"Ce procès est celui d'un système dont Mme Andrieux avait les clés"

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le 6 Juin 2014
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"Ce procès est celui d'un système dont Mme Andrieux avait les clés"
"Ce procès est celui d'un système dont Mme Andrieux avait les clés"

"Ce procès est celui d'un système dont Mme Andrieux avait les clés"

"J'ai le regret qu'elle n'ait pas pu fendre l'armure dans laquelle elle est insérée." Durant son réquisitoire contre Sylvie Andrieux dans le cadre du procès en appel des subventions du conseil régional, Jules Pinelli a dépeint une femme politique prisonnière de son personnage. "J'ai espéré jusqu'au dernier moment que vous viendriez nous dire que vous avez eu une faiblesse. Pourquoi ne pas avoir franchi ce pas ? J'ai ma misérable explication : vous avez le culte de la force, de l'action, du combat. Et en matière de combat, il ne peut pas y avoir de faiblesse."

L'attitude de la députée, qui a persisté comme en première instance à se dire totalement étrangère à l'attribution de 740 000 euros de subventions à des associations fictives, a semble-t-il pesé. L'avocat général a demandé à la cour d'appel d'Aix une peine identique à celle prononcée en mai 2013 : trois ans de prison, dont deux avec sursis, 100 000 euros d'amende et cinq ans d'inégibilité.

"Pourquoi ce comportement ? Pourquoi ce déni ?", s'est-il interrogé en écho à la présidente qui la comparait mardi à "un tank" dans sa manière de se défendre. Il évoque lui "l'ivresse des profondeurs, où tout devient confus, facile, irréel". Le temps des débats contradictoires étant refermé, l'élue n'aura plus l'occasion de s'en expliquer que via les plaidoiries de ses avocats, prévues mardi.

S'il s'est surtout concentré sur des points factuels, l'avocat du conseil régional Gilles Gauer a livré une analyse similaire :

Je suis persuadé qu'au départ Sylvie Andrieux agissait avec une volonté réelle d'améliorer les choses. Mais ensuite avec la volonté de la gagne, on pense au renouvellement de son mandat et la situation peut se transformer pour devenir éventuellement condamnable. Arrive le jour où des personnes viennent vous voir pour vous dire « Il y a des difficultés sur certains dossiers, ce que vous faites peut devenir dangereux ». Le jour où l'on passe de l'aveuglement au fait de ne pas vouloir voir.

Après un journée et demie intense dès l'ouverture de l'audience, Sylvie Andrieux a passé une nouvelle matinée sous le feu croisé des mots de Gilles Gauer et Jules Pinelli. En effet, l'avocat général a insisté sur ce même thème de l'absence de réaction de l'élue, point faible de sa défense : "Quand on sait que ça ne marche pas, est-ce trop demander à quelqu'un qui est en situation de dire les choses, que de tirer la sonnette d'alarme ?"

"Agressifs, violents, ingénieux"

Ce faisant, Sylvie Andrieux a selon lui laissé prospérer "un pillage organisé" de la collectivité. Dans la présentation par l'avocat général de ce dossier complexe, elle n'a évidemment pas agi seule. Il y a "ceux de l'intérieur", dont "le fidèle Balalas", aujourd'hui vilipendé comme "le diable pour certains, quand pour d'autres c'est un pigeon". Quoi qu'il en soit, "il a aidé à la mise en place du système, il a fait passer beaucoup de dossiers de subventions". Comme pour presque tous les autres prévenus, il a donc requis à son encontre la confirmation des 30 mois d'emprisonnement avec sursis et 10 000 euros d'amende. Il y a aussi "ceux de l'extérieur", les demandeurs des subventions versées par la collectivité. Avec pour Jules Pinelli "un distinguo" entre les têtes de réseaux d'associations qui ont "un profil particulier, ils sont agressifs, violents, ingénieux" et "ceux qui passaient par là et dont on n'est pas sûr qu'ils aient compris toute l'histoire".

Ces "petites mains" sont surtout venues plaider une réduction des dommages et intérêts qu'ils sont tenus de payer au conseil régional, en compensation des fonds détournés. Malgré son témoignage inattendu mercredi qui donne du grain à moudre à l'accusation, Abderrezak Zeroual n'a pas bénéficié d'une réquisition plus clémente qu'en première instance (6 mois fermes).En application de ce "distinguo" c'est surtout Boumediene Benamar, à la tête de l'une des "mouvances", qui a subi les foudres de l'avocat général : "Ce qui me gêne dans ce dossier, c'est la violence, cette forme d'impact moral et physique qu'on impose. Là on est dans une autre sphère (…) Personne n'a le droit de détenir d'autres personnes sous sa botte et de les écraser." Benamar est le seul pour qui une aggravation de peine sera demandée : quatre ans de prison, dont un avec sursis, au lieu de 30 mois.

En dépit de la dureté de ses termes contre Benamar, l'avocat général s'est accordé avec le résumé de Gilles Gauer, avocat de la région : "Il ne s'agit pas d'un dossier d'escroquerie, mais de détournement de fonds publics". Ce qualificatif pénal, celui pour laquelle la députée est poursuivie, la place au coeur de l'affaire. "Ce procès est essentiellement celui de Madame Andrieux, celui d'un système dont elle avait les clés", a estimé Jules Pinelli.

"Chacun raconte la même histoire"

Un à un, il a balayé les "leitmotivs" avancés par l'élue depuis l'éclatement de l'affaire : "la sacro-sainte séparation entre politique et administratif", "l'absence de pouvoir réel", "l'insuffisance, l'incompétence des agents, ainsi que quelques hiérarques un peu douteux". Pour lui, "les faits sont têtus", tout du moins les déclarations des témoins : "Les questions sont les mêmes et chacun raconte la même histoire, parce qu'il l'a vécue, avec tous ses tracas."

Dans cet ensemble, un texte a pris une importance particulière : le courrier adressé en 2002 à sa hiérarchie par Christian De Leusse, alors fonctionnaire au service politique de la ville six ans avant les premières auditions concordantes dans le bureau du juge. Et lui n'avait pas la pression de l'enquête judiciaire qui rendent les autres témoignages suspects aux yeux des défenseurs d'Andrieux. 

Du côté de la défense justement, on oppose à cette lettre une autre, datée de la même époque et écrite par son supérieur Bernard Farny. Elle critique la logique personnelle de De Leusse et celle son chef de service, Jean-Pierre Perrin, à qui sont attribués la responsabilité des dysfonctionnements. "Toutes les pièces citées pendant l'audience sont extraites du dossier. Mais c'en est une lecture, non pas partiale, mais partielle", commente Grégoie Ladouari, avocat de Sylvie Andrieux. Avec son confrère Gaëtan Di Marino, ils se donnent environ deux heures pour en convaincre la cour mardi matin.

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Le même système,la même organisation,les mêmes raisonnements fonctionnent depuis la nuit des temps.
    Notre propre système en profite,au quotidien,la fameuse “paix sociale” qui convient aux chefs d entreprises,aux politiques,aux mamans,à la préfecture et à son préfet en a bénéficié en présentant ses stats avec fierté.
    Nous en sommes tous des receleurs et des bénéficiaires ,le parquet compris( çà aide pour le bon déroulement de carrière la paix dans sa ville).
    Madame Andrieux ,pas plus que biens d autres a fait avec les moyens du bord,jouer les moralistes et les idéalistes dans une salle de tribunal il n y a rien de plus facile et hippocrtite.
    Mais dès mardi matin il restera dans les quartiers ,l ennui ,la promiscuité,la came,l échec scolaire,le communautarisme,une police affaiblie…………et le front national,ce soit disant vilain front.
    Je vous souhaite bon courage madame Andrieux,mais il va falloir donner une bonne leçon à votre corporation,à votre classe sociale,aux blondes élégantes.Cela fait parti d un “bon équilibre social et médiatique”,çà tombe sur vous mais notre société à besoin de ce type de gibier de temps en temps.

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  2. julijo julijo

    Moi je suis l’ELU, le CHEF, moi j’ai le POUVOIR, et moi, JE NE VOIS RIEN !!!!!!
    Toutes les défenses se ressemblent dans toutes les affaires scandaleuses qu’on a à connaître, ces jours ci ou dans le passé pas si lointain….
    C’est lamentable que des élus, tentent de nous prendre pour des billes, à ce point là. Et ce n’est certainement que la partie visible de l’iceberg…..on ignorera probablement toujours l’ensemble des passe droits, bénéfices, avantages en nature ou autres que les élus de tous bords récupèrent souvent sur nos impôts et pour lesquels ils ne seront même pas inquiétés, parce que c’est “normal”..
    Alors, je me réjouis que “ce type de gibier” comme l’explique l’anonyme de 10.14 puisse payer !
    Mais surtout j’attends de la Justice la condamnation des autres….

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  3. Manipulite Manipulite

    Un procès au goût d’inachevé. Celui qui savait tout et qui laissait faire Andrieux depuis des années n’est pas dans le box des accusés :c’est Vauzelle Président du conseil régional. Il est à la tête du système et c’est lui qui signait. Quelle justice aveugle,incompétente et incomplète !

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  4. Anonyme Anonyme

    merci vauzelle!! il envois tous son ancien entourage devant la justice et lui reste peinard!!! bientôt jibrayel père & fils et lui toujours pas!!!!bravo Tonton l’a bien formé….

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  5. MANDRIN38 MANDRIN38

    je n’ai jamais aimé que l’on jette en pâture un bouc émissaire car cette affaire ce n’est pas celle d’Andrieux mais celles des plus pratqiubventions régionales, d’autres, et non des moindres ont fait pire
    en effet dans le 15-16 mêmes pratiques avec en mairie de secteur une personne aux manettes conseillere regionale dans un 2eme temps mais qui était chargée des appartements et des postes de travail
    certains bénéficiaires avaient la carte UMP et PS c’est plusfacile d’autres achetaient fourgons et voitures qui servianet d’ailleurs au transport des electeurs aux primaires et a chaque election
    et de plus ces bénéficiaires etaient tres exigeants
    recevant en plus de leurs émoluments les minimas sociaux et souhaitant faire carrière politique avec ces méthodes mais de ceux là aucune nouvelle aucune sanction, justice a 2 vitesses ou clientèle indispensable, le vote avec la corruption et ce cadeau empoisonné a amené le fn sur la scène,rassurez vous les gros bonnets se sont reconvertis dans d’autres collectivités
    et nous qui savons tout cela qui nous écoute et nous eC
    parler est dangereux il est vrai mais laisser croire à une opinion publique mal informée que Andrieux A ruiné la région est une pagnolade, elle a été victime d’u système ou en effet on ne maitrise rien car beaucoup de monde mange au ratelier
    quand à laisser croire que la présidence et ses divers directeurs de cabinet ne savaient rien est une plaisanterie de mauvais gout
    comme dans l’affaire Papon on saura dans 20ans trop tard pour la députée et les autres ne seront plus en fonction*
    ici et maintenant des édiles de tous bord tapent dans la caisse sans vergogne et sans que justice ne passe et de plus passent à la tv pour donner des leçons de démocratie aux électeurs dégoutés
    alors la magistrature manu pulita le changement c’est maintenant?

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