Grande forme de la Ciotat : des Allemands pour remplacer Compositeworks

Réforme
Bref
le 30 Juin 2016
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Après dix-huit ans de présence sur le site, Compositeworks ne gèrera plus la grande forme du port de la Ciotat. Ainsi en a décidé la Semidep, autorité publique de gestion, qui après un appel à projets a retenu la société allemande Blohm+Voss.

L’activité du site se concentre sur l’entretien et la réparation des grands yachts. “Cette proposition a été jugée la mieux-disante [notamment sur] la qualité du projet envisagé, notamment en terme de développement d’activités et d’emplois pour notre territoire”, estime la Semidep.

Alors que ce choix avait fuité avant son officialisation, les salariés de Compositeworks comme la direction ont exprimé leurs craintes. ” Si la Semidep nous ampute de ce site, nous serons contraints d’envisager des licenciements et de stopper notre politique d’investissements, ce qui aura aussi des répercussions sur nos 250 sous-traitants”, avait averti le président de l’entreprise dans 20 minutes. En avril, la société fondée par l’ancien skipper Ben Mennem avait lancé une opération de communication pour montrer qu’elle débordait de travail.

Jean-Marie Leforestier
Journaliste | jm.leforestier@marsactu.fr

Commentaires

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  1. ptit-marin ptit-marin

    allez, encore La Ciotat sous le feu des projos!!!
    une semaine des tirs et autres contres le élus une autre des décisions stupides…des mêmes élus
    ne reviendrait-on pas à l’époque de lafont???? grande époque s’il en est….
    bis repetita placent

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  2. JL41 JL41

    C’est une affaire compliquée qui se joue à La Ciotat, dont le choix d’un opérateur pour la grande forme n’est qu’un élément.
    Le foncier en centre ville des anciens chantiers navals peut se prêter à bien des opérations juteuses et pas seulement de maisons de retraite. Bien des spécialistes de la multiplication de pains se trouvent en embuscade. Il y a aussi eu sur la place des meurtres non élucidés et des mitraillages de façades.
    Dans ce contexte, les cris de désespoir de Compositeworks sont finalement gentils, bien qu’illégaux avant que les conclusions de la commission d’appel d’offre soient rendues publiques. Beaucoup auraient aimé que Compositeworks soit choisie et que ce site subventionné continue à se développer doucement.
    Le PS était très investi à la Semidep, dont l’actionnaire principal est le Conseil départemental. L’ancien directeur, Jean-Philippe Mignard, a été révoqué après le changement de majorité au département et remplacé par Jean-Yves Saussol. La Région, MPM et La ville de La Ciotat finançaient également la Semidep et l’équipement de ce chantier, au moins partiellement concurrent de celui du GPMM à Marseille. Blohm & Voss y aurait fait bonne figure. Mais Compositeworks pourra y trouver le même potentiel de développement qu’à La Ciotat.
    Les entreprises implantées jusque là à La Ciotat bénéficiaient de conditions de location des terre-pleins et de leur outillage assez exceptionnelles. Il ne semble pas qu’elles seront reconduites pour Blohm & Voss, en tout cas si la Semidep veut poursuivre ses activités et ses investissements de façon économiquement plus normale. Ce qui s’est passé à La Ciotat est une réussite, mais pour en juger il faudrait aussi connaître la part apportée par le contribuable.
    Le PS a donc été jusqu’à récemment très mouillé dans cette opération.

    Tout le monde sait aussi que le yachting est une activité particulière, où l’on brûle de l’argent parfois mal acquis et où l’on peut transporter des produits à forte valeur ajoutée. Monaco Marine, le troisième larron ayant répondu à l’appel d’offre, a été fondé par Michel Ducros, dont l’ADN a semblé avoir été un peu mélangé avec quelques personnages troubles et le roi des ordures de Marseille : http://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/guerini/le-patron-de-fauchon-mis-en-examen-dans-un-volet-de-l-affaire-guerini_214373.html

    Dans un tel contexte, peut-être la Semidep était-elle tenue de faire un choix irréprochable ? Toujours est-il qu’un des critères retenus était le potentiel de création d’emplois à La Ciotat. Les promesses de Blohm & Voss sont celles d’un vrai « redressement productif ». On espère que nos amis Allemands ne nous racontent pas des galéjades. Le communiqué de presse de la Sémidep, avec quelques extraits ci-dessous, est plutôt flatteur : http://www.laciotat-shipyards.com/wp-content/uploads/2016/06/communique_de_presse-laciotatshipyards_LO2-3_29-06-2016-ok.pdf

    « La société Blohm+Voss est un grand nom du yachting mondial, spécialiste de refits d’envergure. Elle a aussi à son actif la construction de trois des cinq plus grands yachts existants. Elle prévoit de s’implanter durablement à la Ciotat, en créant une filiale locale autonome qui bénéficiera du transfert de son savoir-faire industriel et commercial.
    « L’implantation de la société Blohm+Voss offre ainsi l’opportunité au site de la Ciotat de se différentier vis-à-vis de ses concurrents en Méditerranée, et d’aller concurrencer les chantiers d’Europe du Nord sur les plus gros projets. Ce faisant, la Ciotat Shipyards prend une longueur d’avance décisive par rapport à ses concurrents sur un marché du refit en évolution rapide du fait de la course au gigantisme dans le monde du yachting.
    « A échéance des 35 mois, la société Blohm+Voss prévoit de créer une centaine d’emplois directs sur le site de la Ciotat, auxquels s’ajouteront 400 emplois environ dans les entreprises locales cotraitantes. Pour la mise en œuvre de sa stratégie, elle compte s’appuyer sur des partenariats forts et équilibrés au niveau local et rencontrera dans les tous prochains jours les entreprises du secteur présentes à La Ciotat et dans ses environs pour envisager la mise en œuvre rapide de collaborations concrètes. »

    La question de l’évolution vers le meilleur des savoir-faire dans la mécanique, la métallurgie et les matières plastiques en Allemagne ne fait pas de doute. Notre collaboration avec nos voisins dans le domaine de l’aéronautique et du spatial l’illustre. L’entreprise la plus performante actuellement en matière de démantèlement des centrales nucléaires est germano-russe. Nous avons tout à gagner dans le rapprochement de nos savoir-faire.

    Reste une question, celle des qualifications disponibles localement ? On croyait qu’il n’y avait pas de problème de ce côté-là, mais il semble que si et on aimerait savoir si Compositeworks en souffrait ou non. Un article de Made in Marseille sème le doute sur cette question : http://madeinmarseille.net/17225-reparation-navale-emploi/
    « Aujourd’hui, le principal frein à l’activité de réparation navale réside dans la main d’oeuvre, pas assez présente et qualifiée dans la région PACA. Ainsi, de nombreuses entreprises font appel à de la main d’œuvre étrangère. Par exemple, le chantier Naval de Marseille a recruté dernièrement seulement 150 techniciens locaux sur 2 000 pour un de ses travaux. La main d’œuvre étrangère vient essentiellement d’Italie.
    « Le président du Chantier Naval de Marseille, Jacques Hardelay, s’est exprimé sur ce sujet : Ici, on ne trouve pas la main d’œuvre nécessaire et ce n’est pas normal. On a besoin de monter en compétence dans la région. Certains travaux sont également directement sous-traités à l’étranger. Ceci représente donc un manque à gagner considérable pour la région. »
    0n s’aperçoit un peu tard que la formation n’a pas été à la hauteur en PACA, qu’elle a été oublieuse d’une prospective des activités prometteuses d’emplois. C’est une question à poser à la région de Vauzelle.

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  3. JL41 JL41

    La Ciotat continue à monter en grade dans la réparation navale en Méditerranée, avec peut-être même une orientation industrielle de constructeur ? Le constructeur allemand Lürssen acquiert Blohm+Voss à La Ciotat, qui avait été choisi au détriment de Compositeworks pour gérer la grande forme :
    http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/chantiers-navals/26464-le-constructeur-allemand-lurssen-acquiert-blohmvoss
    « Coup de tonnerre dans la construction navale allemande : le constructeur historique de Brême, Lürssen, est en passe d’acheter Blohm+Voss, désormais installé aussi à La Ciotat, pour une somme qui n’a pas été révélée.
    « Entreprise familiale, Lürssen est le plus gros constructeur de yachts en Allemagne et le leader des constructeurs de superyachts. En rachetant Blohm+Voss au fonds d’investissements Star Capital Partners, il bénéficierait de ses chantiers de Hambourg (980 salariés) – qui comptent six docks de 140 à 320 m, une forme de 350 m– et de la grande forme de La Ciotat, qui vient de lui être confiée, ainsi que d’un savoir-faire en refit de yachts et de navires de commerce (le Queen Mary 2 y avait fait des travaux majeurs). Le chantier a également construit des superyachts comme le A en 2008 ou Graceful en 2014 ».
    Une révolution triomphante pendant que la remise en service de la grande forme de Marseille n’est pas en grande forme ?

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