La Ville évite in extremis la fermeture du jardin Levat

Info Marsactu
le 3 Avr 2023
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L’association l’Hydre, en charge de l'entretien du jardin Levat, pointe sa situation précaire depuis son arrivée en septembre 2022 et exige la signature d’un contrat en bonne et due forme avec la municipalité. Face à la menace d'une fermeture, cette dernière a promis de remettre les choses au clair.

Avec ses 17 000 m2, le jardin Levat,est le plus grand espace vert du 3e arrondissement.
Avec ses 17 000 m2, le jardin Levat,est le plus grand espace vert du 3e arrondissement.

Avec ses 17 000 m2, le jardin Levat,est le plus grand espace vert du 3e arrondissement.

Le jardin Levat a bien failli ne pas ouvrir ses portes ce dimanche matin, privant les riverains de l’un des rares espaces verts de la Belle-de-Mai. L’association l’Hydre, en charge de son entretien, avait annoncé qu’elle garderait le jardin fermé sauf déblocage de sa situation juridique et financière. En cause : l’absence de contrat avec la municipalité, propriétaire des lieux. “Voilà six mois qu’on travaille bénévolement, on ne devrait même pas être là, lançait il y a quelques jours Jean, un des gestionnaires de l’association. On n’a ni bail, ni convention, ni autorisation d’occupation des lieux, donc on dit stop.” Face à la menace de fermeture du site, la municipalité a fini par rencontrer l’association jeudi 30 mars afin de trouver une solution. Vendredi soir, un courrier officiel de la mairie de Marseille confirmant qu’un bail de deux ans allait être signé a permis d’éviter le blocage.

Les usagers du jardin, 17 000 m2 dont des parcelles potagères cultivées par des associations, soutiennent la démarche de l’Hydre. “On les comprend, ils sont sans filet. Il faut qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions”, approuve Jeanne*, une adhérente des Amis du Jardin Levat, association montée par les habitants du quartier. Du côté de la municipalité, on tente de minimiser la situation. “On est dans une situation de retard administratif pur. Il y a zéro remise en cause, ni du projet, ni des associations qui le portent. Tout le monde est mobilisé pour que la situation se débloque”, nous assure-t-on.

Parc ou tiers-lieu ?

Quoi qu’en dise la Ville, cette situation illustre le malentendu qui subsiste sur la vocation du couvent Levat. Deux visions du site s’opposent : d’un côté, les riverains du parc et habitants du quartier demandant une ouverture du jardin la plus large possible, pourquoi pas sous la forme d’un parc public. De l’autre, une vision plus culturelle du Couvent, en tant que “tiers-lieu”. Preuve de ce flou, Nassera Benmarnia, adjointe chargée des parcs et jardins, interrogée par nos soins, répond que le site “n’est pas de [sa] compétence. Si le site venait à se transformer en parc public, sa gestion reviendrait dans mon giron, mais ce n’est pas le cas jusqu’ici”, confie-t-elle. Jean-Marc Coppola, adjoint au maire chargé de la culture, lui, n’a pas répondu à notre demande d’entretien.

Petit retour en arrière pour décrypter ce cafouillage. Depuis 2017, c’est l’association Juxtapoz qui gère le site grâce à une convention d’occupation accordée par la municipalité. Elle y accueille des artistes, organise des concerts, des soirées, des expositions et entretient le site. En février 2021, l’association annonce son départ prochain, faute de pouvoir assumer les investissements importants nécessaires à l’entretien du jardin et des bâtiments.

Sept mois plus tard, coup de théâtre, la mairie annonce la reconduction du bail signé avec l’association pour trois ans supplémentaires. Seulement, des voix du quartier s’élèvent pour critiquer ce choix : la gestion “événementielle” de Juxtapoz du Couvent n’est pas appréciée par tous. “Avec Juxtapoz, on n’a pas les mêmes visions du site. Ceux qui y travaillent viennent du centre-ville ou d’ailleurs en France, ils sont désincarnés par rapport au quartier”, accuse Jeanne avant de concéder : “Même s’ils ont fait des efforts dernièrement. Ils ont entendu le clivage qu’ils avaient créé”.

Plan du Couvent Levat, réalisé par Mme Pea pour l’association Juxtapoz.

Un compromis temporaire

Pour apaiser les tensions, un compromis a été trouvé courant 2022 par la municipalité : Juxtapoz conservera la gestion du bâtiment, des ateliers d’artistes et de l’organisation d’événements et une nouvelle structure sera chargée de la gestion du jardin, avec l’objectif d’ouvrir le plus largement possible le site aux habitants du quartier. Après un appel à projets en février 2022 et une concertation avec 400 répondants, l’association l’Hydre est choisie. En échange, Juxtapoz lui reverse une partie de la subvention de fonctionnement. Mais aucune convention n’est signée avec l’Hydre, qui démarre son travail en août dernier. Une solution “intermédiaire” et provisoire qui s’est éternisée… Jusqu’à aujourd’hui. Contactée, l’association Juxtapoz, qui assurait précédemment l’ouverture au public, n’est pas revenue vers nous avant la publication de cet article.

“Il y à mon avis un peu de laisser aller du côté de la municipalité et un peu de divergence entre les élus”, veut croire Jean-François Blondeau, du collectif de riverains Brouettes et compagnie. “C’est dommage, c’était l’occasion d’exiger un autre fonctionnement pour ce lieu. C’est un an de perdu… “, soupire-t-il. Et Jeanne de conclure : “Même s’ils accordent un bail d’un an ou deux, c’est quoi la suite ? On voudrait connaître le projet de la municipalité pour ce lieu et on veut y être associés.” Réponse à la signature du bail ?

*Le prénom a été changé à la demande de l’interlocutrice

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Commentaires

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  1. BRASILIA8 BRASILIA8

    Encore et toujours du pilotage à vue, aucun projet aucune vue d’ensemble
    Le Printemps a du mal à devenir l’été

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    • RML RML

      Vu que l été est devenu sec et caniculaire, le printemps est de plus en plus prisé

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  2. Oreo Oreo

    Les chausse-trappes de la gestion en silo. Un lieu qui a à la fois une vocation culturelle et de Jardin, les élus, les services, se défilent et se le refilent.

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  3. Tarama Tarama

    Coppola est toujours lost in translation.

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    • LOU GABIAN LOU GABIAN

      A Non COPOLLA déjà qu’ il comprend rien a la culture faut pas qu’ il s’occupe des jardins

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  4. polipola polipola

    Quand on voit comment se passent les process de recrutement à la Ville, pas étonnant que des projets comme ça se retrouvent dans ces situations ! Aucune anticipation, aucune vision et aucune volonté de partager la ville avec ceux qui y vivent déjà mais plutôt la vendre à ceux qui arrivent.
    C’est déprimant.

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