UN RÉVEIL ÉCOLOGIQUE POUR MARSEILLE

Billet de blog
le 9 Sep 2023
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Les difficultés rencontrées par les piétons se rapprochent parfois plus du problème de mathématique que de l
Les difficultés rencontrées par les piétons se rapprochent parfois plus du problème de mathématique que de l'application du code de la route. (Photo DR)

Les difficultés rencontrées par les piétons se rapprochent parfois plus du problème de mathématique que de l'application du code de la route. (Photo DR)

Marseille semble s’être longtemps fermée aux préoccupations de l’écologie et à ce que l’on peut appeler une rationalité écologique du fait urbain. Mais à la fois l’urgence dans laquelle nous nous trouvons – notamment sur le plan climatique – et l’émergence de nouveaux acteurs politiques dans la ville sont peut-être de nature à susciter un éveil écologique.

Une écologie urbaine

Tandis que Marseille semble ne s’être que peu préoccupée de l’environnement de la ville, de la ville comme un espace environnemental, il importe désormais d’imaginer pour la ville une écologie urbaine. En quoi consiste une écologie urbaine ? Il s’agit d’un projet urbain fondé sur l’écologie au lieu de réduire l’écologie à une préoccupation pour urbanistes et pour intellectuels. Une écologie urbaine consiste à remplacer les réseaux par des échanges et des circulation, à faire retrouver à l’air une pureté qui le rende respirable, à en finir avec les pollutions qui rendent la vie impossible dans la ville, qu’il s’agisse de la pollution atmosphérique, de la pollution automobile ou de toutes les autres pollutions que peut connaître l’espace urbain. Finalement, l’écologie urbaine consiste, pour Marseille, à retrouver le projet de celles et ceux qui l’ont fondée : bâtir un espace d’habitation ouvert sur les échanges et sur la mer sans que cette économie de la ville tue celles et ceux qui l’habitent ou les empêche de vivre, ce qui revient au même. Si l’écologie a été autant négligée dans le passé de la ville, sans doute est-ce parce qu’un projet écologique allait contre les intérêts des acteurs puissants de la ville. Il est temps que cela change et que les intérêts de la vie des habitantes et des habitants deviennent, enfin, plus importants que ceux des marchandises et de l’économie.

  

L’urgence écologique : un espace et des paysages dégradés

C’est qu’il y a urgence. S’il y a urgence, si la ville est plongée dans une véritable crise écologique, c’est que les espaces et les paysages sont à ce point pollués et dégradés que, si l’on ne vient pas à bout de ces pollutions et de ces destructions, c’est tout l’espace urbain qui finira par être noyé – mais ce ne sera pas dans la mer. Peut-être, d’ailleurs, en passant, si les municipalités ont laissé à ce point l’espace urbain se dégrader, est-ce parce qu’elles faisaient de la mer le seul adversaire à combattre, le seul contre-pouvoir à s’affronter à eux. La dégradation des espaces est triple. Il s’agit, d’abord, des constructions et des immeubles édifiés sans réel souci de leur incidence sur l’espace et sur l’environnement. Les cités de la périphérie de la ville, qui font tout de même partie de l’espace urbain, ont eu pour effet à la fois la dégradation de l’espace et celui de l’habitation de celles et de ceux qui y résident. Par ailleurs, l’absence de véritable projet d’aménagement urbain d’ensemble a réduit Marseille à n’être plus qu’un ensemble morcelé d’îlots voisins les uns des autres sans réel regard d’ensemble sur la ville. Cela permet, d’ailleurs, de mieux comprendre qu’il n’y ait pas, dans la ville, de réel réseau de transports en commun ou de circulation. Cela explique, sur ce plan, l’hégémonie de la voiture particulière, responsable d’une part essentielle de la pollution dans la ville. Enfin, les paysages eux-mêmes, les images que la ville donne d’elle-même, sont aussi dégradés. Tout semble s’être passé comme si le seul paysage urbain à compter dans la ville était le littoral, sans que les espaces intérieurs de la ville aient fait réellement l’objet d’un projet. Or, ce sont les paysages qui fondent l’esthétique d’une ville.

Une nouvelle politique municipale de l’entretien des constructions

La responsabilité de la municipalité, qui est tout de même au pouvoir depuis trois ans, devrait être d’en finir avec les politiques d’urbanisme qui l’ont précédée. Le pouvoir de la municipalité doit lui permettre d’imposer, comme le fit Malraux, à Paris, dans les années soixante, le ravalement des immeubles sales et dégradés et la remise en état des constructions, publiques ou privées qui menacent ruine. Une politique de la fiscalité locale devrait être incitative dans ce domaine, mais, surtout, il me semble qu’il devient urgent de comprendre et de faire comprendre qu’il est nécessaire que l’espace soit un espace de paysages au lieu de se réduire à une accumulation sans ordre et sans logiques de constructions sans rapports les unes avec les autres. Peut-être une politique intelligente d’espaces verts permettrait-elle d’assurer des liaisons entre les constructions, comme pour faire en sorte que l’espace urbain de Marseille ne soit plus morcelé mais unifié comme le serait une phrase reliant entre les mots et les expressions qui la composent. En effet, c’est cela, une ville : un ensemble de constructions et d’aménagements reliés les uns aux autres dans une logique permettant de se déplacer dans la ville, de la parcourir, sans être blessé par la violence de la laideur et du manque d’entretien.

Les rues et les espaces de circulation

Si ce sont les constructions et les aménagements qui fondent les paysages de la ville, ce sont les rues qui fondent l’urbanité, car elles forment, ensemble, le réseau des relations et des circulations. Aujourd’hui, les rues sont polluées par les excès de la circulation, et la dépollution des rues devient urgente. C’est pourquoi il devient important de piétonniser un plus grand nombre de rues, et de permettre les déplacements par une politique plus active et pus équitable de transports en commun. Il est vrai que, pour cela, la municipalité se heurte à l’affrontement de ses pouvoirs à ceux de la métropole, mais c’est aussi le sens du débat sur la politique de la ville. Il doit, à cet égard, pour l’entretien des rues, exister une police de l’environnement comme il existe une police de la circulation, et cette police doit être l’instrument de la régulation atmosphérique et sonore de l’espace urbain. 

Sur tous ces points, il importe que la municipalité et celles et ceux qui vivent à Marseille prennent la mesure de l’urgence.

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