Amiante dans les écoles : la Ville de Marseille écarte tout danger et promet la transparence

Actualité
le 13 Juin 2023
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Une enquête menée par France 5 démontre la présence d'amiante dans au moins 85 écoles marseillaises. Si elle n'a pas transmis de données aux journalistes auteurs de l'enquête, la mairie assure avoir le dossier bien en mains.

Une salle de classe visitée par les journalistes de France 5 (Capture d
Une salle de classe visitée par les journalistes de France 5 (Capture d'écran de l'émission Vert de rage)

Une salle de classe visitée par les journalistes de France 5 (Capture d'écran de l'émission Vert de rage)

De l’amiante dans les écoles marseillaises. Une enquête de l’émission Vert de Rage, diffusée sur France 5, révèle qu’au moins 85 écoles maternelles et primaires publiques sur 470 contiendraient des fibres d’amiante au risque cancérigène. Un chiffre probablement sous-estimé, car les journalistes ont obtenu des données pour seulement 113 établissements scolaires. Malgré une obligation légale qui l’y soumet, la mairie de Marseille n’a pas répondu à leurs sollicitations.

L’amiante, très utilisée dans la construction immobilière, est interdite en France en 1997 à cause du risque sanitaire encouru. Une seule de ses fibres peut être à l’origine de maladies respiratoires et de cancers. Tout bâtiment sorti de terre avant son interdiction doit faire l’objet d’un diagnostic technique amiante (DTA). Toute personne qui en fait la demande à une collectivité doit pouvoir consulter ces rapports, pour ce qui est des bâtiments publics. À Marseille, les journalistes de Vert de rage n’ont eu accès qu’à environ 20% de ces diagnostics réalisés dans les écoles. Et ils ont montré la présence d’amiante dans une majorité d’entre elles. Un constat qui n’est pas nouveau. Mais les dossiers d’analyses, menée par l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement, datent, pour les plus récents, de 2007.

Par la petite porte, les journalistes d’investigation se sont également rendus dans cinq écoles marseillaises pour y réaliser des prélèvements sur les surfaces. Ils ont récupéré de la poussière à l’aide de lingettes, avant d’envoyer le tout dans un laboratoire. La présence de fibres d’amiante est confirmée pour quatre de ces cinq sites scolaires, notamment dans des dortoirs. Vert de rage a choisi de la mesurer avec les outils de réglementation américains. Le niveau constaté est dans ce cadre bien supérieur au seuil d’alerte (5000 fibres par cm²).

Il n’y a aucun danger immédiat.

Pierre-Marie Ganozzi, élu

“Nous respectons la loi française, et nous faisons des prélèvements dans les règles de l’art”, argue en réponse Pierre-Marie Ganozzi, l’adjoint au maire chargé du bâti scolaire. En France, le seuil d’alerte est de 5 fibres par litre d’air, une unité difficilement comparable avec le seuil américain. Et affirme : “Il n’y a aucun danger immédiat. L’amiante ne présente un danger que si elle volatile.”

Un dortoir dans lequel de l’amiante a été détectée par les journalistes. (Capture d’écran de l’émission Vert de rage)

Du côté des parents d’élèves, l’inquiétude n’empêche pas l’absence d’étonnement. “Nous savons qu’il y a de l’amiante dans les écoles, mais nous avons de sérieux doutes sur le contrôle et le suivi”, confie Arnaud Dupleix, du Collectif des écoles de Marseille. Ce père de famille est davantage préoccupé par les futurs travaux annoncés dans plusieurs établissements. “La Ville prévoit des travaux en milieu occupé, donc dans les écoles avec la présence des enfants. Mais est-on sûr que ce soit fait en connaissance des niveaux d’amiante ?”

Un recours devant la justice pour obtenir les rapports

C’est d’ailleurs “au nom de la transparence” que le Collectif des écoles de Marseille a déposé un recours au tribunal administratif en 2020 sur ce sujet. Des poursuites judiciaires ouvertes à la suite de refus de la mairie de communiquer les diagnostics amiante. Consultée sur le dossier, la commission d’accès aux documents administratifs a d’ores-et-déjà prononcé un avis favorable à cette demande. Le collectif attend aujourd’hui la décision du tribunal. D’autres actions pourraient être menées en justice par des associations de parents d’élèves. “Il en va de la santé des enfants”, souligne Christophe Merlino, le président de l’association de parents d’élèves FCPE 13.

Pierre-Marie Ganozzi, élu au bâti scolaire et plan école (Photo : LD)

Pierre-Marie Ganozzi se défend pourtant d’un manque de transparence. “Nous avons transmis les 470 diagnostics, réalisés dès 2021, aux directeurs d’école. C’est auprès d’eux que les usagers peuvent les obtenir”, rétorque-t-il. “Nous avons opéré des travaux de désamiantage dans une centaine d’écoles depuis deux ans et demi. C’est plus cher, c’est plus de temps, mais nous n’économisons pas d’argent sur la santé des enfants”, détaille encore l’élu. Il promet une mise en ligne sur le site de la Ville de tous les diagnostics d’ici à “la rentrée”, et se dit “à l’écoute” de l’alerte de Vert de Rage. La suite, en septembre.

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Commentaires

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  1. MarsKaa MarsKaa

    On pourrait aussi évoquer la santé des personnels, non ? Ils y passent des années dans ces salles (professeurs et atsem).

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