Révélateur

Cette crise chronique est le miroir de nos égarements, le révélateur de nos traits fatigués. Je dis « nos » mais c’est surtout de la société dont il s’agit. Urgence, dispersion, pollution, richesse et misère juxtaposées, tout nous explose en plein visage et les masques n’y résistent pas. Choix erronés, négligences, sous-équipements, diktat gestionnaire, mondialisation effrénée, hyper-connexion, surconsommation, misère, mépris de l’humain…la liste est longue de nos travers pris à revers. Et ce miroir révèle aussi des pouvoirs en apesanteur, mêlant improvisation, déni et arrogance, s’accrochant à de vieilles recettes tout en parlant de monde nouveau. Il révèle la petitesse des querelles de clochers, l’impuissance des yaquàfautquon, les dérives de notre système actuel, ubérisation à marche forcée, surveillance de masse et responsabilité individuelle exacerbée. Mais le miroir, tel une chambre noire, révèle aussi les traits possibles d’une autre société. Car s’expérimente en confinement un monde plus solidaire, moins polluant – quand les humains étouffent, la planète respire – plus protégé, plus inventif. En ces circonstances inédites, chacun se révèle à lui-même, certes traversé de craintes et lesté de faiblesses mais aussi capable de vivre un peu autrement. Les discrets se révèlent solides, les effacées rassurantes, les prudents clairvoyants, les timides attentives….Largement de quoi rêver un monde réveillé.