C’est le réseau de transports qui donne pleinement naissance à une métropole

VIA METROPOLITANA

Billet de blog
le 22 Juil 2018
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Dans Marsactu du 20 juillet dernier, Julien Vinzent présente l’unification des réseaux de transports en commun de la métropole marseillaise sous le nom de « La métropole mobilité ». Au-delà des faits dont parle l’article de Julien Vinzent, il importe de s’interroger sur le sens de l’organisation d’un réseau de transports en commun et sur son rôle dans le processus d’institutionnalisation d’une métropole urbaine.

Rappelons-nous : c’est d’un réseau métropolitain de transports en commun que vient le mot même, « métro ». En effet, au commencement, ce mot désignait, à Paris, le réseau du chemin de fer métropolitain, c’est-à-dire du réseau de chemin de fer (souterrain, en l’occurrence) destiné à relier entre eux les lieux de ce qui était devenu la métropole parisienne. Dans son remarquable Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey nous explique que l’expression chemin de fer métropolitainest apparue en français en 1873, pour désigner le métro de Londres avant de désigner celui de Paris, ouvert en 1900. Si l’existence d’un réseau métropolitain a une telle importance, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de l’amélioration des moyens de transport qui desservent les lieux d’une métropole, mais bien de la naissance même de cette métropole comme identité politique.

 

Le réseau institue l’identité politique d’une métropole

C’est bien le sens même du mot « réseau ». Le réseau (le mot a la même étymologie que les rets, l’ancien nom des filets de pêche ou que la résille) désigne un ensemble de points reliés entre eux, d’abord par du fil, puis, au-delà, par une sorte de métaphore, par les transports en commun qui, en reliant entre eux les différents lieux d’habitation ou de travail d’une métropole donne naissance à cette métropole comme identité politique. C’est parce que les lieux de la métropole sont reliés entre eux par la desserte qu’en propose le réseau que les habitants de cette métropole et, d’une façon générale, ceux qui y vivent, peuvent avoir le sentiment d’appartenir au même espace urbain, d’être porteurs de la même identité métropolitaine. À cela, il importe d’ajouter que la décision de relier certains points et d’en laisser d’autres à l’écart du réseau, en-dehors de cette liaison, a une signification politique majeure, celle de reconnaître l’appartenance à la communauté urbaine métropolitaine de certains lieux et d’en tenir d’autres à l’écart. C’est dire l’importance du réseau, à la fois sur le plan économique, sur le plan politique et sur le plan culturel. 

 

L’unification des différents réseaux locaux unifie le réseau métropolitain

Dans le cas de la métropole marseillaise, l’unification du réseau métropolitain des transports passe par l’unification d’un certain nombre de réseaux locaux : le réseau marseillais, celui de la R.T.M., bien sûr, mais aussi les autres réseaux de l’agglomération comme « Ulysse », « Cartreize », « les Bis de l’Étang », « Aix en Bus », et bien d’autres, qui, pour le moment, sont disséminés dans l’agglomération, mais sont appelés à une unification. Rappelons-nous qu’à Paris, l’apparition de la « carte orange », l’abonnement aux transports qui permet l’usage de l’ensemble des moyens de transport de Paris et des différents points des banlieues et des espaces périphériques, a fortement contribué, en 1975, à l’institution de l’identité métropolitaine parisienne : le métro avait longtemps été limité à Paris et à sa proche banlieue, mais, en unifiant la tarification de l’ensemble des réseaux de la métropole, la carte orange avait contribué à la naissance d’un réseau commun unifié, qui devait connaître une deuxième étape forte avec l’interconnexion à la station « Châtelet-les Halles », au centre de Paris, des lignes du R.E.R., le Réseau Express régional. C’est de cette manière, par l’unification des réseaux locaux qui en font partie, que l’identité de la métropole marseillaise naîtra en se manifestant, d’abord, par le lien que proposent les transports en commun entre tous ses habitants. Au-delà, l’unification du réseau métropolitain permettra à tous ceux qui habitent la métropole ou qui y travaillent de se rendre compte, au cours de leurs déplacements, qu’ils appartiennent à une métropole pleinement commune. Finalement, c’est bien le sens des transports en communde manifester, jour après jour, l’appartenance commune à une métropole dans notre expérience quotidienne de l’identité partagée. C’est bien l’autre sens des transports en commun : au lieu que chacun se déplace enfermé dans sa voiture particulière, sans lien avec les autres, les transports en commun nous offre une urbanité qui se déplace, comme un espace public associant rencontre et mobilité.

 

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