Seuil Mur Frontière (1)

Billet de blog
le 5 Oct 2023
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Seuil Mur Frontière (notes brouillonnes). Chercher points de passage, de bascule, de transfiguration. Discontinuités. Seuils critiques. L’eau bout. L’eau gèle. 1789. 1848. 1871. Murs : soubassements ; enfermements. Maison. Prison. Frontières. Toujours historiques. Politiques.

Seuil Mur Frontière (1)
Seuil Mur Frontière (1)

Seuil Mur Frontière (1)

La ville, Marseille, certes, n’est plus sans nom. Elle a le sien propre. De ces propres que l’on prononce pour que quelque chose se fasse. « Marseille ! » Et qu’une population se fasse peuple, interpelée par le nom d’une commune qu’on apprend à faire sienne. Métonymie magique, aspérité langagière sur laquelle prendre appui. Signifiant majeur. Croyance. Gonflent les vessies, s’allument les lanternes ? Oui. Pas que.

Marseille, Passerelle autoroutière

Marseille, septembre 2023

Pour un drame qui la frappe en son centre, à l’aube, Marseille paraît sur des affichettes. Scotchées à un mur, un poteau. « Aux marins-pompiers : Marseille reconnaissante ». Ce Marseille, ce n’est pas la Ville de Marseille. La mairie rend ses hommages mais elle n’était pour rien dans celui-ci. C’est un premier venu qui a tapé les mots sur le clavier d’un ordi, a imprimé, est sorti, a marché, scotché. Peut-être qu’elle il a conçu ça au boulot, à la pause, profitant de la photocopieuse. Pas n’importe qui, celui celle qui a fait ça. Pas tout le monde. Mais peu importe qui. Moi, je ne l’aurai pas fait, ça ne me serait pas venu à l’esprit. Mais, lisant les mots, je n’en pensais pas moins.

Autre drame. Nuit d’automne. La population est foule. « Nous sommes tous des enfants de Marseille » Clap clap clap ; clap ‘clap ‘clap ; ‘clap clap-clap ! Nous tous, enfants de, oui. Eux, non. Eux ont quitté il y a longtemps la cité. Eux, cet automne-là, étaient barricadés dans une mairie vide.

Qui croira que, loin de la rue, eux y croient, à ce que signifient ces noms qu’ils sont pourtant les premiers à dire. Prêtres magiciens, ils nous invoquent car ce nous que nous sommes est leur officielle raison d’être. Leur légitimité. L’euphémisation d’une violence historique. Mais l’invocation paraît, de plus en plus, malheureuse. Ratée. Gouverner à travers l’idée d’un nous, pousser ce nous à exister en espérant qu’il vous laisse faire, veut que les prêtres semblent y croire eux-mêmes.

Lorsque l’idée prend corps mais qu’elle hurle l’exigence de votre démission, ne reste que le haussement d’épaules, le passage à un vouvoiement qui n’est pas respect.

Ils affichent : Ici, Ville/Métropole/Département/Région/État font pour « vous ».

Lorsque les institutions publiques se jugent être, seules, la première personne, être le « nous », et s’adressent à la population en la niant peuple, vient le fracas des matraques. La non-létalité qui assassine. Le genou entre les omoplates. Le tir à bout portant.

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