation, interdire la circulation le dimanche, faire de la rue Paradis une zone piétonne" : les rares pistes ne sont pas d'une franche originalité. Développer la vidéoverbalisation ou créer de "véritables (sic) pistes cyclables" ne va pas inverser la donne d'une ville au bord de la thrombose. Même constat sur le logement, l'objectif se résume à"une ville de propriétaires". L'ensemble des maigres propositions va dans ce sens.

Enfin, s'il y a un endroit où le document de pré-campagne ne tient pas ses promesses, c'est sur la dimension métropolitaine. Pourtant, dès l'introduction, cet aspect de la réflexion fait partie des trois "idées-forces" à travers "le devoir d'inscrire le futur projet pour Marseille et les Marseillais dans une perspective métropolitaine qui s'imposera au fil des mois et des années du prochain mandat". On est bien en peine pour donner du corps à cette proposition : la métropole ne constitue ni un chapitre en soi-même, ni un fil rouge transversal. La seule occurrence concerne "le pôle aéronautique Henri Fabre à Marignane et le technocentre Les Florides auquel il conviendrait de se raccrocher". Si la métropole doit être la locomotive du développement du territoire, la boîte à idées de la droite a du mal à accrocher le wagon.

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Commentaires

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  1. anonyme anonyme

    S’agissant du manque de concret de la Métropole, c’est normal: la Métropole, c’est du vent. Des grands principes, des objectifs couchés sur du papier glacé sans moyens financiers ni modes d’emploi. Vous verrez que Mennucci ne pourra pas davantage décliner des propositions concrètes.La métropole est un leurre, un écran de fumée pour faire oublier les non-réponses de nos gouvernants, une fuite en avant pour masquer le manque de solutions face à des problémes de la vie quotidienne des citoyens. On fait espérer les gens, on leur vend du rêve à 20 ans en sachant que les vendeurs de rêve d’aujourd’hui ne seront plus là au moment des réveils douloureux. La recette est vieille comme le monde: on étend le royaume pour faire croire au bas peuple qu’on sera plus fort, plus riche et plus heureux. Nos intellectuels de service n’ont rien inventé.

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  2. Anonyme Anonyme

    Et où est donc passé le fameux “plan piscine” doté de 250 millions d’euros si cher à M. Miron (qui a surtout abouti à la fermeture de quatre ou cinq bassins) ?..

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  3. Anonyme Anonyme

    comme toujours, vous manquez d’objectivité, non pas dans les éléments apportés (quoi que) mais surtout dans les commentaires, cyniques laconiques et partisans. Dommage

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  4. nanette nanette

    Le Partenariat Public Prive, PPP, si cher à la Municipalité, incarné dans le “partenariat” avec VEOLIA, depuis de si longues, trop longues, années??? = bénéfices colossaux, mélange des genres entre la SEM, la SAFIM, la Ville et bien d’autres coquins/copains encore!

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  5. Anonyme Anonyme

    la priorité absolue demeure la réduction au moins de la dette .

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  6. piétons de marseille piétons de marseille

    quand mr Gaudin a annoncé sa candidature j’ai d’abord beaucoup ri.
    Mais maintenant je trouve cela pathétique. Il nous prends pour qui : 18 ans de non décision pour le bien de tous…
    si il pouvait juste faire que les piscines, le nettoyage, les transports actuels et son personnel soient opérationnels pendant quelques mois il aura déjà fait un pas dans le bon sens.

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  7. lejust lejust

    lisez l’étude de l’OCDE (ce n’est pas très long ) ou la dernière publication de l’INSEE sur le sujet; vous comprendrez (peut être) toutes les potentialités que recèle notre métropole.Mais il faut aussi “désenclaver” les esprits et à voir votre commentaire, ce n’est pas gagné…

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  8. Electeur du 8e Electeur du 8e

    “Il y a des manques sur l’éducation et le sport, mais cela n’a pas vocation à être exhaustif.” Le problème, c’est que ça fait 18 ans qu’il y a des manques, et que la politique municipale se caractérise plus par ses abandons que par son exhaustivité.

    Le bilan que M. Mennucci fait de la gestion Gaudin (dans un document qu’on peut trouver ici : http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/dossier/0203174012409/0203174012715-le-duel-gaudin-mennucci-est-engage-635388.php) est assez argumenté.

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  9. Anonyme Anonyme

    Déjà qu’ils commencent à faire fonctionner les éclairages municipaux dans nos quartiers. À 19h30, à Saint Victor, la plupart des rues sont plongées dans l’obscurité. À promiximité du centre ville, à 300 mètres du Vieux Port, en plein période de préparation des fêtes. Quelle honte. À moins qu’ils n’aient placé des horodateurs qu’on pourrait alimenter avec de la menue monnaie, car nos impôts, pourtant si lourds, ne suffisent plus à payer l’électricité de la commune ?… Monsieur Gaudin, SVP, partez avec toute votre clique d’incompétents.

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  10. anonyme anonyme

    Ericmazargues,
    sauf qu’à Lyon, Bordeaux, barcelonne ou Lille, la démarche n’est pas basée sur l’hypocrisie politique. là bas, on a pas ajouter une feuille de plus au millefeuille institutionnel. ici, l’entente est artificielle mais tout le monde a conserver son pré-carré. le résultat c’est: on va garder les conseillers municipaux et les maires, on va garder les conseillers généraux et leur Président du Conseil général, on va garder les conseillers régionaux et leur Président du conseil régional, on va transformer les élus communautaires en conseillers territoriaux et on va crèer les conseillers métropolitains. si ça c’est pas de l’enfumage!!

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  11. anonyme anonyme

    Ha bon! le maire d’Aubagne n’a pas attendu la Métropole pour faire un tramway.le maire de Marseille non plus. quand les TER ne fonctionnent pas, c’est parce que la Région ne fait pas bien son travail

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  12. Anonyme Anonyme

    Gaudin c’est notre Bouteflika car il prépare son quatrième mandat et il ne se soucie guère des priorités Nos “décideurs” ce ne sont pas des militaires mes des boutiquiers Les uns comme les autres n’ont pas de vision de l’avenir trop occupés par leurs affaires ,dans tous les sens du terme

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  13. Anonyme Anonyme

    Quand on pense qu’en 18 ans il n’est pas arrivé à finir de balayer les rues , l’heure de la retraite à largement sonné …

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  14. Hervé MENCHON Hervé MENCHON

    Sur l’école au moins, ils ne mentaient pas. Il n’y avait rien dans le programme et ils ne font rien …
    La réforme des rythmes scolaires est entrée en vigueur dans toutes les communes de France depuis la rentrée 2014. Sauf à Marseille.

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