Après sa garde à vue, François Bernardini noie le poisson et choisit sa presse
Le maire d'Istres a choisi de minimiser son rôle dans les affaires municipales pour balayer les soupçons du parquet national financier. C'est le sens de ce qu'il a exposé dans une conférence de presse dont Marsactu a été exclu.
François Bernardini, lors de la conférence de presse, le 12 décembre, après plus de 24 heures de garde à vue. Photo David Coquille.
L'enjeu
Candidat à sa réélection en mars, le maire d'Istres a tenté de défendre son honneur à peine descendu de l'avion qui le ramenait de Paris où il était entendu.
Le contexte
Pour cette conférence de presse, le maire a choisi d'exclure Marsactu et déroulé un argumentaire dans lequel il minimise ses responsabilités.
“Pour moi, le jour d’après, confirme le jour d’avant. Ma sérénité est renforcée”, affirme le maire d’Istres François Bernardini. L’élu a donné jeudi 12 décembre une conférence de presse après un jour et demi de garde à vue par la section de recherches de la gendarmerie nationale à Paris. Les militaires agissaient dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier pour “associations de malfaiteurs en vue de commettre les délits de prise illégale d’intérêts, de trafic d’influence par une personne chargée d’une mission de service public, de complicité et recel de ces délits”. Dans cette procédure, aucun contrôle judiciaire ou mise en examen ne peut être prononcé, comme a tenté de le faire croire l’entourage du maire d’Istres.
Candidat à sa réélection à la tête de la municipalité, François Bernardini s’est lancé durant une demi-heure dans une grande explication visant à défendre son honneur. Mais il avait pris soin de faire le tri entre les médias. Alors que la présence de Marsactu avait été annoncée et enregistrée quelques heures plus tôt, la Ville d’Istres a refusé de nous accueillir, une cadre municipale nous indiquant quelques minutes avant la conférence : “Le maire ne souhaite pas votre présence”. Sans doute celui-ci craignait-il de devoir répondre à nos questions après les enquêtes précises que nous avons consacrées à cette affaire (voir ici, là ou encore là par exemple). Ce compte-rendu n’existe donc que grâce à un enregistrement et une photo transmise à titre “très confraternel” par La Marseillaise et son journaliste David Coquille. Nous avons aussi pu compter sur la diffusion en direct de cette prise de parole par Maritima.
https://www.facebook.com/MaritimaMedias/videos/426815161555946/
Sur le fond, François Bernardini s’est évertué à diminuer sa responsabilité. Une bonne part des dossiers instruits est le fruit du travail de la chambre régionale des comptes (CRC), complétée par les investigations des gendarmes, a rappelé le maire. Ce dernier est toujours en litige devant le tribunal administratif avec la CRC, à laquelle il reproche des conclusions hâtives ce qu’il a de nouveau développé.
Tout d’abord concernant les marchés publics régulièrement attribués aux mêmes entrepreneurs dont le patron de BTP et promoteur immobilier Philippe Cambon, placé en garde à vue en même temps que lui ou la société d’architecture Atrium dont le patron, Paulo Dias, a lui aussi été auditionné sous le même régime : “Il m’est reproché quelques irrégularités qui sont de caractère administratif et qui pour beaucoup, n’engagent pas ma responsabilité car je n’exerçais pas de responsabilités dans la chaîne de commandement ou de réalisations de ces parties administratives, dit-il. Je ne m’occupe pas un seul instant de la dévolution des marchés. Je n’ai jamais fait une intervention.” Ce faisant, il braque les projecteurs sur les membres de son personnel et en premier lieu sur son directeur général des services, Nicolas Davini, lui aussi entendu plus d’une journée par les enquêteurs.
Il admet qu’il n’aurait “pas dû participer quelques fois à une délibération”
Concernant les dossiers dans lesquels ses intérêts privés et publics s’entrechoquent, François Bernardini, n’a qu’une réponse. Qu’il s’agisse du conseil municipal ou de l’ex intercommunalité SAN Ouest Provence, il n’est qu’un élu parmi tant d’autres. Il admet cependant qu’il n’aurait “pas dû participer quelques fois à une délibération”. C’est le cas notamment du Rex, cet immeuble construit par deux entrepreneurs istréens visés par l’enquête du PNF, Philippe Cambon et Michel Vallière (ex patron d’Atrium), où son appartement a été saisi. Le Rex est soupçonné d’être le repaire de “l’association de malfaiteurs”. Sans revenir sur cette décision forte du PNF dont il a fait appel, François Bernardini avance qu’il l’a payé grâce à “un emprunt complet” et à “un prix absolument équivalent” aux autres acquéreurs.
Ainsi, il ne revient pas sur le principal point de friction sur ce dossier : l’abandon d’une contrainte de construction par le SAN Ouest Provence où il siégeait cinq jours avant de signer chez le notaire pour l’acquisition d’un appartement, au même titre que ses deux ex femmes et sa fille Lætitia. L’enquête a d’ailleurs découvert que cette dernière avait participé à la commercialisation du bâtiment, une tâche grandement facilitée tant un certain nombre d’acheteurs étaient très connus de sa famille ou des promoteurs du projet. Le fait qu’elle ait pu toucher des commissions pour les recruter “pose question”, admet-on du côté des enquêteurs.
Dans la même logique, au cours de sa conférence de presse, François Bernardini a reconnu qu’un promoteur d’un “ensemble commercial” qui ne s’est “pas réalisé” s’était lui aussi “attaché la collaboration de [sa] fille”. Cette allusion semble viser le centre commercial Istropolis, dans lequel Lætitia Bernardini était intervenue, comme l’avait révélé Marsactu. Selon nos informations, la jeune femme aurait dû elle aussi être entendue cette semaine par le parquet national financier mais celle-ci aurait été empêchée par des difficultés administratives. Elle devrait l’être très prochainement.
L’enquête elle-même est entrée dans sa phase finale. A l’issue, le procureur chargé du dossier au parquet national financier sera chargé de conclure. Conformément à ses habitudes, le PNF ne semble pas enclin à nommer un juge d’instruction dans ce dossier. Deux options sont alors sur la table : un classement sans suite ou un renvoi direct devant le tribunal correctionnel.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Des gendarmes istréens qui refusent de porter à Bernardini sa convocation par le parquet national financier. Un Bernardini qui interprète à sa façon la liberté de la presse. On est où, là ? En France ou dans une principauté de droit divin ? Les élus qui oublient qu’ils ne sont que des mandataires provisoires et se croient propriétaires de leur fief, basta !
Au fait, qu’en pensent toutes ces distinguées personnalités “de gauche”, les Charroux, Dharréville, Colson, Lemassu et autres, qui s’affichent sans honte avec ça ? (https://marsactu.fr/malgre-les-affaires-francois-bernardini-part-en-campagne-avec-un-large-eventail-de-soutiens/)
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ah mais oui, ca intéresserai bien de savoir le fond de leur pensée, en particulier celle de Dharréville et Charroux ; quelle déception. Et même déception à lire que finalement comme il n’y a pas de juge d’instruction nommé, c’est le PNF pisse dans un violon.
Le Bernardini s’en sort à merveille.
Et moi, il faut que j’arrête de croire que les saucissons poussent aux arbres
Se connecter pour écrire un commentaire.
oui qu’en pensent dharéville et charroux….me passionne ! c’est un sacré grand écart “idéologique” !!
Se connecter pour écrire un commentaire.
Hooooooo, je la sens venir la théorie du complot politique
Se connecter pour écrire un commentaire.
Bah ! Comme dirait un autre taulard, maire récidiviste : “Je ne me suis jamais enrichi personnellement…Ou si peu… Et uniquement avec de l’argent honnêtement volé !!!” Et oui, Brallaisse, je confirme : il s’agit bien d’un complot politique. La preuve : c’est lui qu’on emmerde, alors qu’ils font tous pareil…
Se connecter pour écrire un commentaire.