Les élections municipales ont lieu demain

RÉINVENTER MARSEILLE

Billet de blog
le 28 Avr 2019
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L'hôtel de Ville de Marseille, sur le Vieux-Port.

L'hôtel de Ville de Marseille, sur le Vieux-Port.

Dans un peu moins d’un an, en mars 2020, auront lieu les élections municipales. Autant dire que c’est demain. Dans cette perspective, j’ai pensé que ce serait intéressant de consacrer les textes que « Marsactu » me fait l’amitié d’accueillir aux thèmes de réflexion et de débat sur Marseille suscités par l’approche des élections municipales. Une façon de réinventer Marseille. Nous commençons aujourd’hui cette série.

Le sens des élections municipales
Bien sûr, la première signification des élections municipales, qui ont lieu tous les six ans est le choix des conseillers municipaux qui administrent la ville, qui définissent les orientations de la politique qui l’aménagent, qui définissent les logiques de la vie urbains, qui donnent une signification politique aux choix exprimés par les habitants. Les élections municipales sont la première forme de la mise en œuvre de la démocratie locale, car c’est par elles qu’habiter la ville s’articule à la citoyenneté. Les élections municipales viennent nous rappeler que la ville est sans doute le premier espace politique – à la fois parce que c’est dans la ville et pour elle que la politique a été inventée (n‘oublions pas que politique est un mot qui a été construit sur polis, qui signifie la ville en grec) et parce que c’est en habitant la ville que nous sommes chaque jour confrontés aux exigences de la politique et de la loi, aux orientations et aux choix des acteurs politiques qui sont au pouvoir, aux confrontations entre des orientations différentes et opposées les uns aux autres, entre lesquelles nous devons choisir celles dont nous sentons les plus proches, celles qui expriment le mieux, dans l’espace de la ville, les orientations politiques et les opinions qui sont les nôtres. Enfin, les élections municipales ont une signification plus profonde, sans doute moins sensibles dans le temps court : elles fondent ce qui modèle la ville dans le temps long, elles sont les occasions qui sont offertes aux citoyens et aux acteurs politiques de débattre entre les orientations qui s’offrent à la ville, de discuter et de donner du sens à ces orientations en donnant à la ville l’occasion de retrouver ce qui l’a fondée comme espace politique : le débat.

La politique de la ville à Marseille, aujourd’hui
Mais nous n’avons pas l’intention de parler du débat politique et du fait électoral en général, sans l’ancrer dans une situation particulière. C’est de Marseille qu’il sera question. C’est sur la politique de la ville à Marseille, aujourd’hui, que nous devons réfléchir et débattre. Trois objets nous semblent définir la politique de la ville à Marseille, aujourd’hui. Ces trois objets sont les enjeux des élections à venir et du choix des acteurs politiques qui auront le pouvoir sur la ville. Le premier est l’aménagement de l’espace urbain. La dégradation de l’environnement à Marseille au cours des dernières années rend urgente une réflexion sur les modalités et les logiques d’un nouvel aménagement de l’espace de la ville, plus conforme à ce que doit être une ville de 850 000 habitants. Le deuxième objet du débat lié aux élections est la politique économique de la ville. Il devient de la même façon urgent d’imaginer une nouvelle économie urbaine, à la fois pour sortir Marseille de la pauvreté dans laquelle elle est tombée et pour que permettre à la municipalité de retrouver son rôle dans l’économie de la ville, qui est à la fois un rôle d’incitation, un rôle de régulation et un rôle de pilotage. Un troisième objet du débat électoral est, finalement, l’expression d’une identité politique. À la fois à l’occasion de ces élections et dans le temps long, Marseille doit redevenir l’espace politique qu’elle a été et doit retrouver l’expression d’une identité politique : la ville ne doit plus être seulement un espace dans lequel vivent des habitants, mais elle doit être aussi un espace politique. Nous ne devons pas seulement vivre à Marseille : habiter la ville doit être aussi y exercer pleinement notre rôle de citoyens.

Qu’est-ce que réinventer Marseille ?
C’est cela, réinventer Marseille. N’oublions pas que, comme bien d’autres champs de la réflexion sur le langage et sur les sciences sociales, la politique et la ville articulent du réel, du symbolique et de l’imaginaire. Le réel est ce qui échappe au débat : il s’agit de la contrainte, de la situation à laquelle les acteurs politiques et les habitants de la ville ont à faire face sans pouvoir la choisir. Le symbolique, ce sont les termes mêmes du débat, les mots, les images, les représentations qui se confrontent les uns aux autres en donnant au débat ce qui fait consistance. Et puis il y a l’imaginaire. Sans doute le poids de ce que l’on appelle les sciences de la gestion a fini par enlever au politique sa dimension imaginaire, par faire croire que la vie politique ne comporte pas d’imaginaire. Mais, si l’on réfléchit bien, c’est l’imaginaire qui fonde la différence entre les partis, entre les opinions, entre les identités politiques, entre les acteurs politiques. Finalement, c’est dans la confrontation entre les imaginaires que la démocratie trouve sa signification. C’est cela, réinventer Marseille : c’est soumettre au débat les imaginaires par lesquels nous entendons donner à Marseille son visage de demain. Les élections municipales sont l’occasion, tous les six ans, d’échanger et de débattre sur les imaginaires, et de choisir l’imaginaire qui exprime le mieux ce qu’est la ville pour nous et ce qu’elle devrait être demain. Ensemble, nous allons réinventer Marseille, c’est ce que nous entreprenons aujourd’hui.

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