Babylon, dans un camp de réfugiés libyens

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le 12 Juil 2012
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Babylon, dans un camp de réfugiés libyens
Babylon, dans un camp de réfugiés libyens

Babylon, dans un camp de réfugiés libyens

Quelque part dans le sud tunisien, entre le poste frontalier tunisio-lybien de Ras Jdir et la petite ville de Guerdanne, un camp de réfugiés émerge ex nihilo au printemps 2011. Il est reconnaissable à des centaines de tentes identiques plantées dans ce décor aride. Près d'un million d'exilés de toutes nationalités et de toutes langues fuient les combats entre révolutionnaires et troupes loyalistes de Khadafi.

Trois réalisateurs tunisiens, Ala Eddine Slim, Ismaël et Youssef Chebbi se sont immergés dans cette ville éphémère, et ont pris le parti de livrer des images brutes, dénuées de sous-titres, laissant entendre des dialectes africains multiples, de l'anglais et des bribes de mots en français. Dans ce contexte, le titre Babylon semble être une évidence. Le Festival international de cinéma (FID) l'a remarqué, le jury l'a couronné ce lundi du Grand prix international de cinéma.

Chaos indicible

Le film est lent, de nombreux plans fixes donnent à contempler, peu à peu, la vie de centaines d'hommes : les quelques instants de fête, avec des spectacles improvisés, un terrain de volley bricolé, de longues files d'attentes pour manger, les tensions, les prières. Les ONG, les médias internationaux et les militaires passent furtivement devant la caméra, rappelant leur présence. Parfois, un détail saisissant apparaît, tel cet homme qui prend la peine de se peigner les cheveux au milieu d'un chaos indicible. Des visages apparaissent en portraits, émouvants. Plus loin dans le documentaire, le drapeau tunisien flotte devant une kalachnikov censée protéger l'entrée du camp. 

Si certains passages, demeurés sans explication, laissent un sentiment de frustration, comme au moment d'une tension extrême où des hommes en cortège soulèvent un migrant inconscient – ou mort ? -, l'essentiel est saisi, à travers cette démarche qui se revendique non journalistique. L'absurdité de la situation jaillit en pleine face du spectateur livré seul, sans garde-fou, privé du confort des commentaires et d'une traduction, à cet exode désespéré.

A la fin, un bateau quitte la Tunisie, emportant les migrants vers un ailleurs qu'on ne peut présager meilleur. Et sur le camp, il ne reste plus qu'un sol jonché de déchets et des sacs plastiques volants, tandis que le tractopelle ensevelit les derniers stigmates de Babylon.

 

 

Le long métrage documentaire Babylon est encore en phase de post production, par la société tunisienne Exit productions. Il faudra donc patienter avant de le (re)voir…

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