Des arrêtés anti-burkini à la Ciotat et Cassis

Confidentiel
Bref
le 22 Août 2016
7
Des arrêtés anti-burkini à la Ciotat et Cassis
Des arrêtés anti-burkini à la Ciotat et Cassis

Des arrêtés anti-burkini à la Ciotat et Cassis

Cassis et la Ciotat entrent dans le cercle des villes interdisant le “burkini”. Selon nos informations, les deux communes balnéaires , aux maires Les Républicains, s’apprêteraient à prendre conjointement des arrêtés contre le port de tenues de bain type “burkini” sur leurs plages. Inspirés par celui pris par la ville de Cannes, validé par le tribunal administratif, ces arrêtés invoqueront aussi le risque de troubles à l’ordre public pour justifier l’interdiction du port de vêtements ne respectant pas “les bonnes moeurs et la laïcité”. Toujours selon nos sources, l’interdiction sera valable jusqu’au mois d’octobre.

La semaine dernière, c’est la ville des Saintes-Maries-de-la-mer qui était la première à suivre l’exemple cannois dans les Bouches-du-Rhône.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. JL41 JL41

    Vous avez eu le cran d’aborder ce sujet difficile, rapidement polémique. Je n’ai pas d’opinion arrêtée, les échanges qui interviennent à Marsactu devraient m’aider à progresser. En attendant je vous livre ce que j’ai dans la besace.

    Lorsque Chevauchement dit « Les gens sont libres de se baigner comme ils veulent », je souscris.
    On est dans une phase hystérisation du port du voile, comparable à la période qui s’est illustrée par les arrêtés municipaux anti-mendicité.
    Il y a notre constitution et la notion d’espace public. Il y a aussi des espaces privés où sont exercées des fonctions publiques, là c’est plus coton.
    Il y a l’arrière-plan culturel : « Le premier ministre canadien Justin Trudeau a défendu ce lundi les libertés de culte garantissant le droit à porter le burkini, symboles selon lui de “l’acceptation” de l’autre de la part d’une société ouverte » : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/08/22/97001-20160822FILWWW00311-canada-justin-trudeau-defend-le-burkini.php
    Mais inversement, les québecquois de la lointaine province, réagissent comme nous en France.

    Nous « français de souche » ne prêtons pas attention à certains signes, comme la branche de hou ou le crucifix que l’on trouve encore au-dessus des portes de certaines écoles. Mais des parents musulmans convoqués à propos de l’habillement de leur fille, ne manqueront pas d’y faire référence. Puis le ministère d’annoncer qu’il allait légiférer…

    Depuis deux ans nous n’avons plus le sapin qui était planté non loin d’un commerce repris par une famille musulmane il y a deux ans aussi. Les petits vieux du quartier sont furibards. Je ne me suis pas renseigné sur ce qui a pu se passer. Mais un beau matin, la caissière était voilée et le reste de la famille n’arborait plus le look que nous interprétions comme un signe de laïcité. Parler de radicalisation serait très exagéré, mais certains clients ne franchissent plus le seuil du commerce. Mais il faut dire que sapin n’est pas un symbole chrétien, il faisait partie de fêtes païennes qui précédaient l’arrivée du printemps. Un arbre toujours vert, la sève qui monte… La chrétienté a adopté ce rite, qui lui faisait d’un seul coup une palanquée de fidèles qu’il n’était pas nécessaire de convertir.

    Strasbourg est une ville commerçante sur le Rhin. Un carrefour où l’on pouvait se faire soigner, quasiment dans un village médical au centre de la vieille ville. Les juifs y sont implantés depuis longtemps, plutôt du côté des élites, profs de fac, artistes mondialement connus. Il ne viendrait à l’idée de personne de critiquer leur habillement. Les tziganes sont également nombreux et ils ont fortement influencé la musique et le folklore local. C’est époustouflant de les entendre avec leurs violons. Ces deux catégorises de population ont été protégées des rafles nazies.

    A Strasbourg toujours, il y a très longtemps, je croise un couple musulman, pas la femme grillagée devant et le mec en marinière derrière. Vêtements noirs avec la partie basse du vêtement de la dame fendue jusqu’à la hanche. De temps en temps dans cette rue ventée apparaissait une culotte rouge. Manifestement, cela plaisait au couple, vraisemblablement protestataire. Parmi les collégiennes qui portent le voile, il y en a à qui ça permet de ne pas participer à la course à la plus jolie bimbo. Elles trouvent cette neutralité plus paisible.

    Il y a bien sûr une mode dans les vêtements portés par les femmes dans leur pays d’origine (sans doute plutôt du côté des monarchies du golfe, en Kabylie, à Damas à une époque), avec des décorations traditionnelles, ou des expressions plus « modernes ». Il y a un phénomène de mode, voir Roland Barthes qui a travaillé sur le sujet. Par leur inscription dans ce que nous appelons parfois la tyrannie de la mode, elles se montrent comme elles ont envie d’être, tout en s’inscrivant dans un système que nous croyons nous être spécifique. Une forme de subversion où nous sommes visés dans leurs conquêtes ?

    Signaler
    • JL41 JL41

      “Lorsque Chevauchement dit”, je voulais dire Chevènement. Je maudis les correcteurs orthographiques.

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Lorsque Chevènement dit « Les gens sont libres de se baigner comme ils veulent », je souscris… jusqu’à un certain point seulement. Si le fameux “burkini” n’est que l’expression de la liberté individuelle de se vêtir d’une façon plutôt que d’une autre, ça ne me pose pas de problème.

      Mais je crains qu’il ne soit pas que cela, mais aussi un acte militant visant à imposer une certaine norme – celle qui permet ensuite de traiter de tous les noms les femmes qui, elles, souhaitent se balader en short et se baigner seins nus. Voyez cet article qui exprime le point de vue d’un Égyptien sur ce sujet : http://www.liberation.fr/debats/2016/08/17/ne-soyons-pas-naifs-sur-le-symbole-de-cette-etoffe-par-aalam-wassef_1472951

      Reste que la politisation hystérique de ce sujet est bien pratique : elle permet d’éviter temporairement de parler d’autres sujets. Pendant que nos hommes politiques font des discours sur la mode balnéaire, ils ne s’occupent ni du chômage, ni du changement climatique, ces petits détails sans intérêt…

      Signaler
    • JL41 JL41

      Oui j’avais pu passer cet article de Libé, mais j’aurais aimé en apprendre davantage sur le wahhabisme (nos salafistes). Nous avons des courants fondamentalistes identiques au sein du protestantisme et du catholicisme, des courants qui prennent les livres sacrés à la lettre, en général des milieux peu cultivés. Ils sont contre le mariage mixte parce que ce n’est pas dans la bible. Il y a beau avoir dans les textes sacrés des scènes plus osées, rien n’y fait.
      Tout est finalement possible, un imam de Téhéran, « Kazem Sedighi, imam de la prière du vendredi, ne déclarait-il pas que « beaucoup de femmes mal habillées » (ne respectant pas la tenue islamique) « corrompent les jeunes et que l’augmentation des relations sexuelles illicites fait accroître le nombre des tremblements de terre ».
      http://blogs.lexpress.fr/styles/le-boulevardier/2016/04/04/mode-islamique/

      Dans un autre article de Libé, Delphine Horvilleur, une femme rabbin, nous dit qu’ « un texte sacré n’a pas fini de parler tant que son dernier lecteur n’est pas arrivé ». C’est-à-dire que tout cela n’est pas figé et que ce qu’on peut en tirer s’enracine dans une foi vivante et dans une communauté : http://www.liberation.fr/debats/2015/11/05/delphine-horvilleur-un-texte-sacre-n-a-pas-fini-de-parler-tant-que-son-dernier-lecteur-n-est-pas-arr_1411537

      Donc, bien d’accord avec toi, il peut y avoir dans l’affichage du vêtement islamique une couche ajoutée, parfois une véritable provocation, à l’égard d’une population non musulmane devant laquelle on veut afficher une identité ou réagir au mépris. Parfois nous sommes pris au piège de nos bons sentiments. Lorsque cette affaire de Bouc-Bel-Air est sortie, on pouvait se dire : « mais qu’on leur fiche la paix » Je ne sais pas si tu es allé sur le site de l’association qui organisait cet évènement ? Dans sa première version on pouvait lire des commentaires dont les pseudos étaient construits sur le nom de djihadistes connus. Assez vite leur site a été nettoyé et on est allé sur quelque chose de plus conventionnel. Il a encore connu une troisième version, avant que l’association en question ne fasse appel à la Ligue contre l’islamophobie pour la défendre. Le site à été fermé à ce moment. On ne pouvait pas ne pas se dire qu’il y avait « quelque chose qui craint » dans cette affaire.

      Mais je reste dans l’expectative et je n’avais pas voulu signaler que les femmes sont toujours lapidées dans certains pays arabes : http://www.lemonde.fr/international/article/2015/11/03/une-jeune-femme-lapidee-dans-le-centre-de-l-afghanistan_4801911_3210.html

      Dans les trucs que j’avais sortis de ma besace dans le commentaire plus haut, il y en a un qui m’avait sacrément étonné :
      « Le premier ministre canadien Justin Trudeau a défendu ce lundi les libertés de culte garantissant le droit à porter le burkini, symboles selon lui de “l’acceptation” de l’autre de la part d’une société ouverte » : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/08/22/97001-20160822FILWWW00311-canada-justin-trudeau-defend-le-burkini.php
      Tradition anglophone, tandis que la population de tradition francophone du Québec réagirait plutôt comme nous. L’arrière plan culturel, l’histoire d’une nation, ses valeurs, constituent quelque chose de très fort.

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      J’aime bien Trudeau, qui symbolise un peu, à mon sens, la capacité de certaines démocraties à se renouveler et à propulser au sommet des quadra et des quinqua, ce qui est loin d’être le cas en France.

      Mais quand il évoque “l’acceptation de l’autre de la part d’une société ouverte”, j’espère qu’il entend que chacune des composantes de cette société soit elle-même ouverte et capable d’accepter et de respecter son voisin comme il est : l’acceptation ne saurait être à sens unique.

      Or j’ai vaguement l’impression que le mépris dont tu parles n’est pas (seulement) du côté où tu le situes… Quand une norme sociale (sous couvert ou non de religion) entraîne le mépris pour ceux qui ne s’y soumettent pas, et non le respect dû à leur choix, il y a un problème dans une société “ouverte” où chacun est censé être libre de ses choix individuels : http://www.varmatin.com/faits-divers/bonjour-je-suis-une-salope-le-coup-de-gueule-de-maude-18-ans-insultee-a-cause-de-son-short-57501

      Signaler
    • JL41 JL41

      Je suis circonspect. Des bandes plus ou moins désœuvrées qui s’acharnent sur un personnage vulnérable, on connaît. De la part de groupes de filles, c’est plus nouveau, mais on en a des exemples. Le motif peut être futile ou quelconque, là c’était le short. Si l’agression s’est faite dans un contexte où une forme de vêtement est réprouvée par les tenantes d’une autre forme, c’est évidemment différent, mais la presse n’a rapporté aucun élément permettant de le savoir. Quant à la jeune fille agressée, elle dit s’en contrefoutre et dénonce le sexisme ordinaire, relayé cette fois par des filles : http://www.madmoizelle.com/salope-short-reactions-580001

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Je suis d’ailleurs impressionné par la maturité et la pondération de la réaction de la jeune Maude. Voilà quelqu’un qui sait se servir de son cerveau.

      Reste que, quand j’évoque la norme sociale, j’y inclus aussi le “sexisme ordinaire”. Les auteures de son agression n’ont pas inventé toutes seules qu’une femme court vêtue était une “salope” : quelqu’un leur a mis cette stupidité dans la tête en la leur présentant comme “la” vérité… Une vérité assez éloignée de ce qu’on attend dans une société “ouverte”.

      Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire