Aux Pennes-Mirabeau, Emmanuel Macron marche avec les guérinistes

Reportage
le 18 Nov 2016
19

Emmanuel Macron avait choisi les Bouches-du-Rhône pour son premier déplacement de campagne présidentielle. À ses côtés nombre de proches de Jean-Noël Guérini, l'ancien patron du département aux multiples mises en examen.

Aux Pennes-Mirabeau, Emmanuel Macron marche avec les guérinistes
Aux Pennes-Mirabeau, Emmanuel Macron marche avec les guérinistes

Aux Pennes-Mirabeau, Emmanuel Macron marche avec les guérinistes

Juste avant de monter sur scène, Emmanuel Macron étreint le maire des Pennes-Mirabeau Michel Amiel qui lui offre son premier meeting de candidat à la présidentielle à l’espace Tino-Rossi. Le lieu en a déjà connu d’autres et le dernier en date avait pour vedette Jean-Noël Guérini, alors lancé dans une campagne populiste pour son maintien à la tête du département malgré ses multiples mises en examen. Tout sauf un hasard tant des visages connus présents ce jeudi autour de celui qui s’est qualifié de “progressiste” étaient déjà là la dernière fois.

A l’entrée, Véronique Bourcet-Giner, ancienne conseillère générale puis candidate sous les couleurs du parti guériniste Force du 13, fait le constat d’une salle “moins pleine que pour Guérini”. De fait, ils ne sont que 400 à 500 alors que le lieu – que l’ex-président du CG 13 avait rempli – peut accueillir jusqu’à 700 personnes. Dans la salle, des militants mais aussi des élus dont la fidélité à Jean-Noël Guérini est un marqueur politique.

Le sénateur Amiel et le député Maggi

Michel Amiel est sénateur depuis 2014 et élu sur la liste portée par l’ancien patron du département. Le député-maire de Velaux Jean-Pierre Maggi qui a “toujours [sa] carte au PS” était un pilier de la majorité Guérini. Ce dernier lui avait confié la gestion du syndicat départemental d’incendie et de secours, exercice qui lui vaut à son tour depuis janvier une mise en examen pour détournement de fonds publics, trafic d’influence, favoritisme et prise illégale d’intérêts.

Après un dîner jeudi au restaurant La Villa (8e arrondissement) où un proche du député de la gauche du PS Benoît Hamon voyait déjà moult guérinistes, l’ancien ministre de l’économie rencontrera vendredi d’autres élus à Rousset : la chasse aux 500 parrainages est lancée. Il s’agit sûrement d’un hasard si Jean-Louis Canal, le maire de la ville, est un autre guériniste bien connu et que Mario Martinet, maire de Berre-l’Étang et ancien président du groupe PS au conseil général du temps de Guérini est aussi annoncé.

Évidemment, tous refusent d’être réduits à cette étiquette et à ce lien avec l’ex patron du département. “D’abord, est-ce qu’il a été condamné ? Non. Et puis ce sont les politiques publiques du département que je soutenais”, explique ainsi Michel Amiel qui affiche son “profond mépris” et sa “lassitude” face à cette assignation. “Qué réseaux de Guérini ? Ça ne veut rien dire !”, s’agace à son tour Jean-Pierre Maggi venu à Macron, dit-il, notamment parce que “les partis politiques mais aussi la société sont sclérosés”.

Morcèlement

Emmanuel Macron n’a pas choisi pour rien les Bouches-du-Rhône. “C’est une terre qui mêle des quartiers populaires et des quartiers où l’on a peur, des villes et des zones rurales. C’est un concentré”, explique Michel Amiel. Mais toujours aux yeux d’Amiel, c’est aussi “une terre où les partis politiques sont morcelés où la politique elle-même est morcelée”.

C’est ainsi que de nombreux élus naviguent à vue sans rattachement particulier. Aux Pennes-Mirabeau demain, on croisera ainsi le maire de Gignac Christian Amiraty, qui a pris ses distances avec le PS en 2015. “La candidature Guérini était aussi une candidature ni droite, ni gauche”, ose Véronique Bourcet-Giner. Elle était en tout cas hors des partis même si Guérini était alors soutenu officieusement par la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

Muselier les juge “infréquentables”

Reste qu’il y a quelque chose d’étonnant à voir le candidat qui veut incarner le renouveau choisir de tels alliés. La situation n’a pas échappé à la droite et le premier vice-président de la région Renaud Muselier (Les Républicains) a publié un communiqué avant le meeting. “Macron joue les chevaliers blancs à Paris et se présente ici avec les plus infréquentables”, écrit-il. Peut-être aurait-il pu au moins éviter de s’afficher avec Jean-Pierre Maggi dans une caserne de pompiers comme c’est prévu ce vendredi…

Le principal intéressé a répondu dans l’après-midi à une journaliste de l’Express : “Je ne suis pas dans l’ostracisme ni dans l’exclusion. Ce sont des républicains.” Le député PS Christophe Castaner, ancien candidat aux régionales, a défendu son champion : “Les socialistes locaux ont tous été avec Guérini à un moment ou à un autre. Ce que je veux vous dire, c’est qu’Emmanuel Macron n’a jamais été en contact avec Jean-Noël Guérini pour préparer son déplacement et qu’ils ne se sont jamais rencontrés.” Une absence de relation confirmée par Guérini lui-même à Mediapart : “J’en ai rien à cirer”, a-t-il balayé. Peut-être aura-t-on rapporté à celui qui est toujours conseiller départemental et sénateur une phrase d’Emmanuel Macron lors de son meeting (sortie de son contexte avec un peu de mauvaise foi) : “Donnons les moyens à la justice de fonctionner et d’appliquer la loi de manière intraitable !”

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “Il faut que tout change pour que rien ne change.” Belle phrase qui s’applique à merveille, si l’on en croit ses fréquentations locales, dans le cas de ce candidat qui prétend incarner le “renouveau”…

    Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Il y a quelque chose de désespérant dans la façon qu’ont les guérinistes de se cacher derrière leur petit doigt. “D’abord, est-ce [que Guérini] a été condamné ? Non.” Quand bien même il ne le serait jamais, il a pratiqué une politique féodale et clientéliste, la politique du carnet de chèques, qu’on imaginait éloignée des idées et des ambitions de Macron. Soit on s’est trompé, soit celui-ci manque furieusement de flair politique.

      Signaler
    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      @Électeur du 8e Le renouveau, c’est pas un bon créneau ! la primaire de droite le montre bien : les “nouveaux” (NKM, BLM) sont très bien dans leurs genres, mais ils plafonnent en dessous de 10 %. On leur préfère trois vieux chevaux de retour (Sarko, Fillon, Juppé) sans qu’on sache dans quel ordre arrivera le tiercé !

      Les Français veulent du renouvellement, mais ils n’en prennent jamais le risque. Ils exigent des réformes, mais à condition qu’elles ne les touchent pas personnellement. Le peuple français a la classe politique qu’il mérite. Et vive versa !

      Signaler
    • VitroPhil VitroPhil

      Autre phrase qui m’énerve “Les socialistes locaux ont tous été avec Guérini à un moment ou à un autre.”
      C’est certes vrai et à moins de ne présenter que des candidats de moins de trente ans le PS doit bien faire avec.
      Mais autant l’alibi est plausible pour celles et ceux qui ont su prendre leurs distances avec JNG, il est plus que douteux pour les conseiller généraux qui l’ont soutenu jusqu’à la fin.
      Quand à ceux qui se sont commis avec la “Farce du 13” la décence m’interdit de le qualifier.

      @Laurent MALFETTES tout à fait d’accord avec l’analyse sur le renouveau et la qualité du corps électorale. Le renouveau était déjà à la mode en 2002 résultat les deux plus vieux candidats étaient aux second tour de la présidentiel…

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @Laurent MALFETTES “Le renouveau, c’est pas un bon créneau !” L’âge et la durée de la carrière politique de l’excellent maire de Marseille, incrusté dans le paysage local depuis 1965, nous le prouvent tous les jours : plus de 60 % des habitants actuels de Marseille n’étaient pas nés quand Jeang-Clôde a été élu pour la première fois !

      Signaler
  2. marseillais marseillais

    Quelle horreur ce spectacle affligeant des guérinistes opportunistes derrière Macron.
    Quelle erreur politique de s’afficher avec ceux qui durant ces dernières années ont combattu le progrès; je pense à Michel Amiel qui a tout fait pour faire obstacle à la construction de la Métropole, et qui, s’il avait pu, aurait érigé un mur entre les Pennes Mirabeau et les quartiers nord qui la jouxte, parce que les quartiers nord ça fait tâche..Michel Amiel épinglé par l’absence de logements sociaux sur sa commune…enfin Amiel élu sénateur grâce aux seules magouilles de Guérini
    Maggi, Martinet et bien d’autres qui au conseil départemental ont eux aussi protégé leur mentor Guérini quitte à s’en mettre plein les poches. ou se corrompre..
    Quels sont donc les réseaux de Macron qui, à l’entendre, lave plus blanc que neige et veut renouveler la politique ?
    Citoyen engagé à Gauche depuis toujours, un peu paumé par ses divisions et une absence de sang neuf, je sais définitivement que je n’apporterai jamais ma voix à ce gigolo qui vient arpenter non pas les terres de la liberté, de l’ouverture et de la mixité, mais celles de la corruption et de l’opportunisme.
    Macron, c’est fini.

    Signaler
  3. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Sans minimiser le travail qu’il a effectué, sans dénigrer l’initiative d’un électron libre qui a bien le droit de tenter sa chance et prend le risque de l’action (saluons cela), on voit que Macron a sans doute fait le plus facile : écouter des amis trop bienveillants ou des socialistes complètement désorientés qui l’encouragent à faire don de sa personne à la France dans une aventure pour l’instant assez personnelle. Il lui reste à formuler des propositions, à trouver des alliés, des cautions. Cela implique de sortir de l’ambiguïté sur bien des aspects, et comme chacun sait en politique : “on ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment”. Que restera t’il de la popularité de Macron quand tout sera clair ?

    Signaler
  4. Manouchaparde Manouchaparde

    J’entends ce dégoût de le voir soutenu par les élus “ex-socialistes” qui ont été proches de Guérini.
    Mais il ne peut pas non plus être soutenu par les “toujours socialistes” qui ont pris leur distance avec Guérini sous peine d’être taxé de trahison.
    Donc il ne peut être soutenu par aucun socialiste c’est bien ça ?
    Il va les trouver où alors ses parrainages sur notre territoire ? A droite ?
    Doit-on n’être soutenu que pas des gens qui ont toujours fait le bon choix, qui ont toujours eu le bon vote ?
    Doit-on fermer la porte systématiquement si quelqu’un n’est pas blanc-blanc ?
    Mais qui est vraiment blanc d’ailleurs ?
    Et tous ces jeunes qui vont voter pour la première fois et s’intéressent à Macron ?
    On leur dit quoi ? Non, c’est sale !
    Doit-on les préférer absentéistes ?
    Doit-on taper sur Macron, laisser perdre la vieille vraie gauche et dérouler le tapis au FN ?

    Signaler
    • marseillais marseillais

      Il n’est pas là question de socialistes dans mon propos, mais vers qui Macron LE RENOUVEAU va se tourner prioritairement lorsqu’il débarque à Marseille ? Et bien chez les Guérinistes, et ça me fait gerber !!!

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @Marianne Autrement J’entends bien vos questions, mais j’en ai une autre : la fin justifie-t-elle les moyens ?

      Autrement dit, pour récolter des parrainages, faut-il être prêt à s’acoquiner avec n’importe qui ? Pour moi, clairement, c’est non.

      De surcroît, quand on prétend (sur)jouer une partition politique “moderne”, par opposition à la vieille caste supposée has been, on doit à la cohérence de ne pas se jeter dans les bras de cette caste au premier déplacement en Province.

      Je suis certain qu’en cherchant un tout petit peu, on doit pouvoir trouver, même ici, des maires intègres et des élus (de tous bords) soucieux de l’intérêt général et qui n’ont pas passé les dernières années agenouillés devant l’ex-Grand Vizir des Bouches-du-Rhône.

      Signaler
  5. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    C’est amielique, pardon gerbant

    Signaler
  6. Julien Bonnefont Julien Bonnefont

    Le petit banquier montre bien qui il est… un félon et une pourriture qui mangera à tous les râteliers … Le peuple il s’en garça ! Il n’est même pas allé à la rencontre des gens… Alors çaparle pour s’afficher dans les quartiers Nord devant les médias mais ça ne foulera jamais le sol de ceux qui vivent dans la galère !
    Qu’ils finissent dans le port avec les Gaudin, Guérini, Ravier e totei lei autres !

    Signaler
  7. VitroPhil VitroPhil

    “Reste qu’il y a quelque chose d’étonnant à voir le candidat qui veut incarner le renouveau choisir de tels alliés.” C’est certainement décevant, déroutant voir dégouttant mais en fait cela n’a rien d’étonnant, examinons un peu la situation.

    D’un côté nous avons un groupe d’élus locaux initialement ancré à gauche qui ont misé sur un cheval pourri et ont perdu avec lui leurs position sur l’échiquier des partis politiques. Ce groupe joue sa survie en essayant de se faire des nouveaux “amis” un peu partout, cela donne des combines plus ou moins assumés comme un accord avec JC Gaudin ou des parrainages pour NKM…

    De l’autre un jeune ex-ministre a la fibre libérale-social qui n’ a jamais été accepté par la grande famille de la gauche et qui a planté un couteau dans le dos du centre-gauche qui lui a ouvert la porte.
    L’homme qui à larguer les amarres pour sauver la France à besoin de trouver des soutiens et des parrainages pour le présidentiel.
    Il a peu d’espoirs de voir la droite soutenir l’ancien protégé de Hollande, il serait logique qu’il se tourne vers le centre mais celui-ci a d’autre projets en ce moments.
    Dans ces conditions, la rencontre de l’un avec les autres est presque naturel, ce n’est pas un coup de foudre idéologique mais une simple association d’intérêts.

    Une question Macron est-il naïf ou cynique dans cette affaire ?

    Signaler
  8. Mars1 Mars1

    Je pense que c’est juste un arriviste qui joue les “sauveurs” alors que seul le goût du pouvoir le pousse à se présenter seul, en héros romantique au physique avantageux et aux costumes bien taillés.
    Quand on regarde son passage dans le gouvernement, et la loi qui porte son nom, quel beau bilan! A part le développement de compagnies de bus low-coast qui font déjà faillite, et la dérèglementation de certaines professions, il ne laissera pas de souvenir impérissable comme ministre de l’Economie.
    Et maintenant il cherche des soutiens auprès de ceux qui veulent bien l’accueillir, quitte à s’afficher avec des élus pas très nets. Résultat, s’il arrive à se faire parrainer, il participera à la défaite de la gauche qui n’est pas capable de se rassembler pour faire face à la droite et au FN.
    Gigolo, oui c’est un nom qui lui va bien…

    Signaler
  9. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Macron, une candidature oedipienne. Fallait bien qu’il tue le père puisqu’il couche avec la mère (désolé il est tard !)

    Signaler
  10. julijo julijo

    Bizarre ces soutiens, ces alliances? pas tellement……je ne crois pas pour ma part qu’elles soient “contre nature”.
    Macron est jeune, mais ce n’est pas un perdreau de l’année. Il est né dans l’univers impitoyable des banques d’affaires.
    Tout a du être réfléchi, pesé. Non ce n’est pas par hasard qu’il se retrouve entouré de ces “personnalités” souvent guérinistes, toujours “du côté du manche” pour être élu, réelu, profiter….(qu’importe le flacon…)

    Brutus joue sa partition, gratte où il peut.
    Les “gens” dans la rue, ailleurs, sur terre,…savent à peine qui il est.
    C’est une candidature médiatique imposée. Le décorum mis en place par la 2 pour “informer/imposer” sa candidature en dit long sur le rôle qu’on (les medias) lui assigne et qu’il prétend jouer.
    Ma conclusion : circulez, ya rien à voir….ou pas longtemps.

    Signaler
  11. Regard Neutre Regard Neutre

    Un élu — Michel Amiel a opté pour NKM— ne peut parrainer qu’un seul candidat et n’apporter à ce dernier qu’un seul parrainage, même s’il cumule différents mandats. Il semble que le principal acteur de de la chasse aux parrainages ne pourra pas donner sa voix à Emmanuel Macron…La cohérence politique reste éclatante chez de nombreux élus étiquetés à ” gauche” dans le bassin phocéen…Les convictions politiques ainsi que les valeurs morales demeurent pour eux des totems ignorés. Seul l’abreuvoir républicain les motive.

    Signaler
    • Julien Vinzent Julien Vinzent

      Bonjour,
      le parrainage de Michel Amiel à NKM n’engage que la primaire de la droite et du centre. En ce lundi post-premier tour, nous pouvons désormais dire qu’il n’aura pas la possibilité de rééditer ce soutien dans le cadre officiel de l’élection présidentielle…

      Signaler
    • Regard Neutre Regard Neutre

      Julien Vinzent, je vous remercie pour cette précision .En fait, Michel Amiel se trouve en fait plutôt au centre gauche.Ainsi avec son soutien à Emmanuel Macron il espère rebondir sur la scène politique locale en se démarquant de JNG – qui n’a rien à cirer a’t-il dit-pour se repositionner favorablement en vue des lointaines sénatoriales…

      Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire