La Ville lance une enquête sur des “comportements supposés répréhensibles” dans les musées
Depuis plusieurs semaines, des agents des musées dénoncent dans des courriers anonymes des passe-droits, voire les emplois fictifs dont bénéficieraient d'autres agents. La Ville a décidé de diligenter une enquête interne de l'inspection générale des services.
La Ville lance une enquête sur des “comportements supposés répréhensibles” dans les musées
Les journées du patrimoine ont battu son plein tout le week-end. Des flots de visiteurs ont visité les musées municipaux, gratuits pour l’occasion. Ils étaient à Cantini pour l’exposition Cirva, au musée d’art contemporain pour l’expo hip-hop, à la Vieille Charité pour le voyage dans le Pacifique de Jack London. Voilà pour la vitrine.
Souvent le public passe sans voir ces agents qui patientent sur des chaises ou arpentent les salles. Or, la révolte gronde. Depuis plusieurs semaines, elle a pris la forme singulière de courriers électroniques envoyés à plusieurs rédactions, dont celle de Marsactu mais également à Patrick Rué, le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, son patron, le député Jean-Luc Mélenchon et la direction générale des services municipaux. Sous le pseudonyme d’Arthur Gordon, ces agents des musées font le récit circonstancié de leur vie quotidienne et de la distribution de prébendes qu’ils ou elles entendent dénoncer.
“J’ai choisi de passer par le biais de ce mail pour vous faire part de ma lassitude. Il y a de nombreux emplois aménagés dans ce service mais il y a aussi des emplois fictifs qui sont couverts par toute la Hiérarchie. La promotion interne est plus du copinage que du mérite. Il faut être syndiqué et introduit pour bénéficier d’avancement ou de passe-droits.”
Vient ensuite une description détaillée d’une série de passe-droits qui seraient accordés à des agents, pour la plupart responsables d’équipe ou de site, agents techniques dans les différents musées de la Ville. Aux dires de ces agents anonymes, les faits seraient connus et couverts par la hiérarchie interne des musées et, en particulier, Jean-Jacques Jordi, secrétaire général des musées, Christine Gozzi, responsable de la cellule Ressources humaines au sein de ce service et la conservatrice du musée Cantini, Claude Miglietti.
Bien entendu, il est très difficile de vérifier dans le détail des allégations anonymes sur des cas individuels. En revanche, cette affaire est prise au sérieux par la direction générale des services. Début septembre, cette dernière a décidé de diligenter une enquête interne de l’inspection générale des services.
“Jurisprudence Samu social”
Une célérité d’autant plus justifiée que les services municipaux vivent désormais sous la menace de “la jurisprudence Samu social”, reconnaît-on à la Ville. En janvier dernier, ce service municipal a vu débarquer des gendarmes dans le cadre d’une perquisition diligentée par le parquet. C’est d’ailleurs en s’appuyant sur ces révélations de Marsactu qu’Arthur Gordon justifie ses dénonciations et l’anonymat qui les protège.
D’après le courrier interne de la directrice de l’Inspection générale des services, dont nous avons pu avoir copie, cette révolte est prise au sérieux :
Dans son courriel, cette cadre reprend l’ensemble des noms cités par le premier message d’Arthur Gordon, hiérarchie comprise. L’inspection générale des services sollicite également les musées pour obtenir un certain nombre de pièces complémentaires concernant les agents concernés et le fonctionnement particulier des musées.Du côté de la Ville, on confirme le lancement de cette enquête interne tout en soulignant que toute “dénonciation anonyme ne mérite que le mépris”. Un mépris qui n’empêche pas la Ville de vérifier la réalité de “comportements supposés répréhensibles”.
Des musées “mouroir”
De nombreux agents que nous avons pu interroger confirment les passe-droits dont bénéficieraient certains. Ils décrivent surtout un sentiment d’abandon de la part de leur hiérarchie. “Les musées sont le mouroir de la Ville, analyse l’une d’entre elles. La plupart des agents qui y travaillent sont des catégories C. Des femmes pour la plupart, souvent reclassées des écoles. Elles y arrivent en fin de carrière, cassées physiquement. C’est d’autant plus insupportable pour elles de voir certains bénéficier de passe-droits, de congés indus, d’heures supplémentaires qu’ils ne font pas, ou de faire signer leur feuille de présence par d’autres.”
Les agents des musées sont effectivement des agents reclassés des autres services, avec parfois des pathologies invalidantes. “Elles arrivent là parce qu’on ne peut pas les mettre ailleurs, souligne Jean-Pierre Zanlucca, secrétaire général du SDU-FSU. Ce genre de personnel nécessite un management avec un peu de bienveillance et le moindre passe-droit est vécu comme insupportable. J’en ai d’ailleurs parlé par le secrétaire général des musées, Jean-Jacques Jordi, à propos d’agents qu’on ne voyait jamais à leur poste.” Cet été, le musée d’histoire, Cantini ou la Vieille Charité ont connu des fermetures partielles, faute d’agents suffisamment nombreux pour surveiller les salles.
Comme souvent dans les services municipaux, les tensions au sein du personnel ont leur versant syndical. Pour beaucoup d’agents, ce régime de passe-droits relève également d’accointances syndicales avec l’ombre du syndicat majoritaire, Force ouvrière. La déléguée historique de FO au sein des musées fait d’ailleurs partie des personnes visées par l’inspection générale des services.
Règlement de comptes à Force ouvrière
Or, en début d’été, celle-ci a annoncé publiquement qu’elle quittait “cette grande famille qu’est le syndicat Force ouvrière”. Une sortie publique aussitôt fustigée par le secrétaire général des territoriaux, Patrick Rué sur son compte Facebook, accusant cette dernière d’utiliser “son mandat syndical à des fins personnelles”.
Joint par Marsactu, ce dernier assume : “Nous avons décidé de lui supprimer l’autorisation syndicale dont elle bénéficiait car nous nous sommes aperçus qu’elle utilisait ses heures de délégation pour faire autre chose, explique le patron de FO. C’est ensuite qu’elle a décidé de quitter le syndicat.” La principale intéressée dément cette chronologie et explique le ressentiment de son ancien patron par son adhésion à la CFTC “avec 15 autres agents”. Sur le reste, elle se refuse à commenter les accusations dont elle est l’objet.
Après avoir tourné tout l’été dans les musées, Force ouvrière doit organiser de nouvelles élections parmi ses adhérents pour désigner de nouveaux déléguées. Entre autres griefs que le syndicat reproche à son ancienne déléguée figure la façon dont celle-ci a négocié le nouveau règlement intérieur des musées.
Nouveaux cycles de travail
Car ce vent de révolte, aussi circonstancié soit-il, s’inscrit dans un mouvement plus vaste de régularisation des temps et cycles de travail au sein des musées. Pointé par le rapport de la chambre régionale des comptes en 2013, le service des musées faisait partie de ceux qui ne réalisaient pas les 1607 heures annuelles qui incombent aux fonctionnaires territoriaux. “Les agents des musées faisaient 300 heures de moins que la durée légale, explique-t-on à la Ville. Il n’y avait pas de raison de laisser cette situation perdurer. Nous avons concerté les personnels pendant deux ans pour mettre en place un nouveau règlement qui a été adopté en janvier dernier en comité technique.”
Cette séance du comité technique a donné lieu à un débat entre représentants du personnels et de l’administration. L’ensemble des organisations syndicales y contestaient la fermeture jusqu’à 19 heures durant 16 semaines en période estivale. Seul le représentant de l’alliance entre la CFE-CGC et la CFTC, a voté favorablement le règlement intérieur en échange d’un moratoire d’un an accordé par la direction générale des services. L’ensemble des représentants syndicaux plaide pour un abandon de cette fermeture tardive en été, à l’issue du moratoire fixé par la Ville.
Le nouveau directeur des musées, Xavier Rey, arrivé du musée d’Orsay en février, ne pourra pas couper à une nouvelle mise à plat des cycles de travail au sein des musées. Quelle que soit l’issue de l’enquête interne diligentée par l’inspection générale des services, elle coïncidera forcément avec une refonte générale du management des musées de la Ville. Si révolte il y a, mieux vaut qu’elle soit éteinte avant la grande exposition Picasso, étendard de l’année culturelle 2018, censée prolonger l’élan de la capitale européenne de la culture de 2013.
Commentaires
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Ah… les “Tatas” des musées marseillais. Célèbres dans la France entière tant elles sont nombreuses et “gentilles”… pour le dire le plus charitablement possible. On est quand même obligé, parfois, de leur demander de parler moins fort dans leur propre musée. Ou de les fuir quand vous êtes arrivé un peu tard et qu’elles vous suivent de salle en salle pour vous rappeler l’heure de fermeture (anecdote authentique)…
Cela dit c’est un travail que je ne leur envie pas, je ne suis pas choqué que d’ex Tatas fatiguées finissent leur carrière là, si la Ville n’a rien d’autre à leur proposer. Et si leur effectif (qui semble pléthorique vu de l’extérieur) leur permet de gratter quelques heures ici ou là, ça ne m’empêche toujours pas de dormir : pour ma part je ne tiendrais pas deux heures assis en face d’une faïence du musée Borély… Je vois une vraie pénibilité morale et mentale dans ce travail que je ne saurais pas faire.
J’avais été beaucoup plus choqué par l’affaire de détournement d’argent mis en place par le Musée Cantini il y a quelques années (et dont vous ne reparlez pas ici…)
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D’accord a 90% : comme usager, cette situation m agace parfois, mais sans m empêcher de dormir comme vous dites. En revanche je comprends que les agents qui sont témoins de passe droits et de collusions systématiques soient démoralisés et veuillent le dénoncer, meme de maniere anonyme.
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Comment dire ? On n’est pas surpris et, “en même temps”, on croit halluciner quand on lit cette peinture de la “gestion” du personnel des musées.
Des passe-droits syndicaux ? Meuh non, voyons, c’est rigoureusement impossible dans cette ville dont le maire se tient à distance des syndicats et les traite tous également.
On apprend en revanche que ce sont les syndicats qui entendent fixer l’heure de fermeture des musées en période estivale. 19 heures, c’est trop tard. Pas 21 heures, hein : 19 heures. C’est à dire grosso modo l’heure à laquelle n’importe quel salarié, dans le commerce par exemple, cesse son travail. Scandaleux, non ? Mais, au fait, est-il bien indispensable de les ouvrir, les musées ?
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Vous avez raison ces horaires sont complètement dingues. Quant à moi, la question que je me pose, c’est: y a-t-il une cantine du personnel au Mucem et à l’Alcazar? Parce qu’à part le déjeuner sur place, je ne vois pas l’intérêt d’ouvrir le matin si c’est pour commencer à 11 heures…
C’est terrible à dire mais on est en plein sketch des chevaliers du fiel
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Le maire de Marseille pense qu’il est le maire de Marseille , que nenni , le vrai maire c’est FO !
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La gestion des agents au quotidien est, probablement, globalement gérée par FO tant les liens de “complaisance” de Gaudin face à Rué sont patents. Loin de moi l’idée de “taper” sur ces agents des musées en particulier mais il est tout de même effarant de constater la non maîtrise des personnels par les services centraux (Samu social, Listes électorales, bibliothèques, musées etc etc). Au-delà de ces cas spécifiques c’est bien d’un traitement à deux vitesses pour les salariés marseillais auquel on assiste, et cette différence se fait (et se fera) jour de plus en plus, au fil du temps et des difficultés économiques et sociales. Il est temps de revenir aux réalités et de faire cesser ces injustices.
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Consternant et pas nouveau
C’est bien que ça sorte! Espérons que les agents des bibliothèques qui en ont gros sur le cœur et subissent l’incurie des dirigeants FO , le mépris de la hiérarchie et les intimidations, les emplois de complaisance… aient un sursaut et s’expriment aussi
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S’agissant des bibliothèques et des effets de la mainmise de FO sur la gestion du personnel, on se souvient du témoignage d’une conservatrice d’État qui, partie à la retraite, a pu tout déballer : http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2011/01/20/marseille-gache-ses-talents-culturels_1467882_3232.html
Mais que celles et ceux qui en souffrent le fassent en silence…
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Ce système est non seulement pourri mais au bout du rouleau.
Que d’arrangements pour acheter des voix et se faire réélire: la place doit être vraiment bonne. pour en arriver là tant au niveau syndical que municipal.
Et dire que l’on se fiche des Napolitains !
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Toute « dénonciation anonyme ne mérite que le mépris ». Ah ah … Quand on voit la délicatesse avec laquelle sont traités les lanceurs d’alerte, le mépris sera un moindre mal !
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A Marseille, l’ensemble de la fonction territoriale est régie par l’appartenance, ou non, à FO. Je n’apprends rien à personne hélas et Gaudin l’a inscrit dans le marbre. Tout le reste n’est que (mauvaise) littérature. Circulez…
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Est-ce qu’on ne pourrait pas avoir le nom de “la déléguée historique de FO au sein des musées” ?
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Grands dieux non ! on risque de vous taxer de dénonciation calomnieuse. On ne touche pas à FO ici, c’est un fief. La seule ville de France cogérée par un syndicat.
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Et il y a des décennies que ce système mafieux dure !
Les municipaux ne se taisent pas , on les fait taire !!! il ne faut pas s’étonner de l’envoi de cette dénonciation de façon anonyme .. qui est le plus méprisable ?
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Les municipaux qu’on fait taire ne sont pas FO ou bien pas syndiqués.
Par contre les autres municipaux profitent bien du système FO cautionné , validé et entretenu par la mairie. Quand de temps en temps un scandale éclate , le Jésus de la crèche , alias Gaudin, déclare découvrir le problème.
Ce système profite à tout le monde :les z’élus n’ont pas de problème et gardent la bonne place , les patrons du syndicat n’ont pas de problème et gardent eux aussi la bonne place , et les municipaux FO n’ont pas de problème notamment dans les promotions.
Elle est pas belle la Ville ?
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Oui tou tel monde y trouve son compte…au détriment des marseillais.
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FO qui fait la loi, passes droit, arrangements entre amis, magouilles et compagnie c est tous les services de la ville qu’ il faut revoir.
Le représentant de FSU qui méprise les agents actant qu’ elles sont incapables d aller dans un autre service !!!!
Honte à eux.
Belle mentalité des syndicats censés représenter et défendre les salariés.
Mais rien de bien surprenant ni de nouveau, les delegues syndicaux n étant la eux aussi que pour tirer profit de leur position et statue..
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“Jean-Pierre Zanlucca en a d’ailleurs parle au secrétaire général Jordi” Donc le mec de FSU sait mais ne dit rien !!! Le courage d’un salarié protégé ? Il doit être beau lui aussi. 5€ sur ce mauvais cheval qu’il est dans le truc aussi et essaye de se couvrir. Sinon, une entreprise qui enquête en interne sur ses propres agissements… -Pourquoi citer, dans le désordre, Rué, Mélenchon ,Gozzi, Jordi et Miglietti et pas les autres ?
-Pourquoi ne pas avoir le nom de la déléguée FO comme le fait remarquer un commentaire ?
-Pourquoi les autres rédactions ne publient rien ?
-Qu’en pense l’élue à la culture ?
-comment savoir si l’enquête ne servira pas pour sortir les parapluies ?
Bon, Manifestement, il y a des détraqueurs à la Ville de Marseille. Ces tristes créatures, dont nous n’aurons pas la liste complète des noms, se nourrissent du bonheur et, lorsqu’ils vous accueillent, ils aspirent votre âme à jamais. J’ai bon ? Allez un bon coup de balai de quidditch !!! Oust !!!
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