Le préfet a présenté son rapport sur le projet de fusion entre la métropole de Marseille et le département des Bouches-du-Rhône

PROPOS SUR LE PROJET DE MÉTROPOLE

Billet de blog
le 24 Mar 2019
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Donc, comme l’a expliqué « Marsactu », le 14 mars, M. Pierre Dartout, préfet de la région, a remis au gouvernement n rapport sur la fusion entre la métropole de Marseille et le département des Bouches-du-Rhône. Ce projet appelle plusieurs remarques. Le fait urbain ne concerne pas tout le département Sans doute est-ce la première remarque qui vient à l’esprit, cette réalité qui saute aux yeux, et que, curieusement, tout le monde semble méconnaître– ou refouler : si une métropole urbaine est le fait de grandes villes, structurées par le fait urbain, cela n’a pas de sens d’ignorer les spécificités d’espaces comme celui d’Arles en les fondant dans une métropole urbaine comme celle de Marseille. S’il existe une continuité territoriale réelle entre Marseille et Aix-en-Provence, et si, parce qu’Aix et Marseille sont l’une et l’autre des villes, fondées sur des logiques urbaines de citoyenneté, d’habitation, d’emploi et d’activité, de déplacements, une métropole existe réellement entre Aix et Marseille, en revanche, le pays d’Arles ne se fonde pas sur les mêmes logiques et l’ignorer est, sans doute, une façon de méconnaître le fait urbain, de ne pas tenir compte des particularités de la vie en ville et de l’aménagement des espaces urbains. Toujours prendre pour exemple la relation de la métropole de Lyon et du département du Rhône est ignorer aussi cette différence considérable entre les deux départements des Bouches-du-Rhône et du Rhône : le département des Bouches-du-Rhône est beaucoup plus étendu que celui du Rhône, un peu comme si, quand ceux qui ont imaginé les départements après la Révolution de 1789, avaient voulu, justement, reconnaître le fait urbain à Lyon et dans le Rhône et refouler l’urbanité de Marseille dans les Bouches-du-Rhône. De la même façon, intégrer une ville comme Pertuis dans la métropole de Marseille est une façon d’oublier qu’elle fait partie du Vaucluse, mais aussi de dénier le fait qu’elle ne fait pas partie du bassin d’activité de Marseille et que cette ville n’est pas structurée par la même urbanité qu’Aix et Marseille. La réduction de la métropolisation à l’économie Ne retenir comme fondement de la métropolisation que les ressources qu’elle peut apporter aux communes qui en font partie est, par ailleurs, une façon de réduire la métropolisation à sa dimension économique et financière. C’est une nouvelle façon de réduire la vie des institutions et le débat public à l’économie et à ce que l’on appelle, dans la culture anglo-saxonne de plus en plus dominante, le « management ». C’est ainsi une façon d’ignorer ou de dénier le fait politique. Il n’est, d’ailleurs, pas sûr qu’un préfet, cela soit dit sans mettre en doute les compétences de M. Dartout, soit l’acteur le mieux placé pour envisager une refonte institutionnelle comme la fusion d’une métropole et d’un département. Sans doute un débat devra-t-il avoir lieu entre tous les acteurs concernés – à commencer par les habitants eux-mêmes – qui devraient être consultés sur ce projet de fusion. Réduire la métropolisation à l’économie, c’est, en réalité, une fois de plus, confondre la politique et la gestion, méconnaître l’importance de la dimension proprement politique de la citoyenneté et des identités. Sans doute, d’ailleurs, ce que l’on appelle la « crise des banlieues », les affrontements entre les habitants des banlieues et des périphéries et les pouvoirs locaux, trouvent-ils leur explication dans cette réduction de la vie politique à de la gestion et dans ce refoulement des spécificités du fait urbain qui sont à l’origine du projet de fusion du département et de la métropole urbaine de Marseille. L’environnement et l’identité métropolitaine De la même façon, la réduction du politique à de la gestion conduit-elle à ignorer le place de l’environnement et de la question du paysage dans les aménagements de l’espace. Finalement, à bien l’analyser, le projet de fusion de la métropole et du département revient, en ignorant les spécificités des façons d’habiter dans une ville et dans des espaces ruraux, à ignorer l’importance de l’environnement, de l’écologie et de ce que l’on peut appeler l’esthétique du paysage dans l’aménagement de l’espace. C’est la même ignorance de l’espace et de l’environnement qui a conduit, dans les années soixante, à la prolifération des barres, des tours et des quartiers sans esthétique paysagère, et qui conduit, aujourd’hui, à des projets institutionnels comme celui de la fusion d’une ville et de tout un département. Pour toutes ces raisons, on ne peut que s’opposer fermement à ce projet qui, pour finir, noierait la ville de Marseille et les autres lieux du département dans un espace sans identité.

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