Campagne électorale : ils se voient tous en haut de l'affiche

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le 20 Avr 2012
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Campagne électorale : ils se voient tous en haut de l'affiche
Campagne électorale : ils se voient tous en haut de l'affiche

Campagne électorale : ils se voient tous en haut de l'affiche

C'est l'un des classiques des campagnes, au même titre que le tractage, la visite de marché et le "phoning" (appels pour convaincre de voter pour son candidat) : l'affichage électoral. A Marseille, le collage évoque aussi de longue date le coup de pouce qui a pu être donné par le puissant syndicat Force ouvrière à tel ou tel candidat, par exemple via les bataillons d'éboueurs.

Quelle utilité pour cette pratique historique, à l'heure des médias audiovisuels, des sites de campagne et des réseaux sociaux ? "On est bien incapables d'en mesurer l'impact, reconnaît Olivier Salmon, directeur de campagne de Michèle Rubirola (candidate Europe Ecologie-Les Verts dans la 5e circonscription). Mais cela a pour nous au moins une vertu : démontrer une force de mobilisation et galvaniser les militants sur le terrain. Se retrouver à 5 heures du matin cela créé du liant".

A Marseille (comme souvent ailleurs), quel que soit son effet dans les urnes, l'affichage donne en tout cas lieu à une lutte des places. En théorie, chaque candidat s'en voit réserver une sur les panneaux installés par la mairie (les obligatoires, un par bureau de vote, plus des facultatifs en fonction de la population). L'exclusivité valant depuis le 9 avril. Mais même depuis, l'équipe d'Olivier Salmon voit régulièrement son panneau n°1 recouvert, en particulier par le député UMP sortant Renaud Muselier.

Les écolos tentent de tenir les positions

Avec les maigres moyens de la campagne d'Eva Joly, EELV essaye de rester en surface. "On ne colle pas tard le soir mais en journée, car on sait qu'avec les autres équipes on ne tiendra pas. Là ça va car on vient d'être collé par notre prestataire national, mais sinon on le fait nous même et on a un nombre d'affiche limité. On les compte… Pour les législatives on est donc déterminés à faire constater les infractions par huissier", annonce Olivier Salmon, qui assure qu'on ne le prendra pas en défaut de s'aventurer sur les terres des autres.

 candidat socialiste dans la circonscription voisine – la 4e – qui a publié un communiqué à ce sujet mais n'est pas le dernier à recouvrir.CCCCandidat socialiste dans la circonscription voisine – la 4e – qui a publié un communiqué à ce sujet mais n'est pourtant pas le dernier à recouvrir, Patrick Mennucci prévient lui aussi : "dans le cadre de la présidentielle, il faudrait aller au tribunal à Paris et citer le candidat. Mais pour les législatives, dont la campagne officielle commence le 25 mai, vous avez le candidat en face, ça va vite". Avis aux huissiers, il va y avoir du boulot en perspective… Avec des amendes théoriques dissuasives : 9000 euros par affiche, comme le rappelle le memento à l'usage du candidat. Et sa propre pratique ? "Tant qu'on est respecté on respecte. Mais tout le monde recouvre, on est bien obligés de reprendre les panneaux", argue-t-il. Dans un autre style, les soutiens de Philippe Poutou (NPA), ont opté pour la guerre éclair : pas vraiment présent en surface des panneaux, l'"ouvrier candidat" a remonté les couches pour l'annonce de son meeting à Marseille. 

Maire du 1/7, Mennucci déplore surtout que "depuis un mois, depuis 1 moisdepuis deple Front de gauche et Barles déguelassent la ville, qui n'en a pas besoin" avec de l'affichage sauvage. Barles, de son prénom Sébastien, étant son homologue… EELV. "Comme ils ne tiennent pas, ils vont sur les murs", suppose Patrick Mennucci. "Il y a eu un dérapage d'un de mes colleurs, qui était frustré d'être toujours recouvert", reconnaît l'intéressé. "Cela montre leur état d'esprit… Mais on a corrigé ça, on combat toutes les pollutions visuelles…" Pour le reste, il "appelle au respect du pluralisme car à Marseille l'affichage officiel n'est pas du tout respecté. Du coup, on est obligés d'aller sur la libre expression (espaces classiques où il n'y a pas d'emplacements réservés, ndlr) où on ne tient pas beaucoup mieux car on est en concurrence avec les autres partis mais aussi les salles de concert…"

La vague Mélenchon

Mais hormis cette incartade, c'est surtout les partisans de Jean-Luc Mélenchon, "qui a une force militante c'est sûr", que vise Patrick Mennucci. Les petites mains appelant à "prendre le pouvoir" ne se limitant pas au centre, comme a pu le constater Marsactu, notamment dans le 15/16. "Je suis en train de m'occuper de ce cas, confirme Martine Vassal, adjointe UMP à la mairie de Marseille à qui incombe la tâche de surveiller l'affichage sauvage. Elle rappelle qu'"en février, j'avais envoyé une lettre à chacun, en rappelant les règles et les amendes encourues".

Avec une procédure en deux stades : d'abord un PV transmis au préfet, qui peut donner lieu à 1500 euros (un montant doublé depuis la loi Grenelle II) d'amende "par affiche, ce qui n'est pas rien", puis en cas de non retrait "on applique une taxation". Pour le Front de gauche, la mairie a répertorié 300 affiches, pour lesquelles elle a facturé l'enlèvement d'office (5000 euros) et a dressé un PV. Faites le calcul : 300 x 1500 = un gros coup pour les comptes de campagne. "Mais c'est un montant théorique rarement appliqué", glisse Martine Vassal.

"Après avoir constaté des affichages sauvages, j'avais envoyé un deuxième courrier à Pierre Dharréville, représentant de Jean-Luc Mélenchon dans le département", tient-elle aussi à préciser. Il m'a répondu qu'effectivement il y avait des débordements et qu'il allait y mettre fin. Mais on a vu depuis, notamment avec le meeting sur les plages du Prado, que ça a continué". Responsable de la comm' du parti communiste, Ludovic Tomas plaide la clémence : "ce n'est pas dans la tradition des colleurs du PC. On est un peu dépassés par l'enthousiasme que soulève le Front de gauche… Mais on n'a pas de volonté de polluer la ville et si on peut passer après pour nettoyer on le fera dans la mesure de nos moyens. Et Marseille compte peu de panneaux de libre expression". Même si "la mairie a augmenté leur nombre", anticipait Martine Vassal.

Armée marxiste et collage participatif

EELV qui rame, le Front de gauche qui submerge, UMP et PS qui ne font pas de cadeaux : finalement pas si éloigné du reste de la campagne… Mais les panneaux peuvent aussi offrir une fenêtre de diffusion pour des messages extérieurs aux partis. Et pas seulement ceux qui sont d'habitude sur les espaces "libre expression", comme le festival chaoui qui s'est invité s'est derniers jours sur les panneaux de Belsunce.

Il y a quelques jours, Renaud Muselier a porté plainte pour des menaces collées sur ses affiches : "Politicien. Une balle pour toi, une rafale pour ta clique", disait le bandeau lui recouvrant les yeux. Avec une louche de victimisation : envoyé à de nombreux journalistes, l'acte a donné lieu à des articles comme celui du Point dérivant progressivement vers la piste Guérini. Une thèse qui oublie que, comme l'a dénoncé son homologue communiste Frédéric Dutoit, Jean-Luc Mélenchon a été victime du même traitement, hormis le slogan : "De Le Pen à Mélenchon, élection piège à cons." La lumière ne sera en tout cas pas difficile à faire pour les enquêteurs : le message est signé "Armée révolutionnaire marxiste", mail et portable (qui n'a pas répondu à nos appels) à l'appui. Dans le même style, François Hollande a eu droit à un bandeau noir sur les yeux : "nous élisons le meilleur menteur pour nous soumettre à sa dictature". Signé : diktacratie.com.

Autre "ambush activism" mettant à profit l'élection : 22-avril2012.net, qui propose à tout un chacun de se prendre en photo de dos avant de coller sur des vrais candidats. Une action, croisée notamment devant la poste Colbert, revendiquée comme "un rejet du fonctionnement de notre système politique actuel. Le citoyen en tournant le dos aux candidats indique que ces derniers ne le représentent pas. Par cette action, il signifie que le système politique dans lequel il vit est loin d’être réellement démocratique", déroule le communiqué de presse, qui veut aussi "contester le déni du vote blanc".

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