Avec quatre députés, la Nupes réduite au minimum syndical

Reportage
le 20 Juin 2022
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Dans les Bouches-du-Rhône, la Nupes qualifie trois candidats à Marseille et un quatrième à Martigues. Des résultats en dessous des attentes de la nouvelle union de la gauche. Récit d'une soirée mitigée dans son QG marseillais.

Des militants rassemblés au QG de la France insoumise le soir du second tour. (Photo : Emilio Guzman)
Des militants rassemblés au QG de la France insoumise le soir du second tour. (Photo : Emilio Guzman)

Des militants rassemblés au QG de la France insoumise le soir du second tour. (Photo : Emilio Guzman)

Un calme surprenant règne sur le QG marseillais de la Nupes ce dimanche soir. Dans un appartement situé au second étage d’un petit immeuble entre Joliette et Carmes qui accueille le siège de la France insoumise, les visages sont plus nombreux sur les affiches collées aux murs que dans la pièce principale, pourtant joyeusement décorée pour l’occasion. Guirlandes au plafond, friandises sur le buffet et pancartes multicolores n’ont, pour l’heure, séduit qu’une dizaine de militantes et militants.

Côté candidats, seul Hendrik Davi, qui affronte la sortante LREM Cathy Racon-Bouzon dans la cinquième circonscription des Bouches-du-Rhône, et Kalila Sevin, la suppléante de Manuel Bompard, candidat dans la quatrième circonscription, sont sur place. “Les équipes sont mobilisées dans les différents bureaux de vote de la ville. Elles viendront plus tard dans la soirée”, rassure une militante.

“Les vrais et les parachutés”

Quant à Manuel Bompard, c’est depuis Paris qu’il suit les résultats. “Il n’est pas là-bas pour être avec Jean-Luc Mélenchon, mais pour passer à la télévision. Il a été invité pour intervenir en direct, et c’est très important pour nous de pouvoir diffuser notre message et notre programme”, justifie sa suppléante. Autour d’elle, tous les soutiens de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ne semblent pas convaincus. Ils n’hésitent pas à plaisanter au sujet des “vrais députés marseillais” et “les faux, qui ont été parachutés”.

Affalés sur le canapé, appuyés contre la fenêtre pour prendre l’air ou assis sur des chaises, tous ont le regard rivé sur l’écran. Les estimations à l’échelle nationale sont mises à jour au fil des minutes. Elles prévoient une majorité relative pour LREM-Ensemble et plus d’une centaine de sièges pour la Nupes.

Face à de telles projections, certains, comme le candidat Hendrik Davi, s’attendent à un “résultat qui rendra le pays ingouvernable”. D’autres, à l’image de Frédéric Espi, militant LFI, restent optimistes : “Je continue à croire en la possibilité d’avoir Jean-Luc Mélenchon en Premier ministre. Les résultats qui vont arriver vont mettre Emmanuel Macron en difficulté et il va devoir trouver des solutions… quitte à se pencher vers nous.”

4 députés sur 8 espérés

Les heures défilent et les visages se ferment dans cette petite pièce qui compte désormais une quarantaine de personnes. C’est maintenant officiel, la Nupes, ne remporte que quatre circonscriptions dans les Bouches-du-Rhône, dont trois à Marseille. Un résultat loin des huit circonscriptions espérées par Manuel Bompard, lors d’une conférence de presse mercredi.

Dans la quatrième circonscription, en centre-ville, ce dernier remporte 73,92% des voix face à la candidate d’Ensemble Najat Akodad. Dans la 5e circonscription, un peu plus au sud, c’est Hendrik Davi qui gagne face à la sortante Cathy Racon-Bouzon (Ensemble) avec une large avance. Tout comme Sébastien Delogu, qui lui, est victorieux dans la 7e circonscription, dans le Nord de Marseille face au candidat RN Arezki Selloum. Le quatrième député, est le PCF Pierre Dharréville qui s’impose face au RN à Martigues.

La Nupes avait six autres candidats qualifiés pour le second tour dans les Bouches-du-Rhône. Tous vaincus. Parmi eux, Alexandre Rupnik perd derrière la candidate Ensemble, Claire Pitollat dans les quartiers Sud de Marseille. Et Mohamed Bensaada ne résiste pas à la percée RN face à la candidate Gisèle Lelouis dans la 3e circonscription dans le Nord de la ville.

“On espérait plus de victoires, mais c’est déjà pas mal. C’est un début…”, confie une militante venue de Vitrolles. “Le plus triste, c’est de perdre face au Rassemblement National…”, regrette un autre. Un sentiment partagé. Sébastien Delogu regrette un “manque de temps” pour aller convaincre tous les électeurs durant la campagne. “On n’a pas assez travaillé sur le terrain”, lâche celui qui gagne dans sa circonscription avec seulement 28,9% de participation. Kalila Sevin préfère rester sur une bonne note : “Nationalement, c’est une victoire !”. La suppléante de Manuel Bompard voit en ces résultats une possibilité de créer du débat à l’Assemblée. “C’est comme ça que fonctionne la démocratie”, s’enthousiasme-t-elle. Localement, le débat démocratique devra tout de même se faire avec six députés RN dans le département.

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Commentaires

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  1. Tarama Tarama

    Ces résultats ne sont pas mitigés, ils sont catastrophiques.
    Les cris de joie entendus en arrière-plan de certains QG politiques Nupes à 20h étaient indécents (et révélateur de l’aveuglement total du militant).

    Quant au front républicain, j’espère ne plus jamais entendre une injonction de castor après cette démonstration flagrante qu’il est à sens unique (on le savait, mais il y en a qui ont besoin qu’on leur mette l’image de leur cocufiage sous le nez pour comprendre. A se demander si ils n’aiment pas ça).

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    • Assedix Assedix

      @Tarama: Vous êtes quand même dur de dire que c’était indécent: honnêtement, vous n’avez pas eu un petit frisson de plaisir en entendant que Montchalin, Ferrand et Castaner dégageaient.

      Et puis c’est d’abord une élection nationale, donc 142 députés NUPES (selon le Monde, qui est le seul journal à s’être penché sur l’étiquetage des candidats outre-mer) , ce n’est tout de même pas mauvais.
      Mais c’est clair qu’au niveau local c’est hyper décevant pour M. Bensaada qui était en tête après le premier tour et qui se fait battre en duel par une candidate RN de 70 ans.

      En ce qui concerne le “barrage républicain”, j’ai toujours pensé que c’était un truc de militants battus au premier tour qui refusaient de reconnaître leur défaite et qui voulaient se donner un rôle au deuxième tour. Peut-être qu’ils nous soûleront moins, en effet… (En espérant surtout que la gauche soit au deuxième tour plus régulièrement à l’avenir!)

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    • Tarama Tarama

      Honnêtement, les défaites de quelques têtes d’affiches macroniennes n’ont pas pesé face à la réélection haut la main de violeurs et une assemblée aux 2/3 à droite…

      142 sur 597 après 5 ans de droite au pouvoir c’est mauvais.
      C’est malheureusement le reflet du corps électoral et c’est mal barré pour s’améliorer.

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    • Assedix Assedix

      Pas faux. Les chiffres bruts sont sévères.
      Mais souvenons-nous qu’il n’y avait 60 députés de gauche dans la précédente législature (total des groupes “Nouvelle Gauche”, “LFI” et “Gauche démocrate et républicaine”). C’est quand même un net progrès.
      Et je ne vois pas pourquoi ce serait particulièrement mal barré pour s’améliorer (pas plus que je ne vois de raison d’entretenir un optimisme démesuré, d’ailleurs)

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  2. Tarama Tarama

    “Frédéric Espi, militant LFI, reste optimistes : “Je continue à croire en la possibilité d’avoir Jean-Luc Mélenchon en Premier ministre. Les résultats qui vont arriver vont mettre Emmanuel Macron en difficulté et il va devoir trouver des solutions… quitte à se pencher vers nous.”

    Ces gens sont hors-sol. Ou drogués.

    Delogu et son analyse creuse entendue chaque soir de défaite électorale, “on n’a pas assez travaillé sur le terrain”, ça ne vaut guère mieux.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Heureusement que la crise sanitaire a permis à beaucoup de se familiariser avec les outils de visioconférence comme Teams ou Zoom : ils permettront au parachutiste Bompart de rencontrer ses électeurs une ou deux fois par an sans bouger de Paris.

    Quant à ceux qui continuent de croire Mélenchon incontournable, il va falloir qu’ils redescendent sur terre. La drogue, c’est mal. Et ce Monsieur a 70 ans : il est peut-être temps de commencer à envisager sa succession.

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    • Assedix Assedix

      Il m’a semblé que c’était justement le sens de son discours ( dont j’ai décroché assez rapidement, je l’avoue).

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  4. Alceste. Alceste.

    Le grand soir, qu’elle fumisterie et heureusement.
    Les interventions du successeur de Pedrolito à la TV hier soir ,plus que limite , pour rester courtois.Une véritable distillerie de fiel.

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  5. julijo julijo

    142 députés de la nupes. et ça em…e tout le monde. belle victoire malgré les grincheux.
    macron a perdu la moitié de ses députés et ça inquiète tout le monde à droite
    lr a soit disparu, soit acoquiné avec macron, et les députés lr survivants réfléchissent à un pacte de gouvernement.
    et le rn ravi, même les sondeurs se sont fait planter par les électeurs de droite et lrem qui n’ont pas vomi en votant rn…après tout, macron l’a déclaré, voter pour la république ! c ‘est voter pour moi.
    le temps des magouilles en tout genre a commencé, ca va donner.
    quels postes -hors ministère, of course- macron va-t-il attribuer à ses deux copains, castaner et ferrand ? le plan énergétique, la refondation, l’intégration rn à l’assemblée ??

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    • Alceste. Alceste.

      LFI ,64 députés.
      Pedrolito aux anciens combattants avec ce score,et encore.

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  6. Avicenne Avicenne

    Et voilà, dès le lendemain, JLM veut absorber les autres partis de la NUPES dans un groupe unique à l’ AN, mais ces petits copains ( d’un jour) ont répondu par un NON sans appel !
    Chacun veut son groupe, ses vice – présidences, ses commissions et surtout l’argent qui va avec !
    Et le 1er parti d’opposition devient bien le RN qui était financièrement au bord de la faillite, mais qui va recevoir 30 millions / an durant 5 ans : c’est le jack pot.
    Et vogue la galère !

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  7. Mistral Mistral

    Six députés RN dans les Bouches du Rhône, contre 4 députés NUPES !
    C’est donc bien le RN qui a gagné dans le 13.
    Et je n’entends pas les membres de la NUPES faire leur mea culpa sur la mise à l’écart des mouvements citoyens et des nouveaux partis politiques.
    Mélenchon rêvait d’être le nouveau Mitterrand mais il a oublié que nous n’étions plus en 1981, la société a changé, la défiance envers les partis politiques est très forte et il est urgent de changer les pratiques pour réussir à ramener les électeurs dans les bureaux de vote.

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