Économie urbaine et commerce à Marseille

SIGNIFICATIONS DU COMMERCE EN VILLE À MARSEILLE

Billet de blog
le 16 Juil 2017
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Nous prévenons tout de suite :nous risquons de choquer nos lecteurs par ce que nous allons écrire, aujourd’hui, en proposant une réflexion sur ce que signifie le commerce dans une métropole méditerranéenne comme Marseille. Mais il importe de réfléchir sur l’ensemble des logiques qui caractérisent le commerce dans cette ville, sur la multiplicité des formes qu’il peut revêtir et sur les impératifs politiques et sociaux de la régulation de l’activité commerciale.

Le commerce dans l’économie marseillaise

Marseille est un port, qui se situe sur la Méditerranée. C’est ainsi que cette ville fut fondée, comme nous le savons tous, en 2600 avant notre ère, par des marins venus de Phocée, en Asir mineure (la côte de la Turquie contemporaine), mais ces marins étaient, en même temps des marchands. Il s’agissait bien de la mer comme espace d’échanges et de commerce, mais aussi comme espace de circulation des marines marchandes dans la Méditerranée. Cela signifie que le commerce a fondé l’économie de Marseille, que c’est par le commerce que s’est développée l’activité de la ville, les échanges qui ont fait sa prospérité, sa grandeur, son histoire. Il importe, dans ces conditions, de bien penser le commerce à Marseille, peut-être de le repenser, dans une situation de crise urbaine comme celle que connaît la ville aujourd’hui. En effet, si l’économie marseillaise est en crise aujourd’hui, c’est en grande partie parce que c’est le commerce qui est en crise – et cela dans l’espace méditerranéen, dans l’espace français, dans l’espace européen et peut-être dans le monde. Mais cette crise du commerce dans l’économie marseillaise ne tient pas qu’à la crise du commerce : elle tient aussi à deux autres facteurs. Le premier est la mutation de l’activité commerciale : ce ne sont plus les mêmes produits qu’avant qui font l’objet des échanges et de nouvelles formes de pratiques commerciales sont à imaginer, mieux adaptées au commerce numérique, au commerce des produits et des objets de l’information et de la communication. L’autre facteur qui permet de comprendre la crise du commerce est la mondialisation de l’économie. Sans doute est-il important – voire urgent – pour une ville comme Marseille de mieux ouvrir son activité commerciale aux pays du monde – en particulier aux pays du Sud – avec lesquels les échanges sont encore à instaurer. Ce ne sont pas seulement les objets du commerce qui sont à inventer, ce sont aussi les espaces avec lesquels il est mis en œuvre. À cet égard, la tendance française à réduire de l’espace des échanges à l’espace européen a sans doute été un facteur de la crise de l’activité commerciale de notre ville.

Les deux faces du commerce à Marseille : la face légitime et la face cachée

Mais le commerce est complexe, à Marseille. C’est qu’il y a deux commerces, dans cette métropole. Le premier est celui des biens légitimes, mis en œuvre par des acteurs socialement et institutionnellement reconnus dans des espaces ouverts. L’autre est le commerce souterrain, le commerce illégitime, à la fois parce qu’il s’exerce entre des acteurs qui, eux, ne sont pas légitimes et parce qu’il porte sur des objets et sur des produits qui ne le sont pas. Mais, si le commerce s’inscrit, ainsi, dans deux figures, l’une légitime et l’autre cachée, refoulée, c’est qu’il est un élément majeur de l’identité marseillaise, qui se fonde comme identité, précisément, comme toute identité par l’articulation d’une face consciente, dite, pleinement assumée, et une face inconsciente, refoulée parce ‘illégitime et interdite, et, néanmoins part essentielle de l’identité. Il est, à cet égard, tout à fait instructif de mettre en relation deux informations récentes. La première est parue dans Marsactu à la fin du mois de juin dernier : il s’agit de la fermeture des commerces du centre de la ville et de la diminution grave de l’activité économique dans les quartiers du centre de Marseille, et l’autre dans Mediapart, le 14 juillet : il s’agit de l’importance du trafic des stupéfiants dans la ville et dans la région. La mise en relation de ces deux informations l’une avec l’autre peut nous aider à comprendre la crise du commerce à Marseille : en effet, peut-être le commerce est-il en proie à une crise dans la ville parce qu’il ne porte pas sur des produits légitimes. Peut-être la crise du commerce marseillais tient-elle à ce que les acteurs du commerce cherchent l’enrichissement facile par le commerce des stupéfiants, au lieu de chercher à imaginer de nouvelles pratiques commerciales, légitimes, elles, et une nouvelle économie urbaine.

Le commerce et l’espace urbain à Marseille

C’est que c’est à l’échelle de la ville, de ses aménagements et des pratiques urbaines, de la culture urbaine, qu’il importe de penser ce que l’on peut appeler la recomposition du commerce. On le fera ici de trois manières. D’abord, il importe que tous les quartiers de la ville soient concernés par le commerce, et qu’il n’y ait pas de ghettos exclus de l’activité commerciale et réduits, par conséquent, à se tourner vers l’activité commerciale souterraine et le commerce illégitime. Par ailleurs, il faut imaginer une véritable politique de réhabilitation architecturale du centre de la ville afin que l’activité commerciale puisse se dérouler dans des lieux où l’on ait envie de se promener et de découvrir des espaces commerciaux qui soient en même temps des lieux d’éveil et de plaisir esthétique. À cet égard, sans doute convient-il de repenser les usages d’Euroméditerranée, qui ne répond pas pleinement à ce que l’on pouvait attendre de cet ensemble urbain. Enfin, pour que le commerce puisse pleinement être mis en œuvre à Marseille et que la métropole retrouve sa prospérité commerciale éteinte, il importe d’articuler les espaces des échanges commerciaux et les réseaux de transport et de circulation pour que la métropole puisse pleinement faire vivre son activité commerciale.

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