Le sens de la ville

Idées de sortie
le 17 Nov 2017
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"Taste of the cement" de Ziad Khaltoum;
"Taste of the cement" de Ziad Khaltoum;

"Taste of the cement" de Ziad Khaltoum;

D’Aix-en-Provence à Marseille, en passant par Vitrolles, Port-de-Bouc et Martigues, le festival Image de Ville, consacré au film sur l’architecture et l’espace urbain, présente une programmation passionnante, propre à ouvrir nos regards sur un sujet devenu aujourd’hui essentiel.

Selon un rapport de l’ONU sur l’urbanisation dans le monde, depuis 2014, plus de la moitié des habitants de la planète vit désormais en zones urbaines. Et ce chiffre, selon les prévisions, serait amené à dépasser les 66 % en 2050. La question du sens de cette vie, et de l’expérience collective qu’elle implique, devient chaque instant toujours plus prégnante. Le cinéma, dans sa fonction représentative du monde, apporte sa part de réponses, ou du moins de questionnements. Comme le souligne Thierry Paquot, philosophe de l’urbain, « “habiter” n’est plus le résultat d’une “bonne” politique du logement, d’une “bonne” architecture, d’un “bon” urbanisme, il doit être “considéré comme source, comme fondement”, c’est de lui que dépend la qualité de la sphère privée, de l’habitat entendu comme le logement et tous les parcours urbains qui y mènent. »

S’il est une rencontre qui offre chaque année l’extraordinaire opportunité de s’interroger collectivement sur ces questions, via le prisme cinématographique, c’est bel et bien celle organisée par le festival Image de Ville, qui chaque automne développe les questions d’architecture et d’espace urbain. Du 17 au 26 novembre, la manifestation propose un chapelet de projections, rencontres, conférences, expositions, sur le thème, cette année, que sous-entend « La ville nous appartient ». À savoir s’interroger sur le sens d’habiter, qui, comme le rappelle le philosophe allemand Martin Heidegger, signifie « être présent au monde et à autrui », soit non pas le recensement des manières d’habiter, comme le rappelle Thierry Paquot — à savoir le simple mode opératoire —, mais bel et bien « la dimension existentielle de la présence de l’homme sur terre. »

À l’instar des années précédentes, l’équipe d’Image de Ville distille une programmation de haut vol, dont une poignée d’avant-premières — les excellents L’Héroïque Lande, la frontière brûle de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, Isola de Fabianny Deschamps, Quelque chose de grand de Fanny Tondre, Athènes Rhapsodie d’Antoine Danis, Bangkok Nites de Katsuya Tomita — et de nombreux films propres à développer nos regards sur les questions urbaines, de Bricks de Quentin Ravelli à Zona Franca de Georgi Lazarevski, en passant par Les Chants de la Maladrerie de Flavie Pinatel, Atlas de Jeremy Gravayat ou Enfants de Beyrouth de Sarah Srage. Signalons deux rencontres exceptionnelles, parmi tant d’autres : celle avec le cinéaste italien Pietro Marcello, dont nous reste en toujours en mémoire le sublime La Bocca del lupo, et la venue de l’un des plus importants philosophes contemporains, Alain Badiou, à l’occasion d’une programmation, « Que signifie changer le monde ? », qui essaimera les nombreuses questions abordées dans neuf lieux de la région, du 24 novembre au 2 décembre.

Au-delà des traditionnels colloques ou conférences qui enrichissent cette programmation, Image de Ville a développé cette année les collaborations, avec, entre autres, le Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines (PEROU), le festival Filmer le travail ou les Rencontres Internationales Paris/Berlin. Par ailleurs, investissant depuis peu les salles régionales, citons la proposition d’Image de Ville au cinéma le Méliès de Port-de-Bouc, avec deux films somptueux : Taste of Cement de Ziad Khaltoum et Quelque chose de grand, en avant-première, en présence de la réalisatrice Fanny Tondre. Enfin, le samedi 25 novembre, au cinéma Les Variétés, le festival s’associe aux RISC et aux RICA pour une journée de projections communes, qui mettent en lumière, de la façon la plus intelligente qui soit, le constat un brin ubuesque de ce mois automnal, où se chevauchent trois des plus importants rendez-vous cinématographiques de l’année : une situation due aux difficultés économiques croissantes de ces structures, qui les oblige, en partie du fait des retards de financements, à proposer leurs événements en cette fin d’année. La question de la place des festivals dans la diffusion cinématographique régionale mérite un article à lui tout seul, mais dans l’attente, ne boudons pas notre plaisir, et jouissons de l’opportunité exceptionnelle d’assister, dans la région, à un tel événement.

Emmanuel Vigne

Festival Image de Ville : du 17 au 26/11 à Aix, Marseille, Vitrolles, Port-de-Bouc et Martigues. Rens. : http://imagedeville.org

« Que signifie changer le monde ? » : du 24/11 au 2/12 à Marseille, Martigues, Aubagne, Aix-en-Provence, Port-de-Bouc et Apt. Rens. : www.quesignifiechangerlemonde.org/

Le programme complet du festival Image de Ville ici http://www.journalventilo.fr/#recherche=image%20de%20ville

 

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