VENI, VIDI, VINCI

Idées de sortie
le 18 Mar 2022
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Plonger son regard dans celui de Mona Lisa ? C’est ce que propose, entre autres expériences, l’exposition multisensorielle et 100 % numérique consacrée au célèbre tableau de Léonard De Vinci, à voir au Palais de la Bourse à Marseille jusqu’au 21 août.

La Joconde, exposition immersive © Damien Boeuf
La Joconde, exposition immersive © Damien Boeuf

La Joconde, exposition immersive © Damien Boeuf

Désormais trop fragile pour voyager, malgré un bilan de santé annuel comprenant infrarouge et rayons X comme on le découvre dans l’exposition, La Joconde reste bien à l’abri dans son cocon de verre du Musée du Louvre. On se contente de l’apercevoir de loin dans une salle souvent bondée, le temps d’un selfie vite expédié. Paradoxalement, l’iconique peinture est sans doute une de celles que l’on regarde le moins lors de visites
effectuées au pas de charge.

C’est en partant du constat que “le tableau le plus instagramé du monde” reste malgré tout assez mal connu du grand public que le Grand Palais Immersif se donne une nouvelle fois pour mission de diffuser la culture et de rendre l’art accessible au plus grand nombre, après le succès de Pompéi qui a rassemblé plus de 200 000 visiteurs en 2020. Les évolutions de la technologie permettent désormais d’explorer un nouveau type de territoire, à la fois lieu et lien, en faisant du visiteur un acteur et non plus un simple spectateur.
Cette exposition d’un nouveau genre, pédagogique, ludique et poétique, invente une nouvelle grammaire en matière de médiation culturelle. Dès l’entrée, on comprend ce que
le mot “immersion” veut dire. Le visiteur pénètre dans une boîte noire et se trouve littéralement aspiré dans la prunelle de La Joconde, lors d’une formidable mise en abime. La scénographie propose de traverser le cadre du tableau, en zoomant à l’infini. Cette boîte noire fait office de sas avant de vivre l’expérience en interaction avec une “peau-paysage” de soixante-dix mètres de long, une enveloppe sonore et visuelle qui plonge dans les mystères de la peinture. Mona Lisa glisse au passage un clin d’œil complice, dissimulé dans
le deuxième O de son nom.

On peut alors parcourir les chapitres de la vie du tableau, depuis sa création jusqu’à son “instagramisation”, sous la forme de micro-architectures à explorer et à expérimenter. Le visiteur peut se nicher dans des modules de projection, visualiser des films et compléter son expérience visuelle grâce à une trentaine d’écrans interactifs. Disposés à hauteur d’enfant, ces écrans permettent d’explorer et de s’approprier individuellement le contenu de l’exposition.

On apprend ainsi que dès la commande du portrait, La Joconde prend une importance particulière pour Léonard De Vinci qui se lance pour défi, en s’inspirant des maîtres fl flamands de l’époque, de représenter la vie physique.

Ce portrait de Lisa Gherardini (la véritable Mona Lisa) ne sera jamais remis à son commanditaire, le peintre ne cessant de le modifier jusqu’à sa mort en 1519. La naissance du mythe est quasi-immédiate, comme l’écrit déjà en 1550 Giorgio Vasari : “On peut dire
qu’elle fut peinte d’une manière à faire trembler et craindre tout grand artiste, quel qu’il soit.”

En effet, le style du peintre et son fameux sfumato, qui permet à la lumière d’irradier, touchent à l’immatériel. En témoignent les nombreuses copies, assez inégales, ainsi que la volonté pour les avant-gardes du XXe siècle de faire tomber l’icône de son piédestal.
À l’instar de Jean Dubuffet, Salvador Dali ou Andy Warhol, le visiteur peut à son tour s’en emparer et composer, à la manière d’un portrait-robot, sa propre Joconde, sous forme de cubes, de graffitis ou de pixels. La déconstruction du mythe dévoile une icône pop dont la célébrité est décuplée en 1911, lors de son vol au Louvre par un ouvrier vitrier italien qui la conserve pendant deux ans dans sa chambre de bonne avant de tenter de la vendre à Florence.

On suit avec plaisir les méandres de cette enquête digne d’un épisode des Brigades du Tigre. Ce fait divers rocambolesque fut pour beaucoup dans l’essor de la « Jocondomania », dernier chapitre de la vie de la vénérable dame de 503 ans dont l’image est désormais reproduite à l’infini sur tous les supports possibles. En fin de parcours, on propose d’ailleurs au visiteur de recréer sa propre Joconde en lui rajoutant filtres et accessoires, avant de la partager par email ou sur un réseau social, ultime tentative de dialogue et d’interaction avec une image iconique dont le mystérieux sourire ne cesse d’interroger.
Gageons que cette exposition permettra au plus grand nombre de retrouver une proximité avec le tableau le plus célèbre du monde et donner envie d’aller au Louvre pour contempler l’original.

Isabelle Rainaldi

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