Caselli et Unilever : la guerre est déclarée

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le 24 Mai 2012
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Caselli et Unilever : la guerre est déclarée
Caselli et Unilever : la guerre est déclarée

Caselli et Unilever : la guerre est déclarée

Changement de ton. Eugène Caselli le président de la communauté urbaine Marseille Provence métropole (MPM) a convoqué la presse ce matin pour annoncer que MPM allait préempter les deux terrains et les bâtiments sur lesquels se trouvent aujourd'hui l'usine Fralib. Un vrai missile sol/air envoyé à la multinationale Unilever, propriétaire de Fralib et qui cherche depuis presque trois ans à fermer son usine provençale de fabrication de thé et de tisane, pour transférer sa production en Belgique et en Pologne où il fait beaucoup plus frais pour travailler.

 

 

Depuis 600 jours, les représentants CGT, suivis par de nombreux salariés mènent une guérilla judiciaire et médiatique pour tout faire pour empêcher que leur usine ferme. On s'en souvient, lors de la campagne présidentielle, rendre visite aux "Fralib" à Gémenos était devenu un must pour les candidats de gauche. L'actuel Président de la République et une partie de son gouvernement se sont rendus régulièrement sur place. Si le pouvoir précédent n'avait pas vraiment mis de bâtons dans les roues aux projets de fermeture de la multinationale – "cette usine est morte", indiquait sur Canal Plus il y a quelques mois Renaud Muselier – les dirigeants français se doutaient qu'ils n'allaient pas boire le thé de la même façon avec les nouveaux tauliers. Et notamment avec Montebourg, le "redresseur productif", dont le dossier Fralib est sur le dessus de la pile de son beau bureau.

Quelques jours avant le premier tour de la présidentielle, Unilever avait donc sorti sa dernière cartouche en annonçant que la société aubagnaise de chips Sibell, souhaitait racheter le terrain et les bâtiments et promettait la création de 50 emplois sur ce site, en priorité réservés aux salariés licenciés de Fralib. Une forte opportune proposition qui permettait à Unilever d'en finir définitivement avec son usine française. Plus de terrain, plus de bâtiment, et donc plus possible pour les Fralib de mettre en place leur projet de reprise qui vise à récupérer auprès de leur ancien employeur la marque Eléphant et les machines qui vont avec, afin de conserver l'outil de production, de trouver des partenaires financiers et industriels et de relancer l'activité. Ce dont Unilever ne veut évidemment pas entendre parler : "nous ne céderons jamais notre marque Eléphant", a répété la direction à plusieurs reprises.

En coopération avec le Premier Ministre

La ficelle était un peu grosse pour la CGT qui n'a jamais cru à la réalité de cette offre. "La société Sibell est déjà mal en point, on ne les voit pas investir dans un nouveau site de production et embaucher 50 personnes", expliquaient les représentants. Pour compliquer l'affaire, les terrains et les bâtiments ne sont pas propriétés de Fralib, qui est juste locataire, mais de deux mystérieuses SCI dont certaines mauvaises langues soupçonnent d'être des faux-nez de la multinationale. Simplement locataire, Unilever ne peut évidemment pas s'opposer à une si belle offre faite à son bailleur. Les représentants du personnel en lutte, voyant évidemment le coup venir et compris la manoeuvre ont décidé, là aussi en pleine élection présidentielle, d'occuper leur usine.  La réponse d'Unilever ne s'est pas faite attendre qui a immédiatement porté l'affaire devant les tribunaux pour "occupation illégale de ses terrains". Et le tribunal de Marseille a ordonné aux Fralib d'évacuer l'usine, en leur laissant jusqu'au 1er juin pour faire leurs bagages.

Et c'est là qu'Eugène Caselli a sorti sa silver bulett ce matin en demandant à préempter le terrain, ce qui bloque désormais la vente. Bien joué Eugène. Une opération qui s'est faite en parfaite coopération avec "le cabinet du Premier Ministre, et les différents ministères concernés" nous a indiqué le Président de MPM :

 J'ai eu il y a 10 minutes Arnaud Montebourg à qui j'ai fait part de notre décision : à lui de jouer maintenant

Car si cette décision permet de gagner du temps, elle est surtout un signal fort envoyé à Unilever afin de les obliger à s'asseoir à la table des négociations. Vu le contexte, on imagine mal les dirigeants d'Unilever, qui ont appris la décision de Caselli par la presse, continuer leur blitzkrieg juridique, et encore moins le nouveau Ministre de l'Intérieur autoriser le préfet à faire donner les CRS pour évacuer l'usine. Pour l'instant,  la multinationale, qui nous a répondu par la voix de leur porte-parole est restée droite dans ses bottes :

Nous ne sommes pas propriétaire de ce terrain, donc nous n'avons pas de commentaires à faire. En revanche, nous redisons que nous souhaitons continuer à nous concentrer sur notre solution (vente à Sibell, ndlr) qui permet de créer 53 emplois, en plus des 103 reclassements dans le groupe que nous proposons, et qu'elle est la meilleure pour l'avenir des salariés

​C'est en tout cas un signe très fort envoyé par le nouveau pouvoir socialiste qui montre les dents et à décidé d'entrer dans un bras de fer avec les dirigeants d'une des plus grandes multinationales mondiales, qui a choisi clairement le camp de la CGT. "Nous sommes très satisfaits de cette initiative, qui constitue un véritable tournant dans notre lutte", nous a déclaré Gérard Cazorla un des leaders des Fralib. On attend maintenant la venue d'Arnaud Montebourg, l'ami des patrons, qui doit débarquer demain à Marseille. La guerre est déclarée. 

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Commentaires

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  1. jexprime jexprime

    Monsieur CASELLI fait une opération politicienne avec ses amis ministres.
    Pourquoi a-t-il attendu 600 jours pour bouger?
    Les élections législatives approchent…….

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  2. Alain Persia Alain Persia

    L’initiative d’E.CASELLI mérite d’être saluéed’autant plus que la président VAUZELLE et ses élus n’ont rien fait de percutant ces derniers mois .
    En se substituant à l’inertie de son collègue de la Région, E.CASELLI continue à se mettre sur orbite pour les municipales.
    Il ne lui reste plus qu’à souhaiter que MENNUCCI et CARLOTTI soient battus le 10juin.

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  3. vérité 13 vérité 13

    je ne comprends pas bien le sens de cette manoeuvre:
    – en préemptant, la CUM se substitue à l’acheteur mais la vente peut quand même se faire. que va faire la CUM si Unilever va au bout de la démarche? la CUM va se retrouver propriétaire de l’usine?
    – quand Caselli dit à Montebourg “maintenant à toi de jouer”, quelles sont les solutions nouvelles du ministre?
    est ce que tout ça n’est pas de l’agitation politique? Sera t il plus facile de trouver une possibilité de sauver l’entreprise ( ce qui serait super!) avec cette démarche? merci de m’éclairer si vous avez des réponses.

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  4. Anonyme Anonyme

    Dis donc si Caselli rachète tout ce qui va mal.
    Va lui falloir du fric

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  5. Anonyme Anonyme

    Caseli,a comme l’élephant, il trompe énormément.

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  6. cqui cqui

    tous pareils ils parle tous de clientélisme mais pour avancer ils le font tous

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