RETOUR SUR UN RÈGNE

Billet de blog
le 9 Fév 2020
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Jean-Claude Gaudin a présidé le conseil municipal pour la dernière fois le 27 janvier

RETOUR SUR UN RÈGNE

Benoît Gilles nous l’a rappelé en rendant compte de la dernière séance du conseil municipal : à l’issue de son quatrième mandat, Jean-Claude Gaudin ne se représentera pas aux élections municipales. C’est l’occasion de revenir sur ces quatre mandats.

 

Quatre mandats de maire

Jean-Claude Gaudin a été élu maire, pour la première fois, en 1995 : il succédait à Robert Vigouroux, qui avait, lui-même, été élu en 1986 à l’occasion du décès de Gaston Defferre. Cependant, c‘est en 1965 que Jean-Claude Gaudin avait été élu, pour la première fois, conseiller municipal – sur les listes conduites par Gaston Defferre. Ces quatre mandats de maire et ces neuf mandats de conseiller municipal se caractérisent par plusieurs éléments majeurs, qui permettent de mieux comprendre les logiques dominantes de la vie politique marseillaise aujourd’hui. D’abord, la politique menée par J.-C. Gaudin manifeste une forme de déni de la question du paysage : dominée par le fonctionnalisme et par une sorte de soumission de l’urbanisme et de l’aménagement urbain à l’emprise du marché de l’immobilier, la politique urbaine menée par les municipalités dirigées par J.-C. Gaudin aura conduit à une dégradation du paysage de la ville. La deuxième logique qui semble caractériser la municipalité de J.-C. Gaudin est l’aggravation de l’emprise de l’automobile sur la ville, liée à la fois à une absence de développement réel des transports en commun et à une sorte de soumission de la ville au marché de l’automobile particulière – nouvelle forme de ce que l’on peut appeler le libéralisme urbain. Enfin, et sans doute s’agit-il de la caractéristique la plus grave de cette municipalité, les inégalités se sont aggravées à Marseille, plus, sans doute, que dans d’autres villes de notre pays. On peut, à cet égard, relever l’aggravation de ce qui tend à devenir une véritable coupure de la ville entre les quartiers Nord et les quartiers Sud, voire à la menace d’une ghettoïsation de certains quartiers, à la fois dégradés sur le plan de l’environnement, du logement et du paysage et isolés du reste de la ville dans une forme de discrimination urbaine.

 

Jean-Claude Gaudin et Gaston Defferre : une culture municipale issue de la IVème République

Si c’est en 1965 que J.-C. Gaudin est devenu conseiller municipal, donc sous la Vème République, sans doute est-il porteur d’une culture politique héritée de la IVème République. En effet, quand G. Defferre prend la tête de la municipalité, en 1944, puis, surtout, en 1953, la vie politique de la France et les institutions de notre pays sont structurées par le IVème République, par la constitution de 1946, issue de la guerre. Si Jean-Claude Gaudin devient conseiller municipal en 1965, donc sous la Vème République, il s’engage dans des institutions et une culture issues de la IVème. Les acteurs politiques se situent dans des identités et des partis qui ont été construits au cours de la vie politique de la France depuis 1946. C’est ainsi, en particulier, que J.-C. Gaudin va âtre élu conseiller municipal, en 1953, sur les listes dirigées par G. Defferre. Sans doute n’est-il pas inutile de rappeler, par exemple, qu’il faudra attendre 1971 pour que le parti socialiste que nous connaissons aujourd’hui soit construit par F. Mitterrand. C’est donc cette culture issue de la IVème République qui, finalement, va dominer la vie politique marseillaise jusqu’à ces élections de 2020, qui constituent, en ce sens, une véritable rupture, avec des partis et des acteurs nouveaux dans le paysage politique de la ville. Peut-être s’agit-il des premières élections municipales qui, à Marseille, vont véritablement tourner la page de la vie politique, engager un nouveau chapitre de l’histoire politique de la ville, permettre à de nouvelles identités politiques de se construire et de s’exprimer dans un espace public réellement nouveau.

 

Les élections municipales de 2020 vers une nouvelle municipalité

C’est ainsi que le départ de J.-C. Gaudin donne aux élections municipales de 2020 une signification particulière à Marseille : celle de l’émergence d’une nouvelle municipalité. Au-delà de la confrontation entre les candidats, au-delà du débat engagé entre les différents projets et entre les différents programmes, c’est une nouvelle municipalité qui va se construire et c’est une nouvelle culture politique qui va naître, issue à la fois de la campagne électorale et du débat actuellement engagé et de la politique qui sera menée par la municipalité élue en mars prochain. On peut, en particulier, souligner l’importance de quatre thèmes majeurs qui apparaissent dans le débat public : la recherche d’une nouvelle esthétique de la ville et de la construction d’un nouveau paysage urbain, l’engagement d’une véritable écologie municipale à Marseille, l’élaboration d’une nouvelle politique des déplacements, la construction d’une véritable métropole dans l’établissement de relations nouvelles entre Marseille et les villes qui l’entourent

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