Poids lourd de l’éducation populaire, l’IFAC Provence menacée de liquidation

Actualité
le 23 Mai 2018
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L'IFAC Provence, l'une des plus importantes associations d'éducation populaire à Marseille, voit se dessiner la fin de son histoire. Le tribunal administratif pourrait bien décider d'une liquidation avant la fin du mois. Depuis deux ans, les salariés alertent pourtant sur le danger à venir.

Poids lourd de l’éducation populaire, l’IFAC Provence menacée de liquidation
Poids lourd de l’éducation populaire, l’IFAC Provence menacée de liquidation

Poids lourd de l’éducation populaire, l’IFAC Provence menacée de liquidation

Les mines sont défaites. “On n’en peut plus”, glisse-t-on parmi les représentants du personnel de l’IFAC Provence, devant la salle d’audience du tribunal administratif de Marseille. Mardi, ce poids lourd de l’éducation populaire à Marseille, actuellement en redressement judiciaire, passe devant la justice pour faire examiner son plan de continuation. Le tribunal ne rendra pas sa réponse avant plusieurs jours, mais la liquidation judiciaire est suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus de cette association qui emploie 300 permanents, lestée d’une dette de 1,8 million d’euros. L’Ifac Provence, association marquée plutôt à droite et arrivée à Marseille en 1997, gérait jusqu’il y a peu une dizaine de Maisons pour tous et une grande partie des temps d’activités périscolaires (TAP) dans les écoles. Une période faste qui semble aujourd’hui bien loin.

Le ciel gris et l’attente interminable dans les couloirs du palais de justice ne sont pas les seuls responsables de la lassitude de certains salariés de l’IFAC Provence. Déjà, en juillet 2016, ces derniers manifestaient contre les méthodes managériales et la gestion financière de leur direction. Des méthodes qui selon eux, poursuivaient l’objectif d’un coulage volontaire au profit de la structure nationale et de son antenne l’IFAC PACA, installée à Marseille depuis 2009. Volontaire ou pas, il semblerait en tout cas que les conditions soient aujourd’hui réunies pour éteindre définitivement la structure locale, qui faisait office d’exception sur le territoire.

Un plan social d’une centaine de postes

“Je ne vais pas jouer les Don Quichotte, confie d’entrée de jeu à Marsactu, Emmanuel Douhaire l’administrateur judiciaire avant d’entrer dans la salle d’audience. Il y a dans ce dossier trop d’aléas, trop d’obstacles qui paraissent difficiles à franchir.” C’est donc sans surprise que ce dernier a émis un avis défavorable au plan de continuation, qui prévoit entre autre la suppression d’une centaine de postes au sein de la structure.

Parmi ces “obstacles”, l’administrateur vise entre autre l’opposition du personnel. “C’est difficile de demander à des salariés d’accepter un tel plan”, ajoute-t-il. “La situation devient très difficile. En trois semaines, les syndicats ont dû prendre connaissance et négocier les conditions d’un plan social qui prévoit le licenciement de plus de 100 personnes”. “Nous contestons ce nombre”, rend effectivement compte une représentante syndicale joint par téléphone ce jour-là. “La direction fait clairement de la rétention d’informations, les salariés demandent un accès en détails au contenu de ce plan qui n’est qu’un cache-misère, développe Sophie Semeriva, avocate des salariés. On ne sait rien au sujet des mesures d’accompagnement, on ne parle pas des indemnités supra légales…”

La Ville aux abonnés absents

Si le premier obstacle est de taille, le second n’est pas des moindres : la ville de Marseille n’a pour le moment pas donné un accord de principe qui aiderait grandement l’association. En effet, dans le cas d’un feu vert de la justice, l’IFAC Provence espère, pour se remettre sur pied, avoir la possibilité de récupérer les activités qui lui ont aujourd’hui  été retirées du fait de sa situation juridique. En effet, une association en redressement judiciaire ne peut postuler à un marché public ou un contrat de délégation de service public. Pour l’IFAC, cela correspond à la gestion de sept maisons pour tous et aux temps de garderie dans les écoles. Mais pour cela, la Ville doit donner un accord de principe à un contrat de sous-concession pour les MPT et de sous-traitance pour les garderies entre l’IFAC PACA et l’IFAC Provence.

“Pour l’instant ils ne l’ont pas fait”, regrette l’administrateur. Contacté par Marsactu, le service de communication de la mairie prévient “qu’il ne faut pas attendre de réponse avant la décision de la justice”. Du côté des salariés, on veut pourtant y croire.

“Personne n’est contre”

La direction de l’IFAC Provence est à peine plus bavarde. “Je ne suis là que depuis janvier et je ne peux pas parler de l’historique de l’IFAC Provence ni m’exprimer avant la décision du tribunal, botte en touche Automne Unwin-Martin, vice-présidente de l’association. Je peux juste vous dire qu’au conseil d’administration, ce qui nous importe ce sont les salariés et que nous avons tout fait pour continuer.” Pour l’avocate des salariés, la véritable solution n’a pourtant pas été envisagée par la direction : “Il faut prendre en compte la situation économique des deux structures. L’IFAC Provence et l’IFAC Paca sont complètement imbriquées. Il n’y a qu’un seul moyen de continuer l’activité, il faut que l’IFAC national mette la main à la poche”.

Pour l’administrateur judiciaire, la tendance ne va pas vraiment dans ce sens. Questionné sur la liquidation potentielle, il répond : “C’est une éventualité qui est non négligeable. De toute façon, personne n’est contre”. Pourtant le représentant du parquet s’est clairement prononcé en faveur de la continuation. Le tribunal devrait décider du sort de l’Ifac Provence le 29 mai. Deux jours avant le changement de main effectif de gestionnaire dans les maisons pour tous.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “L’Ifac Provence, association marquée plutôt à droite et arrivée à Marseille en 1997…” : encore un succès de la “gestion” à la Gaudin, non ?

    Quel champ de ruines !

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  2. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Tribunal administratif ou de commerce ?

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  3. Zumbi Zumbi

    Euh…. au fait, il paraît que la droite est bonne gestionnaire, contrairement à la gauche “étatiste et budgetivore” : qui fera l ‘enquête sur les fondateurs et dirigeants de l’IFAC, membres des réseaux Pasqua et Gaudin, RPR, UMP, LR ? Et très probablement déjà recasés au chaud à des postes de “responsabilité à l’abri de tout licenciement !

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