Voyage en Alcazarie : tiens v’la la pluie

Billet de blog
le 18 Déc 2017
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La bibliothèque de l
La bibliothèque de l'Alcazar.

La bibliothèque de l'Alcazar.

Journée particulière.

Quand on voyage sur catalogue, des destinations de rêve se muent parfois en cauchemar. Des destinations soleil et d’incessantes pluies nous attendent au bout du monde. Des
destinations douceur et le vent souffle à faire sortir les anoraks. Des destinations soleil+tranquillité et voici une masse bruyante dans une brumasse épaisse. Rien de tel en Alcazarie. Qu’il pleuve ou qu’il vente, on se retrouve toujours dans une oasis tempérée. Au risque tout de même de ne pas être le seul à prendre cette destination. C’était le cas ce mardi, jour gris, jour d’Alcazarie.

Tous les enfants de la ville semblaient s’être donné rendez-vous en ce lieu protégé. Ça cavalcadait de partout, ça sautait, ça hélait et ça se faisait rembarrer. Si on leur avait fait
lire Sénèque – “La vie ce n’est pas d’attendre l’orage, c’est d’apprendre à danser sous la pluie” – on aurait été plus tranquilles.

Il y avait des files d’attente partout, devant les automates de retour et de prêt, devant le guichet d’accueil, au hall de presse. Allez, filez, filez, braves alcazariens ! Il y avait des livres plein les poussettes et des poussettes plein les couloirs, des sièges occupés à tous les étages, des enfants plein les rayons et des parents épuisés à leurs pieds, des magazines plein les travées et du personnel débordé, des jeunes perdus parmi les 120 magazines et les centaines de BD à disposition. Des écrans remplis de regards avides et des néophytes épatés : c’est magique cet endroit, dit un enfant à sa mère pressée d’en finir. Il y avait aussi des pères trouvant là l’occasion d’occuper leur enfant en cette semaine de garde alternée. À l’auditorium, on leur proposait même un film intitulé La reine soleil. Ça tombait bien. Mais aujourd’hui, c’est Eole qui mène le bal : pas de bol.

C’est un jour à arpenter méthodiquement les lieux. Chaque étage a sa tonalité. Des enfants bruyants en bas, des étudiants silencieux au troisième, des retraités du côté de la presse, des adultes aux Arts et spectacles, des solitaires à la musique. Du denier étage, on peut décliner les oriflammes annonçant les grandes sections : bleu pâle pour les Sciences et techniques, bleu marine pour Société, turquoise pour Civilisation, rose pour Références, orangé pour Lire autrement. Et chaque salle a sa couleur, bleu ciel ou azur, rouge corail,
verts d’eau ou bouteille, beige crème, gris perle ou souris. Des couleurs pastel apaisantes.

Et puis, soudain, une annonce au haut-parleur. “En raison du manque de personnel, le département Société fermera à 17 h. Merci de votre compréhension”. Des barrières de
fortune sont aussitôt installées par les gardiens qui canalisent le flot des lecteurs dépités. Tables délaissées, écrans éteints, chaises inoccupées, travées dépeuplées : c’est le vide après le plein.

“Il faut être l’homme de la pluie et l’enfant du beau temps” écrit René Char dans Le marteau sans maître.

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