RETOUR SUR LA MUNICIPALITÉ GAUDIN

Billet de blog
le 1 Déc 2019
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RETOUR SUR LA MUNICIPALITÉ GAUDIN

Le 25 novembre a eu lieu le dernier conseil municipal présidé par Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille depuis 1995. Sans doute est-il temps pour nous, comme cela l’a été pour tant d’autres, d’entreprendre un bilan des années Gaudin.

 

Le rapport de la Chambre régionale des comptes est d’une sévérité rare. Il dénonce les manquements et les erreurs de la municipalité dirigée par J.-C. Gaudin dans de nombreux domaines, en même temps qu’il met en cause l’absence de rigueur de la gestion du maire sortant et de son équipe. Mais sans doute convient-il d’aller plus loin : ce rapport est un symptôme, et, comme souvent, un symptôme n’est qu’une manifestation d’un mal plus profond que celui dont il témoigne. C’est donc sur la bila, de la municipalité Gaudin qu’il convient de s’interroger aujourd’hui, à la fois au moment où ses mandats se terminent et au moment où une nouvelle municipalité va lui succéder à l’issue des élections municipales de mars prochain.

 

L’identité politique de Jean-Claude Gaudin

Peut-être peut-on commencer par s’interroger sur les engagements de J.-C. Gaudin et sur les identités politiques dont il a été porteur, à la fois depuis qu’il est devenu maire de Marseille et depuis qu’il a commencé par s’investir dans la politique municipale. C’est que ces engagements ont été divers et cette diversité même est une sorte de témoignage de ce que l’on peut appeler l’absence de rigueur du maire sortant. N’oublions tout de même pas qu’il a commencé par être élu sur les listes conduites par G. Defferre, dont il fut adjoint à l’urbanisme, même si, par la suite, la politique municipale a presque toujours été le théâtre de l’affrontement entre les deux hommes, même si l’un a fini par être à la tête de la gauche unie à Marseille et l’autre à la tête de la droite dans la ville. Ce qui marque une forme de continuité dans l’itinéraire politique du maire sortant, c’est le flottement : sans doute l’absence de rigueur dénoncée par la chambre régionale des comptes dans son rapport commence-t-elle là. L’identité politique de Jean-Claude Gaudin illustre, en quelque sorte, ce qu’est le libéralisme : une sorte de logique politique tentant par tous les moyens d’échapper les lois, les normes et les identités, voire davantage : de les ignorer, de les méconnaître. En ce sens le parcours politique du maire sortant illustre parfaitement la façon dont le libéralisme s’inscrit dans la vie politique : en cherchant par tous les moyens à échapper à la loi. C’est bien pour cela que le libéralisme, dans tous les domaines, dans le champ économique comme dans le champ politique, conduit les sociétés à des crises, à des impasses, à une absence d’avenir. Le libéralisme mis en œuvre par J.-C. Gaudin depuis qu’il est maire est, en ce sens, proche du libéralisme engagé par le président de la République : il s’agit, dans les deux cas, d’échapper aux lois en ce que les lois ont été imaginées pour permettre à la société de protéger les plus faibles, de protéger les populations des excès et des errements des pouvoirs. L’identité politique de J.-C. Gaudin peut, ainsi, se définir comme l’illustration emblématique du libéralisme et de ses excès.

 

La municipalité Gaudin et l’état de la ville de Marseille

Au moment du bilan, dans quel état se trouve la ville dont J.-C. Gaudin va laisser les rênes à un successeur qui sera élu en mars 2020 ? L’état de la ville peut se caractériser, aujourd’hui, de trois manières. D’abord, et c’est une sorte de symptôme, là encore, l’environnement urbain est profondément dégradé : il est sale, comme nous l’avons plusieurs fois remarqué ici, il a été parsemé de constructions implantées sans réelle logique d’urbanisme, il ne s’agit pas d’un espace de ville dans lequel on aime se promener, que l’on trouve du plaisir à regarder, c’est un espace qui n’est plus un paysage. Et ce n’est pas la piétonnisation de la Canebière qui va répondre à cela. Un deuxième élément me semble caractériser l’espace urbain à Marseille : l’absence de la culture, des lieux culturels. Peut-être s’agit-il là de l’un des éléments les plus critiques du bilan de la municipalité Gaudin. Alors que Marseille avait été « ville européenne de la culture » en 2013, en-dehors du MUCEM, pratiquement rien ne subsiste dans l’espace de la ville de ce qui aurait dû être un projet considérable de renouvellement et de création. Par ailleurs, la dégradation du patrimoine architectural. Nous avons tous vécu ce symptôme, dramatique, lui, qu’a constitué la tragédie des effondrements de la rue d’Aubagne. Mais n’oublions pas que, comme tous les événements qui surviennent dans un espace social comme celui d’une ville, celui-là a une signification politique : il a la signification d’une absence de réelle politique d’urbanisme. Enfin, un quatrième élément me semble important à souligner dans ce bilan : la dégradation des écoles publiques de la ville de Marseille, comme l’a souligné le rapport que vient de publier la Chambre régionale des comptes.

 

Il est temps d’engager ici, à Marseille, une réelle politique de la ville, en rupture avec l’absence de vision, de projet et de préoccupation pour l’espace et ses habitants de la municipalité conduite par le maire sortant.

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